En dépit d’un vent d’optimisme, après plus de quatre ans de Covid, des dirigeants d’entreprises membres de la Chambre Tuniso-Allemande de l’Industrie et du Commerce (AHK) ont mis l’accent sur un quotidien plein d’embuches et de crises qui aggravent la situation et brouillent la visibilité, selon les résultats de l’enquête réalisée par l’AHK.
Intitulée ” Situation et perspectives de ses entreprises membres en Tunisie 2022/2024 “, cette enquête annuelle a été menée, au mois d’avril 2023, auprès de plus de 150 entreprises membres, succursales et filiales allemandes et tunisiennes.
L’enquête présentée vendredi par le président et le directeur général de l’AHK, Ibrahim Debache et J?rn Bousselmi , révèle un certain optimisme dans l’ensemble vu que la majorité des entreprises (82%) ont retrouvé leur niveau d’activité d’avant la crise et 18% ont enregistré une baisse de plus de 5% par rapport à l’avant crise. Pour les entreprises interrogées, les perspectives d’évolution seront bonnes (49%) ou moyennes (45%) et seulement 6% ont un regard pessimiste pour l’avenir. Plus de 75% des entreprises prévoient une stabilité (39%) ou une hausse (38%) de leurs investissements, selon la même source.
Au sujet de l’emploi, la majorité des sociétés estiment garder le même effectif pour 2023 et 30% prévoient une augmentation du nombre de leurs salariés. Parmi les sociétés allemandes interrogées, 42% prévoient une augmentation du nombre de leur salariés.
L’incertitude quant à la politique économique constitue le plus grand risque
Ces entreprises, estiment que l’accumulation des crises rend l’avenir incertain et accentue la gravité des obstacles. Sur le plan national, la majorité des entreprises ont confirmé avoir rencontré des difficultés avec les institutions tunisiennes.
L’administration tunisienne et la douane sont en tête de liste aussi bien pour les sociétés tunisiennes qu’allemandes. De plus, l’incertitude quant aux conditions de politique économique constitue le plus grand risque qui plane sur les entreprises interrogées.
L’enquête de 2021 avait révélé que la Douane, ainsi que la banque centrale de Tunisie (BCT) étaient également en tête de liste en ce qui concerne les difficultés des entreprises membres avec les autorités publiques tunisiennes, a-t-on rappelé.
La majorité des entreprises expriment leur pessimisme quant à l’inflation et s’attendent à une dévaluation du Dinars tunisien pour l’année à venir.
De plus, parmi les divers risques pour le développement économique des entreprises, l’enquête a mis l’accent sur trois principaux facteurs ; à savoir la stabilité socio-politique, le prix de l’énergie et le prix des matières premières.
En fait, plus de 70% des entreprises allemandes ont mentionné la stabilité socio-politique comme risque de développement économique pour leur entité.
La destination tunisienne demeure attrayante
Pour les responsables de la chambre, des opportunités restent à saisir vu que la Tunisie bénéficie de multiples atouts qui pourraient jouer à son avantage en matière de relance économique.
En fait, plus de 70% des entreprises interrogées considèrent que la proximité géographique avec l’Europe représente une réelle opportunité à saisir.
La main-d’œuvre qualifiée et encore disponible ainsi qu’une production et un service de haute qualité à des prix très compétitifs représentent également un atout pour la Tunisie, selon l’enquête.
Le tissu économique tunisien compte environ 280 entreprises allemandes employant plus de 90 milles personnes.
L’AHK compte au total 950 entreprises membres, dont plus de 155 entreprises ont participé au questionnaire de l’enquête en question.
43% des participants à l’enquête appartiennent au secteur de l’Industrie, 22% à celui de la distribution et 35% opèrent dans le domaine des services.
Répercussions de la guerre en Ukraine
Sur le plan international, les conséquences de la guerre se font également ressentir. En effet, 53% des entreprises interrogées confirment être impactées par la guerre en Ukraine. Plus de 60% des sociétés membres pensent continuer à ressentir les conséquences négatives de la guerre ainsi que de la crise sanitaire sur le climat des affaires durant les deux années à venir. La majorité des entreprises estime que cette guerre causera une hausse des coûts de l’énergie et matières premières (29,75%), une perturbation de la chaine d’approvisionnement (20,25%), un manque de matières premières et d’intrants (15,19%), outre la baisse des commandes et de la production (13,29%).