La cheffe du gouvernement, Najla Bouden, a déclaré mercredi à Gammarth, que les catégories sociales défavorisées en Tunisie connaissent toujours de réelles difficultés à accéder au financement bancaire pour acquérir un logement.
Dans un discours prononcé à l’ouverture d’une conférence sur “L’amélioration de l’accès des groupes à faibles revenus aux services de financement de l’immobilier “, organisée en coopération entre le Fonds monétaire arabe et la Banque centrale de Tunisie (BCT), Bouden a souligné que l’Etat continue à jouer son rôle social en améliorant l’accès de ces catégories au financement, en renforçant davantage les mécanismes spécifiques et en leur fournissant les ressources nécessaires. Il s’emploie en parallèle à garantir des logements abordables, adaptés à leurs moyens et aspirations.
Elle a expliqué que le plan de développement pour la période 2023-2025 renforcera le rôle social de l’Etat en matière de maîtrise du coût du logement et de conception de mécanismes de financement durable des projets de logement afin de garantir le droit au logement pour le citoyen. Elle a expliqué que l’Etat avait également inclu, dans la loi de finances 2023, la question du traitement de l’endettement des bénéficiaires de prêts dans le cadre de programmes spécifiques au logement social.
Dans ce contexte, elle a évoqué les différents mécanismes qui ont été approuvés pour soutenir le financement du secteur du logement social et la mise en place de programmes de financements concessionnels pour permettre aux catégories à revenus faibles et moyens, d’accéder à un logement décent, notamment le programme d’épargne logement qui permet aux épargnants d’obtenir des crédits immobiliers à des conditions avantageuses.
Bouden a passé en revue les programmes spécifiques au logement social crées depuis 2012, assurant que l’élaboration de politiques publiques visant à fournir un logement adéquat aux catégories à faibles revenus est l’un des mécanismes permettant l’inclusion économique et sociale.
Elle a souligné le développement de l’appui du secteur financier aux investissements publics et privés dans le secteur de l’habitat, notant que l’encours des prêts destinés aux logements a désormais dépassé les 12 milliards de dinars, contre 6 milliards de dinars à fin 2010.
Elle a noté que le secteur financier est parvenu à maintenir un niveau de risque raisonnable et de réaliser une adéquation entre le financement du logement et la protection des individus et des familles du surendettement, ce qui a contribué à protéger le secteur des répercussions des crises financières que de nombreux pays dans le monde ont connu.
Bouden a évoqué l’importance de cette conférence, compte tenu des enjeux et des transformations économiques profondes auxquelles le monde assiste, dont les déplacements d’une grande partie de la population vers les zones urbaines, et ce que cela implique en termes de création d’emplois et de logements.
Elle a ajouté que la plupart des pays du monde aspirent à trouver des solutions innovantes pour assurer un logement décent à toutes les catégories sociales, en raison de l’importance de ce secteur dans la garantie d’une organisation minimale de la société et pour éviter l’expansion de logements anarchiques dans les villes ainsi que les activités économiques non réglementées, sources de tensions.
Dans son intervention, le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Marouane El Abbassi, a estimé que le défi le plus important auquel la Tunisie est confrontée est la conciliation entre l’offre de logements abordables et le manque de ressources financières nécessaires à la création d’espaces urbains durables. Dans lequel tous les équipements collectifs sont disponibles. Il s’agit, aussi, de tenir compte des bonnes pratiques environnementales dans le domaine de la conception et de la construction des logements, de l’approvisionnement en énergie et de la bonne gestion des nouvelles zones résidentielles.
Abassi a déclaré que l’augmentation du taux d’urbanisation en Tunisie a contribué à l’augmentation de la demande de logements sociaux dans un contexte marqué par le coût élevé de la construction, la rareté des terrains aménagés et la dégradation du pouvoir d’achat.
Il s’agit de permettre aux catégories à faibles revenus d’accéder au financement du logement social pour assurer la stabilité économique et sociale du pays.
Abassi a déclaré que la Banque mondiale prévoit que 7 personnes sur 10 dans le monde vivront dans des villes d’ici 2050, et que les vagues de migration imposeront d’avoir une planification urbaine efficace, une répartition équitable des logements et la satisfaction de la demande croissante de logements abordables.