Les membres de l’Assemblée des Représentants du Peuple, ont mis en exergue, lors d’une la séance plénière en présence du ministre de la Jeunesse et des Sports, Kamel Déguiche, tenue ce lundi, au siège de l’Assemblée au Bardo, les principales difficultés que rencontre ce secteur et appelé le ministre à trouver des solutions radicales à ces problèmes.
Les représentants du peuple se sont en effet plaints de la détérioration de l’état des infrastructures sportives et des espaces de jeunesse dans les différentes régions du pays à cause du manque d’entretien en plus des projets non achevés et du chômage des diplômés des instituts supérieurs de sport et d’éducation physique.
La plupart des interventions ont porté sur les projets sportifs et de jeunesse qui ont été suspendus en raison de la longue période d’achèvement et des problèmes qui en résultent avec les entrepreneurs et les prestataires de services, compte tenu des coûts élevés et du manque de budget.
La députée Mejda Ouerghi s’est interrogée sur les raisons de la non-réalisation du projet de revêtement du stade Aziz Jaballah de Menzel Bourguiba (gouvernorat de Bizerte) en gazon et sur l’état de la salle couverte de la région demandant au ministtre des explications concernant l’incapacité de son département à trouver des solutions radicales au problème d’entretien des espaces sportifs.
Le représentant Chafik Zaatour a estimé, de son côté, que le manque d’entretien au stade de Sidi Bouzid et la situation désastreuse du stade sont une forme de gaspillage de l’argent public.
Le député Hassan Jarboui s’est interrogé sur les raisons de la suspension de l’achèvement du projet du stade Menzel Chaker (gouvernorat de Sfax), dont les travaux sont interrompus depuis 9 ans, pour de simples travaux d’aménagement, a-t-il dit.
Pour sa part, le député Hassan Ben Ali a appelé à la nécessité de mettre un plan d’aménagement de terrains de quartier qui répondent aux aspirations des jeunes, tout en s’interrogeant sur les raisons de la fermeture de la piscine de la ville de Zaghouan.
Dans son intervention, la députée Héla Jaballah a souligné la contradiction entre le discours du ministère de la Jeunesse et des Sports et la réalité du secteur, pointant du doigt la faiblesse des programmes estivaux destinés aux jeunes, ainsi que l’absence de programmes d’animation des quartiers et d’encadrement des jeunes dans les zones rurales.
Le représentant Abdeljelil El Héni s’est enquis de l’absence de projets de lois émis par le ministère de la Jeunesse et des Sports, pour le développement du secteur de sport et de jeunesse. Du même avis, le représentant Houssam Mahjoub a demandé la raison du retard dans la promulgation de la loi sur les structures sportives, qui doit porter un certain nombre de solutions capables de promouvoir le secteur sportif, même si certains points restent à discuter.
La question du chômage des diplômés des instituts supérieurs de sport et d’éducation physique a été également au centre des interventions de la plupart des membres des Représentants du Peuple. A ce propos, le député Moez Riahi a estimé que le nombre de chômeurs dans ce secteur est d’environ 11.000 jeunes, et que le nombre de postes actuellement vacants est estimé à 3.000 postes, appelant le ministère à trouver des solutions à ce problème.
Les interventions des députés ont également porté sur la question de la violence dans les espaces sportifs et la nécessité de lutter contre ce phénomène, en plus de l’importance qui doit être accordée au sport scolaire et universitaire.
Pour sa part, le ministre de la Jeunesse et des Sports a indiqué que le domaine d’intervention du ministère concerne trois secteurs vitaux que sont la jeunesse, les sports et l’éducation physique, précisant que le ministère travaille selon des axes stratégiques et des programmes qui touchent un certain nombre d’aspects intéressant les jeunes, d’où la nécessité de renforcer les valeurs de citoyenneté chez eux et de les impliquer davantage dans la prise de décision.
Il a précisé qu’une structure consultative de la jeunesse a été créée pour contribuer à résoudre certains problèmes, en plus du renforcement des valeurs de sécurité, de paix et de tolérance afin de faire face aux comportements dangereux telle que la violence en élaborant des programmes de sensibilisation à travers les médias et les institutions de la jeunesse.
Le ministre a également évoqué un certain nombre de programmes stratégiques du ministère concernant le secteur de la jeunesse, tels que la contribution à la diffusion de la culture sanitaire et environnementale, l’encouragement de la pratique du sport dans les institutions économiques et la promotion de l’esprit d’initiative.
Il a indiqué que la situation actuelle des finances publiques ne permettra pas l’emploi de tous les diplômés du supérieur dans le domaine du sport et de l’éducation physique, appelant les jeunes à prendre l’initiative et à profiter des programmes de soutien et d’encadrement offerts par le ministère outre le programme de généralisation de la pratique du sport au sein des institutions économiques qui pourra permettre l’emploi d’un nombre important de diplômés.
Déguiche a également appelé à la nécessité de réformer le système d’éducation physique, ainsi que la filière sport, précisant que 30 % des écoles primaires n’enseignent pas l’éducation physique en raison du manque de ressources humaines, et plus de 10000 diplômés des instituts supérieurs du sport et d’éducation physique sont en chômage. Il a expliqué que la suspension des recrutements constitue un obstacle majeur affirmant que le ministère s’emploie à affecter le reste de la promotion 2011 dans la période à venir, après l’affectation de 300 cadres cette année.
Le ministre a souligné l’importance qu’accorde son département au volet de l’animation des jeunes à travers la mise en place de programmes de tourisme des jeunes, en installant des plateformes spéciales pour les programmes nationaux d’été au profit des jeunes outre des mécanismes d’encouragement des élèves brillants à voyager à l’étranger.
Déguiche n’a pas caché les défis vécus par le secteur de la jeunesse, qui nécessitent, a-t-il dit, une révision du cadre législatif régissant les maisons des jeunes pour qu’elles répondent à leurs aspirations tout en cherchant à rétablir la confiance des jeunes envers les structures officielles. Il a ajouté que 522 institutions de jeunesse souffrent d’un manque de cadres et d’ouvriers alors que les municipalités ont abandonné leur rôle d’entretien des réseaux d’eau et d’éclairage.
Le ministre a, par ailleurs, évoqué l’importance de réglementer le secteur des paris sportifs, ce qui procurera des revenus importants dont bénéficiera le sport tunisien, ajoutant que la loi sur les structures sportives permettra la création de sociétés sportives rentables qui mettront fin aux problèmes financiers des associations sportives.
Déguiche a souligné d’autre part la volonté du ministère de tutelle de lutter contre le phénomène de truquage des résultats sportifs, après avoir adhéré à la Convention internationale sur la manipulation des compétitions sportives qui aidera à poursuivre les personnes impliquées dans cette affaire, et prépare actuellement un plan de lutte contre la violence dans les stades en coordination avec les ministères de l’intérieur et des technologies de la communication.
Concernant le problème d’entretien des installations sportives, le ministre a indiqué que la solution réside dans le partenariat entre les secteurs public et privé, étant donné que plus de 80% des installations sportives appartiennent aux municipalités.
Le ministre a, par ailleurs, annoncé la création d’une Mutuelle des sportifs tunisiens et la mise en place du cadre législatif organisant les élections du conseil d’administration de cette structure et les services qu’elle fournira aux anciens sportifs.