“Une bonne gestion de l’énergie nous éviterait la création de nouvelles centrales électriques”, a déclaré à TAP, Mohamed Ali Reghini, expert en efficacité énergétique et énergie renouvelable, agrée par l’Agence nationale pour la Maitrise de l’Energie (ANME).
Cette gestion de l’énergie débute pour les entreprises énergivores en agissant en premier lieu sur la réduction de la puissance souscrite (Pss) auprès de la STEG. Il s’agit de la rendre la plus proche possible de la puissance maximale appelée par l’entreprise (une puissance estimée nécessaire au fonctionnement de l’entreprise, demandée au fournisseur). La réduction de la puissance souscrite est assurée sur simple demande faite à la STEG avant la fin de l’année de deux mois minimums, rappelle Reghini.
En effet, cet ajustement nous permet d’éviter les dépenses inutiles pour l’entreprise et par conséquent, il évite à la STEG la mise à disposition des centrales électriques en mode veille pour couvrir la demande en puissance électrique en cas de besoin. Cette démarche engendre une surconsommation énergétique des centrales en mode veille (30% de la consommation nominale de la centrale).
“Il est recommandé que toutes les entreprises tunisiennes ajustent leur “Pss” en fonction de leur besoin réel en énergie électrique”. Les entreprises peuvent aussi gérer le fonctionnement de leurs installations par la mise en place d’un délestage sur les équipements énergivores, qui favorise la réduction de la Pss.
La STEG prévoit un tarif préférentiel pour les entreprises qui font l’écrêtement pendant la pointe de l’été, tel que c’est le cas pour les cimenteries.
Si les établissements et les entreprises, découvrent qu’ils consomment moins que cette puissance, ils peuvent la réviser avec la STEG et payer une facture moins chère.
“La STEG, qui n’a plus dans ce cas, besoin de garantir plus d’électricité aux divers secteurs économiques, aura à consommer moins de gaz naturel et par conséquence peut réduire les besoins pour la création de nouvelles centrales. Elle sera ainsi, de moins en moins dépendante des fournisseurs étrangers de cet énergie”, explique Reghini.
Et d’ajouter “si on agit sur cet aspect d’efficacité énergétique et on réduit le gaspillage d’énergie, on peut réduire drastiquement les coûts avant de passer aux énergies renouvelables, dont le photovoltaïque et ainsi contribuer à la réalisation des objectifs nationaux en matière de neutralité carbone”.
Mohamed Ali Reghini estime qu’un déploiement à plus large échelle des pratiques de gestion et de maitrise de l’énergie au sein des entreprises pourrait éviter à la STEG et au pays d’investir dans de nouvelles centrales électriques.
En second lieux, réduire la demande en énergie réactive à la borne de l’établissement, ce qui traduit par un facteur de puissance plus bas au niveau du compteur STEG. Bien que cette énergie ne soit pas facturée, elle peut être la cause d’un cos Phi faible inférieur à 0,8 et par suite entrainer des pénalités STEG.
En effet, une forte demande en énergie réactive auprès de la STEG entraine une demande en puissance apparente plus élevée et par suite la surcharge des centrales électriques STEG et des surconsommations énergétiques des centrales.
Les entreprises sont appelées à remédier à ce problème par le renforcement de leurs batteries de condensateur ou l’acquisition de nouvelles batteries qui peuvent réduire la demande en énergie réactive et contribuer à réduire les pertes dans le réseau interne et le réseau national STEG.
Il faut noter que la STEG, encourage les entreprises qui ont un facteur de puissance supérieur à 0,9 par une réduction sur la facture STEG qui peut atteindre 5% de leur consommation.
Il y a lieu de noter que la facturation de l’énergie active s’entend pour un facteur de “puissance cos” compris entre 0,80 et 0,90. Si le facteur de puissance est compris entre 0,91 et 1, le prix de l’énergie active sera diminué de 0,5% par centième au-dessus de 0,90, d’après le texte du contrat de la STEG.
Outre, les premières actions citées ci-dessus, Mohamed Ali Reghini a cité plusieurs actions bénéfiques pour la rationalisation de la consommation énergétiques de l’entreprise, telle que, la construction de bâtiments écologique à basse consommation d’énergie en termes d’isolation thermique des murs, des toitures et des vitrages. Il s’agit également de relamping LED et de la transition vers une climatisation performante.
La liste des actions d’efficacité énergétique est vaste selon qu’il s’agit d’une entreprise industrielle ou tertiaire (Hôtel, Hôpital, Bâtiment administratif ou commercial (grande surface), a-t-il dit.
La gestion technique du patrimoine de l’entreprise, peut aider à la rationalisation de la consommation énergétique, soit par le suivi des consommations totales ou par usage, soit par la commande et la supervision à distance pour intervenir à temps avant tout gaspillage d’énergie.