La soirée d’ouverture de la 57ème édition du Festival International de Carthage (FIC) a démarré, vendredi soir, par le nouveau spectacle de Fadhel Jaziri ” Mahfel “, une méga fête bédouine moderne de deux heures et demie.
L’introduction de la chorale de l’opéra de Tunis, sous la direction de Haythem Lahdhiri, est la grande nouveauté de ce spectacle ayant rassemblé plus de 120 membres dont des musiciens, des chanteurs, des choristes et des danseurs.
Cette nouvelle édition du FIC se déroule du 14 juillet-19 août 2023 à l’Amphithéâtre romain de Carthage qui s’est doté d’une nouvelle scénographie avec des décors en rouge conçus pour ce spectacle. La soirée d’ouverture qui affichait complet a été marquée par la présence de la ministre des Affaires Culturelles, Hayet Ketat Guermazi.
Dans Mahfel, tradition rime avec modernité créant un croisement entre plusieurs univers artistiques : les chants populaires cohabitent avec les danses revisitées et les instruments traditionnels (gasba, zokra, bendir) avec les instruments occidentaux (basse électrique, piano, guitare). A l’affiche, des artistes comme Nour Chiba, Zohra Lajnef, Mohamed Elaidi, Oussama Nabli, Mohamed Ali Chbil, Emna Jaziri et Yahia Jaziri et Nidhal Yahaoui.
Ce spectacle coproduit par le Festival international de Carthage, le théâtre de l’Opéra et le Centre des Arts à Djerba est une production artistique ancrée dans les traditions sonores et les chants populaires tunisiens toujours pratiqués lors de fêtes de mariage notamment bédouines.
Tout le rituel qui caractérise le ” Mahfel “, un nom qui signifie fête de mariage dans le Sud tunisien, a été traduit dans un show fantastique. Un nombre important d’artistes et des danses populaires revisitées dans de belles chorégraphies interprétées par de jeunes danseurs et danseuses. Le choix et la multitude de costumes et des couleurs étaient également parmi les éléments visuels remarquables.
La transmission du patrimoine musical est au cœur de cette nouvelle création. Fadhel Jaziri a fait recours à l’expertise d’artistes comme le chanteur d’opéra Haythem Hadhiri à la direction de la Chorale, son fils le rocker et guitariste Ali Jaziri à la direction musicale, le percussionniste Nasreddine Chebli (alias Nasrou) et son compagnon de route le violoniste Samir Ressaissi.
Mahfel est un spectacle qui allie le traditionnel avec le contemporain. Qu’il s’agisse des sonorités, des chansons ou de la danse, Jaziri demeure fidèle à son orientation vers la valorisation de l’héritage musical et artistique tunisien. En revisitant l’univers des fêtes de mariage traditionnelles, il offre la possibilité aux nouvelles générations de connaitre le patrimoine de leurs ancêtres.
Ce genre de productions s’inscrit dans un registre culturel assez important puisque la sauvegarde du patrimoine immatériel est une initiative largement appréciée par les instances internationales avec en tête l’Unesco.
Mahfel est le fruit d’un périple dans l’héritage musical de plusieurs régions tunisiennes. Jaziri et son équipe sont allés à la rencontre des chanteurs populaires locaux des zones du Sud. Ce spectacle diffère de Nouba, Hadhra, Noujoum, Ezzaza ou encore Hadhra anciens spectacles de Fadhel Jaziri.
MAHFEL est aussi un mélange de tout où il y a une trace des ses œuvres précédentes tout en y injectant quelques modifications qui coïncident avec les besoin de cette création et l’évolution des goûts sonores. Il est réalisé en collaboration avec des artistes de la nouvelle génération évoluant dans divers registres musicaux et l’introduction de nouvelles sonorités, entre les sonorités de son fils Ali Jaziri ou encore le background lyrique et d’opéra du baryton Haythem Hadhiri avec lequel il collabore depuis près de 14 ans.
Ce méga spectacle est ” un projet assez coûteux qui ne pouvait voir le jour sans l’appui précieux du théâtre de l’Opéra de Tunis et le soutien financier du festival international de Carthage “, a déclaré Jaziri deux jours avant son spectacle.
L’artiste a encore annoncé que les compositions à Mahfel sont le fruit de toute l’équipe artistique impliquée dans cette œuvre. Après ses anciens spectacles du genre soufi, populaire et instrumental, Mahfel s’inscrit dans “un registre sonore bédouin avec un arrangement moderne”.
Haythem Hadhiri a parlé d'”une fête de mariage bédouine ‘modernisée’ qui comporte des oeuvres du patrimoine réecrites et autres nouvelles”. Selon le baryton,”comme toute oeuvre lyrique, cette fête comporte des chansons et des mélodies sur des histoires d’amour avec une fin agréable, contrairement à l’opéra où les fins sont tragiques”.