C’est fait, après le boycott de la Tunisie qui dure depuis quelques mois, le Groupe de la Banque mondiale a annoncé hier en soirée un nouveau cadre quinquennal de partenariat pays (PCF) avec la Tunisie. Des miettes…
Des miettes face aux besoins budgétaires colossaux d’une Tunisie à genoux, prise à la gorge par ses différentes dettes et menaces d’instabilité. Un risque moral qui met la Banque mondiale en position de chantage et marchandage avec un pays déjà très mal au point.
La promesse de la Banque mondiale porte sur des prêts pour un total de 400 à 500 millions $, sur cinq ans. Avec une enveloppe annuelle moyenne inférieure à 100 millions de $, en prêts et pas en dons.
Probablement, avec un taux d’intérêt composé qui frôlera les 5% en moyenne. Des poussières face aux défis et contingences vécus par la Tunisie.
1- Tout ça pour ça !
Ce programme qui s’étend entre 2023-2027 est annoncé comme un soutien au plan de développement du gouvernement. Ajoutant que ce programme promeut le développement d’une économie au bénéfice de tous, capable de créer des emplois de qualité et à renforcer la résilience au changement climatique. Ne procurant pas de preuves tangibles à ce sujet.
Ce cadre met également l’accent sur la migration en tant que moteur d’opportunité pour la Tunisie. C’est en cohérence avec les pressions européennes sur la Tunisie pour faire de la Tunisie un mur et un respectable pour les émigrants refoulés ou candidats au départ pour l’Europe.
La stratégie annoncée aujourd’hui a été discutée avec le Conseil d’administration du Groupe de la Banque mondiale probablement quelques minutes pour l’entériner parmi un ensemble de 6 points paraissant dans l’agenda de la rencontre.
Ce cadre fournit une orientation permettant au Groupe de la Banque de continuer à jouer son rôle de partenaire à long terme du pays et de sa population.
“La Banque mondiale est depuis longtemps un partenaire solide de la Tunisie”, a déclaré Ferid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord.
« Cette nouvelle stratégie fournit la base à la Banque mondiale et à la Tunisie pour accélérer les programmes visant à libérer le potentiel économique du pays et à favoriser un avenir meilleur pour sa population. »
2- Une planification sans évaluation rétrospective
Ferid Belhadj, Tunisien pressenti pour être le prochain chef de gouvernement en Tunisie, a ajouté : “L’impact de multiples crises mondiales a durement frappé le pays, mais la Tunisie a fait preuve de résilience”.
Le nouveau PCF s’appuie sur le plan de développement 2023-25 de la Tunisie, le plan Tunisie Vision 2035, le diagnostic systématique des pays de la Banque mondiale ainsi que sur son prochain rapport national sur le climat et le développement pour la Tunisie.
Le Plan Tunisie Vision est autre plan-plan pour gouverner sans réformer, et sans rien changer !
« Le cadre de partenariat par pays pour 2023-2027 entre la Tunisie et le Groupe de la Banque mondiale est une étape importante dans nos efforts de collaboration pour favoriser une croissance inclusive et durable », a déclaré le ministre tunisien de l’Économie et de la Planification, Samir Saied. « Grâce à ce partenariat, nous visons à faire progresser le bien-être social, l’éducation, la santé, l’innovation et la croissance verte tout en réduisant les disparités et en favorisant l’inclusion sociale. »
3- Des promesses et des mirages !
Quand on considère les intrants consentis par la Banque mondiale, le PCF est franchement ambitieux dans ses projections.
Ce plan anticipe trois résultats de haut niveau :
1- des emplois de qualité créés par le secteur privé ;
2- un renforcement du capital humain ;
3 – et une meilleure résilience au changement climatique et une réduction des émissions de carbone.
Il vise également à intégrer deux thèmes transversaux – (i) le genre et (ii) la responsabilité, la participation et la confiance – à travers les programmes.
Le PCF met également en lumière la migration en tant que moteur d’opportunités pour le pays.
“Conformément à de vastes consultations avec le gouvernement, le secteur privé, la société civile et les partenaires au développement, le PCF démontre notre engagement envers la trajectoire de croissance inclusive et durable de la Tunisie”, a déclaré Alexandre Arrobbio, directeur national de la Banque mondiale pour la Tunisie.
4- « Plus de youyous que de couscous »
L’annonce faite en grande pompe met l’emphase sur la communication et mise sur l’effet d’annonces. Pour impressionner, le Tunisien moyen, l’électeur médian en Tunisie.
« Bien que le PCF soutienne des résultats durables, à moyen terme et de haut niveau, il aborde également les priorités à court terme, y compris le soutien direct aux familles les plus durement touchées par les crises, l’accès des petites et moyennes entreprises au financement et la production d’énergie renouvelable. »
Le FCP sera mis en œuvre conjointement par la Banque mondiale, la Société financière internationale (SFI) et l’Agence multilatérale de garantie des investissements (AMGI), avec une allocation annuelle sur cinq ans d’environ 400 à 500 millions de dollars, ainsi que des investissements de la SFI et des garanties de l’AMGI.
“Notre objectif est d’améliorer la résilience et la compétitivité du secteur privé afin de créer des emplois, de fournir des opportunités d’investissement et de soutenir les réformes du gouvernement visant à améliorer le climat des affaires”, a déclaré Cheick-Oumar Sylla, directeur de la SFI pour l’Afrique du Nord et la Corne de l’Afrique.
Comme pour tous les partenariats du Groupe de la Banque mondiale, le respect des exigences environnementales et sociales du Groupe de la Banque mondiale restera au cœur de la mise en œuvre du PCF.
Un événement de lancement avec les parties prenantes du pays est prévu pour discuter du PCF et des principales priorités immédiates du programme, ainsi que pour engager un dialogue sur la migration avec une présentation du nouveau Rapport sur le développement dans le monde sur les migrations, les réfugiés et les sociétés de la Banque mondiale.
Pour finir, à Washington plusieurs avancent que tout est mis en place pour imposer Ferid belhadj comme chef de gouvernement dans le cadre d’un prochain remaniement ministériel. Kais Saied a besoin d’un chef de gouvernement qui connaît les arcanes des institutions internationales et qui pourrait apporter un peu plus de stabilité à la Tunisie, 13 mois avant les prochaines élections présidentielles.
Economics for Tunisia, E4T, Moktar Lamari