« Tout ce que l’esprit de l’homme peut concevoir et croire, il peut l’accomplir » disait l’écrivain américain Napoléon Hill. Boubaker Siala, fondateur de Bako Motors voit, crée et accomplit. Entrepreneur né, il a la vision, la détermination et la confiance pour transformer ses rêves en réalité. Familier du commerce et du business dans le sens le plus noble, car à 14 ans il vendait les Djebas traditionnelles confectionnées par sa mère, oser, créer, entreprendre ne lui font pas peur : « C’est la meilleure formation que j’ai eue. Elle est plus intéressante qu’un MBA à Paris sorbonne ». Aujourd’hui, Boubaker qui aurait pu choisir de vivre en Allemagne et faire carrière dans une firme automobile sur place, ambitionne d’être l’un des plus grands constructeurs de véhicules solaires dans la région.
Comment est née Bako Motors ? Réponses dans l’entretien ci-après :
Comment vous est venue l’idée de devenir un constructeur de voitures alimentées par l’énergie photovoltaïques ?
Muni de mon bac au lycée de garçon de Sfax, je suis parti en Allemagne où j’ai poursuivi un cursus dans l’engineering automobile.  Tout au long de mes études à Munich, j’ai travaillé comme part time job dans de grandes compagnies comme Siemens et BMW où j’ai été intégré comme responsable des prix de ventes. J’ai été peiné de découvrir que le coût d’une BMW pour un acheteur en Allemagne n’a rien à voir avec celui en Tunisie, il est 10 fois plus cher. C’était choquant pour moi et ça me choque toujours. J’ai pensé, pourquoi ne pas construire des voitures à Tunis et qui plus est alimentées à l’énergie verte ? Je voulais créer un produit qui contribue à améliorer le marché automobile dans notre pays, produit par nous, pour nous.
Je veux créer une voiture électrique qui soit accessible à tous, quel que soit son budget
Comment d’idée, Bako Motors est devenue une réalité ?
J’avais la volonté, l’inspiration et l’exemple. Mes précurseurs les frères Guiga, fondateurs de Wallys m’ont servi d’exemple. J’ai pensé, ils ont réussi, nous aussi, eux se spécialisent dans les voitures thermiques, et nous dans l’électrique et l’énergie propre.
L’idée est venue du besoin. Mon fils amateur de parcours et de randonnées, s’épuisait avec sa bicyclette. Il m’a dit pourquoi nous n’intégrons pas un moteur électrique dans ma bicyclette. Nous avons acheté un kit électrique sur le site Ali baba et nous avons réussi à faire de sa bicyclette un vélo électrique. L’idée qui couvait dans ma tête a évolué et j’ai décidé de lancer ma propre marque, il y a 2 ans. Nous avons créé le premier prototype, la première version et nous sommes en train de préparer la sortie de nouvelles versions au mois de décembre prochain.
Je crois que l’entrepreneuriat est la meilleure école de la vie
Maintenant que vous avez fondé votre startup, que vous êtes en train de concevoir des versions différentes de la marque Bako Motors, comment décririez-vous l’accueil de votre produit par le marché national ?
L’étape de la croissance de Bako Motors est extraordinaire. Nous avons travaillé sur trois axes. Il fallait d’abord valider le produit, nous sommes allés en Allemagne pour avoir la certification TÜV, (Technischer Überwachungsverein en allemand). C’est très important car plusieurs organisations indépendantes testent, inspectent et certifient les nouveaux produits, les systèmes ou technologies afin de s’assurer qu’ils ne présentent aucun risque et peuvent être utilisés en toute sécurité. Nous avions pris avec nous la voiture et après certification, nous avons validé la ligne de production chez un constructeur.
Il faut du savoir-faire pour produire 1.000 véhicules par an. Nous avons ensuite validé le marché et pris des précommandes. Nous avons été agréablement surpris par le fait que le Tunisien aime le changement, est curieux et n’a pas de résistance aux nouveautés. Le Tunisien a dit pourquoi pas un produit électrique et qui fonctionne à l’énergie solaire, essayons-le.
L’énergie solaire est l’avenir de la mobilité
 Et votre produit est vendu uniquement en Tunisie ?
Lorsque nous avons réalisé que notre produit est bien accueilli en Tunisie, nous avons décidé de monter une usine en Arabie saoudite. Nous dupliquerons notre usine de Tunis en plus grand.
Les Saoudiens sont hyper intéressés et en prime nous avons été classés parmi les 20 premiers des 6800 startups lors de la compétition « Takaddom » organisée au Royaume d’Arabie. C’est pour nous un grand succès car l’Arabie Saoudite encourage les startups comme la nôtre et les organisateurs de la compétition offrent d’importantes subventions.
Je suis fier de créer une voiture électrique qui est faite en Tunisie
Combien de levée de Fonds avez-vous effectué ?
Nous avons réussi une première levée de fonds d’un million d’euro, la deuxième est en cours.
Pensez-vous que votre implantation en Arabie Saoudite, permettra à Bako Motors de faire un saut qualitatif et quantitatif ?
Les Saoudiens sont prêts à financer la construction de l’Usine sur place. Je suis très content du développement de Bako Motors. J’ai commencé seul, il y a 2 ans, et maintenant, nous sommes 40 personnes. C’est extraordinaire, mes actionnaires sont des gens qui vivent à l’étranger, ils sont hyper intéressés et ne veulent pas être cités.
Après l’Arabie saoudite, ça sera le Lagos au Nigéria. Nous voulons produire local pour être près de l’acheteur.
Entretien conduit par Amel Belhadj Ali