La fête du sacrifice reste l’un des rituels religieux les plus respectés dans les sociétés arabo-musulmanes quoiqu’une sunna n’obligeant que ceux qui ont les moyens.

En Tunisie, la flambée des prix des moutons n’a pas empêché les classes défavorisées d’en acheter : « Il faut les comprendre, explique Ezzeddine Chalghef, directeur général de l’Office de l’Elevage et des Pâturages, ce sont des familles privées de la viande de mouton et qui attendent quelquefois une année entière cette grande fête religieuse, familiale et sociale pour en profiter. Mais il y a aussi des familles tunisiennes qui préfèrent acheter quelques kilos de viande sans plus. En ce qui nous concerne, nous avons établi un prix de référence dans les points de vente et qui est de l’ordre de 17,800 Dt le kg, à la Société « Ellouhoum », le prix est de 18,500 Dt. Généralement la différence entre les points de ventes et les ventes libres dans les grandes places est de 200 Dt qui baisse ensuite progressivement à mesure que le jour de l’aïd approche ».

Les Tunisiens ont été choqués cette année par la cherté des prix des moutons. Parmi eux, nombreux ont choisi le boycott, d’autres se sont endettés pour prétendument appliquer un rite religieux aux dépens de leurs finances. Le cheptel quant à lui aurait dû satisfaire la demande si ce n’est que cette année, éleveurs et engraisseurs ont préféré réduire leurs productions et ne pas vendre à perte, selon eux.

« Nous estimons que 17,800 Dt le kg couvre les dépenses des éleveurs et engraisseurs et leur permet d’avoir des bénéfices. D’ailleurs ceux qui écoulent leurs troupeaux dans nos points de ventes sont eux-mêmes des éleveurs auxquels nous offrons des lieux aménagés contrôlés par des vétérinaires et surveillés par la police. Nous souhaitons d’ailleurs que ceux qui vendent des moutons dans les grandes places publiques rejoignent les points de ventes, ce qui peut être plus sécurisant pour eux et pour les consommateurs » déclare M. Chalghef. A titre d’exemple, dans les deux points de vente, ceux de Saida et de Rades, il y a eu vente de respectivement 1402 et près de 1400 tête de moutons.

Le cheptel national s’élève à 1,2 millions de moutons, ce qui aurait dû satisfaire la demande. C’est le grand Tunis qui subit la plus grande pression. Dans les régions, l’offre est satisfaisante. Mais pour nombre de raisons et en prime à cause des prix élevés des fourrages, cette année, éleveurs et engraisseurs ont réduit leurs productions. Les commerçants ne se sont pas également déplacés comme les années précédentes dans les lieux de productions pour acheter des troupeaux dédiés à la fête du sacrifice. Il y a eu aussi des retards dans le démarrage de la période des marchés dans les grandes places et dans les points de ventes.

Pour Ridha Bergaoui, titulaire de l’ordre national du mérite « chevalier » dans le secteur de l’agriculture, la hausse des prix des intrants (engrais chimiques, pesticides, semences…) et surtout de l’énergie (pétrole et gaz) et le manque de main d’œuvre agricole représentent une des principales raisons de la progression des coûts de production des produits animaux.

Ce grand expert du secteur agricole appelle à un retour à l’élevage traditionnel, ramasse miettes, avec une bonne couverture sanitaire est à encourager et à la réduction des effectifs des animaux en optant pour la qualité.

A.B.A