Un programme entériné après maintes discussions entre le gouvernement tunisien et la Banque mondiale sur les principales orientations socioéconomiques et environnementales du pays et surtout après la présentation par le gouvernement d’un argumentaire convainquant s’agissant de la question migratoire. Le nouveau Cadre de partenariat-pays (CPF) de 5 ans vient d’être lancé. Il appuie le plan de développement annoncé il y a moins d’une année par le gouvernement tunisien.
Ferid Belhaj avait annoncé, il y a quelques mois, lors du tollé soulevé après les déclarations de Kais Saied, président de la République, sur les flux migratoires subsahariens que la banque mondiale poursuivra son soutien à la Tunisie. Ce qui devait avoir lieu au mois de mars le fût ce mois-ci. In fine, il y a eu plus de peur que de mal.
Le nouveau programme démarre alors que le service de la dette de l’Etat a absorbé près de la moitié des recettes fiscales du premier trimestre 2023, soit, estime, Hachemi Alaya, le taux le plus élevé de l’histoire de la Tunisie.
Dans un pays où la perception du rôle des femmes dans l’économie est de plus en plus négative, la banque mondiale a intégré deux thèmes transversaux dans l’ensemble de ses programmes Tunisie : la question du genre et de l’égalité des sexes et l’enjeu de la responsabilité, de la participation et de la confiance. Pour précision, le nouveau rapport sur l’Indice des normes sociales de genre (GSNI) publié par le PNUD, montre une Tunisie de plus en plus misogyne.
Le service de la dette atteint un taux record dans l’histoire de la Tunisie – Hachemi Alaya
Seulement 3,32% de la population tunisienne est dépourvue de préjugés à l’égard de la femme, un pourcentage deux fois inférieur à celui prévalant auprès des Marocains 6,33%.
83,5% de Tunisiens considèrent que les hommes font de meilleurs dirigeants politiques que les femmes et 71,2% estiment que les hommes font de meilleurs chefs d’entreprise que les femmes.
No comment!
Le CPF qui vise à travers nombre de programmes à appuyer la création d’emplois de qualité par le secteur privé, le renforcement du capital humain et l’amélioration de la résilience au changement climatique et la réduction des émissions de carbone œuvrerait aussi à appuyer les femmes en les aidant à reprendre les activités économiques et aussi en associant le secteur privé à la promotion de l’égalité du genre.
80% du portefeuille BM en Tunisie consiste en des prêts pour des projets d’investissement, 19% en des prêts programmes et 1% au financement à travers un trust Fund. Le total des engagements de la banque mondiale est aujourd’hui de 2,5 milliards de $ US répartis sur nombre de secteurs dont 28% pour la protection sociale et la création d’emplois, 19% pour l’urbanisme et la résilience et 8% pour le transport.
La Banque mondiale intègre le genre et l’égalité des sexes dans ses programmes pour la Tunisie – Rapport sur l’Indice des normes sociales de genre
Sur un montant global de l’ordre de 2,545 Milliards de $ en 2023, 1,465 Milliards de $ ont été décaissés dont 24% consacrés à l’investissement. Pour rappel une enveloppe de 120 millions de $ a été débloquée au mois de février 2023, au profit des PMEs pour les aider à rééchelonner les prêts existants ou obtenir des prêts à long terme.
Les résultats escomptés du Contrat programme Banque mondiale – Tunisie sont la création d’emplois de qualité par le secteur privé, le renforcement du capital humain, l’amélioration de la résilience au changement climatique et la réduction des émissions carbone.
Les priorités sont pour l’instant de soutenir les actions de l’Etat pour une croissance durable dont les maîtres mots sont la réduction des dépenses publiques et plus d’efficacité énergétique en recourant aux énergies renouvelables.
Le groupe banque mondiale faisant partie des financeurs du projet ELMED :« Nous considérons que les énergies renouvelables représentent une grande opportunité dans un monde qui se dirige de plus en plus vers les énergies propres. La Tunisie dispose d’un grand potentiel en la matière et les terres arides sises dans le Sud du pays peuvent abriter des centrales photovoltaïques à grand potentiel à l’export » a déclaré, à l’occasion, Alexandre Arrobbio, représentant résident de la Banque mondiale pour la Tunisie.
La Tunisie devient une plateforme régionale pour l’énergie renouvelable grâce au projet ELMED – Alexandre Arrobbio
268,4 millions de $, c’est le montant du prêt accordé par la Banque mondiale pour le projet ELMED qui positionne la Tunisie en tant que plateforme régionale pour l’énergie renouvelable reliant le réseau électrique tunisien au réseau européen à travers l’Italie via un câble sous-marin de 600 mégawatts. Dans ce même ordre, la BM suggère des actions concrètes pour soutenir la transition bas carbone.
Le CPF est mis en œuvre conjointement par la Banque mondiale, la Société financière internationale (IFC) et l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA), avec une enveloppe annuelle sur cinq ans d’environ 400 à 500 millions de dollars, auxquels s’ajoutent les investissements d’IFC et des garanties de la MIGA.
Le nouveau Contrat programme est aujourd’hui ratifié, il revient au gouvernement tunisien d’en prendre acte et de traduire accords, financements et investissements en réalisations sur le terrain et pour ce, les réformes doivent se faire au plus tôt tout comme des décisions courageuses pour l’amélioration d’un climat d’affaires terni par une gestion catastrophique des questions économiques.