C’est sur ces questions et d’autres que plancheront les intervenants lors de la rencontre organisée par le Conseil Tunisien des Relations Internationales (TCIR) mercredi 5 juillet 2023 à l’hôtel Sheraton en partenariat avec la Fondation Allemande KAS.

Les meilleurs experts dans le secteur énergétique réputés à l’international débattront d’un secteur vital pour la Tunisie. Ils sont Kamel Bennaceur, Khaled Kaddour, Afif Chelbi, Imed Derouiche, Ali Kenzari, Rached Daghfous

C’est Salah Hannachi, ancien ambassadeur de Tunisie au Japon et en Australie qui a planté le décor de la journée de réflexion dédiée à la problématique de l’énergie en Tunisie et son potentiel en tant que corridor de transit et carrefour énergétique dans le nouveau paradigme de connectivité énergétique Afrique-Méditerranée-Europe.

Il y a eu le Covid19 auquel a succédé la guerre Russo-Ukrainienne qui ont totalement changé les paradigmes quant au marché énergétique et en prime les énergies fossiles. L’Europe et les pays ne disposant pas de richesses gazières et pétrolières trouvent dans les énergies renouvelables une alternative importante pour satisfaire leurs besoins énergétiques.

L’Afrique a le potentiel de répondre aux préoccupations stratégiques et écologiques de l’Europe

“La Tunisie, l’Algérie, la Libye, l’Italie, la France, ainsi que toute l’Afrique du Nord, l’Union Africaine et l’Union Européenne, peuvent-elles coopérer, et avec toutes les autres parties concernées, comme la Chine, la Turquie, les pays du Golfe, etc., pour prolonger le corridor italien et construire ainsi un nouveau corridor énergétique intercontinental eurafricain, dans l’espace géopolitique émergeant Afrique-Méditerranée-Europe ?” questionne Salah Hannachi ?

Il répond : L’Afrique, voisin transméditerranéen de proximité de l’Europe, est un acteur majeur et d’importance croissante dans le secteur des hydrocarbures. Avec le Grand Sahara, elle est aussi potentiellement un acteur majeur dans les énergies renouvelables, l’hydrogène vert et l’électricité. Le Continent a ainsi le potentiel de répondre aux préoccupations stratégiques et écologiques de l’Europe et de devenir, par sa proximité, son partenaire privilégié dans le nouveau paradigme émergeant d’un mix énergétique global et d’économies à fort contenu d’énergies vertes et renouvelables.

La motivation énergétique révèle un intérêt persistant de l’Europe envers l’Afrique. L’Afrique, c’est aujourd’hui 1,5 milliard d’habitants qui deviendront 2,1 milliards en 2050 et 3,8 milliards vers la fin du 21e siècle. C’est donc estime M.Hannachi l’Afrique un défi migratoire de taille pour l’Europe, et pour la stabilité et la paix internationale. L’Afrique est et sera dans le futur une plateforme importante d’investissement.

Et la Tunisie dans tout cela ?

La Tunisie, à cheval sur les deux bassins de la Méditerranée, est connectée au corridor énergétique italien, rappelle l’ambassadeur Hannachi. Le système de transport maritime Turquie-Italie-Tunisie (TIT), mis en place par les trois pays, est entré en fonctionnement en janvier 2020.

Ancré sur Bizerte en Tunisie, sur la Valette à Malte, et sur Taranto, le port en eaux profondes de l’Italie, TIT ajoutera une profondeur méditerranéenne à la profondeur africaine avec le Corridor Central de l’Algérie et de la Libye.

“Géré par l’opérateur turc Yilport, le TIT donne à la Turquie le corridor le plus intéressant, ‘’what could be the most prized Europe–Africa corridor’’, ‘’The Italy-Tunisia segment of the Turkey-Italy-Tunisia network could potentially form the vital link for a mega corridor connecting Europe and Africa”

La Tunisie pourrait aspirer à une position privilégiée dans le Corridor Central de transit et de carrefour, de connectivité, et de dialogue économique et énergétique Afrique-Méditerranée-Europe.

Le gazoduc trilatéral Transmed, entré en fonctionnement en 1983 et dont l’échéance du contrat s’approche, est un projet à vocation essentiellement trilatérale. Le projet Tuniso-Italien de câble électrique, Elmed, a été entériné et adopté par la Commission Européenne en 2022, dans une perspective bilatérale a aussi une vocation régionale.

Les mutations géopolitiques et géo-économiques actuelles présentent aujourd’hui une occasion majeure pour repenser et négocier ces projets de connectivité bilatérale ou régionale dans une perspective de connectivité intercontinentale Afrique-Méditerranée-Europe, assure Salah Hannachi.

Nous y reviendrons.