Les autorités économiques tunisienne ne se démènent pas assez pour exploiter le grand potentiel dont le pays dispose pour renforcer ses exportations classiques et explorer de nouvelles opportunités. Ce constat a été vérifié par une récente étude réalisée conjointement par les Chaires de l’OMC à l’Université de Tunis (ESSECT) et de North West en Afrique du Sud. En voici les principales révélations.
Présentée au Forum annuel de l’Economiste Maghrébin (avril 2023), par Leila Baghdadi, universitaire et membre du conseil d’administration de la BCT, fait ressortir que la Tunisie a un potentiel inexploité d’exportation vers 160 marchés avec une valeur d’environ de 219 milliards de dinars de dollars.
Un potentiel inexploité de 219 milliards de dollars à l’export
Cette étude a révélé, également, que les plus importants débouchés à l’export non-exploités par la Tunisie sont dans l’ordre : l’Amérique du Nord (avec 228 produits d’une valeur de 52 milliards de dollars), l’Europe (avec 2171 produits d’une valeur de 30 milliards de dollars) et l’Afrique (avec 2,2 milliards de dollars dont 1 milliard en Afrique du Nord).
D’après cette étude, la Tunisie dispose d’importantes opportunités sans en profiter dans tous les secteurs qu’ils soient classiques ou nouveaux. Les secteurs dits traditionnels tels que l’électronique, l’agroalimentaire, le textile, les composants automobiles mais aussi les secteurs innovants dans lesquels la Tunisie a un savoir-faire important.
L’étude fait état d’un potentiel de 580 produits que la Tunisie peut produire, particulièrement, dans trois secteurs : le secteur machines et équipements, le secteur chimique et le secteur pharmaceutique.
Pour Leila Baghdadi, « la Tunisie pourrait atteindre largement un taux de croissance supérieur à 4,2% pour peu qu’elle s’engage dans une plus grande diversification de son savoir-faire pour produire des biens plus complexes ». Entendre par là, des produits et services à forte valeur ajoutée.
La question qui se pose dès lors est de savoir comment la Tunisie peut se préparer pour concrétiser toutes ses opportunités. La réponse des participants à cette interrogation est claire. Pour y parvenir la Tunisie doit développer, en urgence et en priorité, sa logistique (portuaire et aéroportuaire) et travailler l’image de la Tunisie à l’étranger. Il s’agit de marqueter la Tunisie, a-t-on martelé au cours de ce forum.
Pour un accroissement des produits compétitifs exportés
L’étude fait une mention spéciale pour une opportunité à portée de main : l’accroissement des volumes et quantités des produits déjà exportés par la Tunisie sur certains marchés. Les opportunités d’expansion concernent les marchés africain et européen.
Sur le marché africain, la Tunisie peut accroître ses exportations de machines et équipements industriels (+33%), des textiles (15%) et des produits chimiques (14%).
Sur le marché européen, les opportunités d’expansion existent surtout en Allemagne, suivie par la France.
A titre indicatif, en Allemagne, les opportunités d’expansion sont estimées à hauteur de 32% dans le secteur machines et équipement, le textile (13%), les industries chimiques (15%) : réactifs de diagnostic ou de laboratoire, pneumatiques en caoutchouc pour les voitures automobiles, polymères de propylène ou d’autres oléfines sous forme primaire, polyamides sous forme primaire, médicaments constitués de mélanges ou de produits non mélangés à usage thérapeutique ou prophylactique, préparations pour le lavage et le nettoyage, articles en caoutchouc. Et la liste est loin d’être clôturée.
Et pour ne rien oublier, nous ne pouvons pas nous interdire de s’interroger sur les raisons qui ont poussé les auteurs de cette étude à ne pas s’étaler assez sur le potentiel qu’offre à l’export des pays du sud est asiatique. Elle les a cités uniquement dans le chapitre sur la possibilité de la Tunisie de diversifier ses produits, s’agissant notamment des produits innovants et nouveaux.