En cette période de précarité et de morosité extrêmes, les bonnes nouvelles, même si elles sont relatives, sont toujours bonnes à saisir. L’amélioration récente du classement de la Tunisie par le rapport de la CNUCED sur l’indice des capacités productives (ICP) en est une.
Concrètement, en vertu de son classement 2022, l’ICP, qui résume l’état des capacités productives des économies du monde entier en calculant, dans un sens ascendant, des scores compris entre 0 et 100, la Tunisie a amélioré son IPC. Le score général du pays est passé de 46,6 en 2020 à 47,7 en 2022, soit une progression de 1,1 points.
C’est de toute évidence une performance qui montre le degré de résilience de l’économie tunisienne lorsqu’on sait que le pays, à défaut de préparation, a été affecté, de plein fouet, durant les trois dernières années, par trois graves chocs-crises exogènes : la pandémie du coronavirus Covid-19, la guerre russo ukrainienne et les sécheresses générées par le réchauffement climatique.
L’indice a le grand mérite de proposer, parallèlement à ces scores rébarbatifs, une feuille de route pour les futures actions et interventions politiques dans le cadre de chacun des huit critères sur la base desquels il est calculé : capital humain, capital naturel, énergie, Technologies de l’Information et de la Communication TIC, changement structurel, transport, institutions et secteur privé.
Dans le détail le score accordé par l’ICP à la Tunisie est réparti de la sorte : capital humain (53,5), captal naturel (48,0), énergie (55,3), transport (30.0), TIC (49,1), institutions (50,5), secteur privé (47,3), changements structurels (53,7).
A l’exception du transport (30), toutes les autres composantes de l’ICP sont au niveau de la moyenne.
Qualité multidimensionnelle de l’ICP
Par-delà ces chiffres, la qualité de cet indice multidimensionnel consiste en sa capacité de fournir une meilleure mesure du développement que d’autres indicateurs plus classiques tels que le produit intérieur brut (PIB) et de mesurer les intrants et le potentiel économique plutôt que les résultats.
Alors que les grands indicateurs économiques tels que le PIB mesurent la production économique, l’ICP propose une nouvelle approche pour mesurer les progrès en matière de développement.
Mieux, la CNUCED offre la possibilité aux cadres des pays en développement qui expriment le désir, de se former et de s’initier à l’utilisation de l’indice dans leurs processus d’élaboration des politiques de développement.
La Tunisie peut en profiter
Espérons que le Président de la République interviendra pour ordonner –bien ordonner- ce gouvernement à exploiter cette initiative pour envoyer le maximum de jeunes cadres se former à la confection de cet indice.
Nous insistons sur les jeunes cadres parce que les anciens, c’est-à-dire les générations «Baby Boum », se sont forgés la sinistre réputation d’être des conservateurs notoires. Il s’agit principalement des cadres des institutions productrices d’informations officielles.
Ils sont également des économicistes et monétaristes férus des indicateurs des institutions de Bretton Woods (FMI , Banque mondiale). Ils ne parlent que de taux de croissance, de PIB, des déficits jumeaux… et rarement, d’indice de développement humain (IDH) ou d’indice des capacités productives (IPC) lesquels mesurent mieux et de manière plus globale le progrès ou le retard de développement atteint par les pays.
Morale de l’histoire : à travers l’ICP, la CNUCED a aidé et peut encore aider plusieurs pays en développement à évaluer leurs capacités de production et à élaborer des programmes pour combler les lacunes.
Abou SARRA