« Créer des opportunités signifie regarder là où les autres n’y sont pas ». La citation de Mark Cuban va comme un gant à la solution conçue par la startup « Save your Wardrobe », fondée par Hasna Kourda et Mehdi Doghri, qui nous incite à voir ce que nous avons oublié parce que démodé ou ignoré parce qu’abimé. Définie par les maîtres d’œuvre comme étant la superpuissance de mode dans la poche est une application qui met toute la garde-robe à portée de main, l’idée de « Save your Wardrobe » (SYW), est que tout se transforme et rien ne se jette. Grâce aux solutions mises en place par SYW, tout article d’habillement peut être transformé, réparé et récupéré qu’il s’agisse du haut de gamme, ou de la gamme moyenne.
Le point avec Hasna Kourda, cofondatrice de la Startup primée il y a quelques mois par LVMH :
Vous avez fondé « Save your Wardrobe avec votre mari, lui venant du domaine du transport et vous du commerce, du marketing et des hautes finances, quel est le secret ?
Au commencement, j’ai juste consacré mes moments de loisirs à « Save Your Wardrobe ». A chaque fois qu’une idée me traversait l’esprit, je posais une question pointue à Mehdi, plus expert que moi dans ce qui touche aux hautes technologies. Au fur et à mesure qu’il me répondait, je peaufinais mon projet. Je ne pouvais pas trouver meilleur collaborateur que lui. Nos profils sont complètement opposés mais ils se complètent. Mehdi n’est pas que mon partenaire dans l’entrepreneuriat, c’est mon mari, du coup, il est disponible 24/24. Je ne pouvais pas trouver mieux.
Quelles sont les solutions offertes par « Save your Wardrobe »?
Nous offrons les moyens de réparer, de restaurer et de rénover les articles d’habillement et des vêtements et produit de luxe. Nous sommes aussi capables de faciliter la location et la revente. Notre solution est technologique, nous réseautons et nous connectons les parties prenantes de l’expérience après achat. Chaque partie est liée aux autres via des interfaces qui communiquent entre elles. Nous sommes la plateforme qui réunit toute la chaîne de valeur : les réparateurs, les experts et les marques. Notre rôle est de donner de la certification et de faciliter les opérations entre ces parties.
Quels sont vos partenaires parmi les marques connues sur la place ?
En juin, nous avons signé avec Zalando, Hugo Boss était déjà notre partenaire, et ensuite nous avons reçu le prix louis Vuitton, le groupe le plus important. Nous comptons également parmi nos partenaires la plateforme pour vêtements de luxe Farfetch.
Votre solution n’est-elle pas dérangeante pour les marques qui lancent régulièrement de nouvelles collections ?
Au début, ils étaient dans la réflexion. Ensuite, elles ont réalisé que c’est plus un atout qu’autre chose. C’est comme si nous assurions un service après-vente qui rassure et sécurise leurs différentes clientèles. Les consommateurs des grandes marques de luxe n’ont pas envie que leurs articles perdent de leur valeur. Ils préfèrent les garder quitte à les revendre plus tard. La même chose s’applique aux marques de niveau moyen ou même des produits de bas de gamme fabriquée de manière accélérée avec des matières résistantes qui ne s’abîment pas rapidement comme le polyester.
Nous, nous traitons avec toutes les gammes, et là où nous nous spécialisons, c’est dans l’opération. Si une marque a besoin de l’excellence opérationnelle au niveau mondial, nous intervenons. Nous sommes réactifs, nous facilitons le contact et garantissons la qualité. Nous sommes capables de former les personnels travaillant dans les ateliers à l’outil numérique pour qu’ils soient capables de communiquer avec la marque et préserver les spécificités de ses produits et son image.
Vous avez développé du business via la technologie. Généralement, quand il y a beaucoup de technologie, il y a moins de postes d’emploi mais vous, vous en créez ?
Exactement. Nous réindustrialisons les segments laissés pour compte oubliés à cause de la fast fashion. Je parle des cordonniers, des tailleurs, des couturiers artisanaux que nous récupérons, formons et auxquels nous accordons des certifications. Nous les mettons en relation avec les marques et les réinsérons dans le réseau. Nous créons du business, parce que les marques offrent la réparation ou la subventionnent. En France, on vient de créer un fonds de réparation qui couvrent le coût à hauteur de 20 à 30%. Le fonds auxquels participent les marques permet de se faire rembourser en partie et donne l’opportunité d’agrandir le business et de fidéliser le client.
Des exemples ?
Nous travaillons en Allemagne avec Hugo Boss. La première chose que nous avons relevée est le programme de fidélisation des clients et leur retour. Nous avons vu que le score de la satisfaction du client s’est élevé à 4,9 sur 5. Tout ce que nous avons entrepris a servi à fortifier et à renforcer l’image de marque des grandes enseignes.
Que gagne le client ?
Très souvent, les vêtements que nous achetons revêtent une dimension sentimentale. Nous voulons les garder intacts le plus longtemps possible, c’est possible grâce à la plateforme « Save your Wardrobe ». Aujourd’hui, le client peut aller à la boutique pour une réparation et c’est le manager qui décide si on la lui octroie ou pas. Il y a beaucoup de subjectif en la matière et si c’est un client fidèle, il pourrait en bénéficier sinon, on peut rejeter sa demande.
Grâce à la technologie, nous allons dématérialiser toute l’opération. Tout se fera via la plateforme. Il y a une grande transparence dans la communication, le process et les opérations. Le client sait où se trouve son article, ce qui n’était pas le cas auparavant. Aujourd’hui, il y a une traçabilité et tout se fait en temps réel. En Europe, il y a une réglementation qui entre en vigueur à partir de l’année prochaine qui stipule le droit à la réparation. Elle impose une garantie de deux ans pour tous les produits, et le remplacement des pièces manquantes ou abîmées comme un bouton ou un petit accessoire.
Quel impact du retour des clients sur les produits des grandes marques ?
Nous pouvons nous rendre compte des défauts de design ou de manufacture et nous permettons de remonter en amont au tout début de la chaine de production. Par exemple, si nous relevons que les ourlets pour un article déterminé n’ont pas été bien faits, nous attirons l’attention des fabricants qu’il s’agisse de vêtements, de chaussures ou de sacs et cela leur permet de perfectionner leur travail.
Quelle est la plus importante levée de fonds que vous avez réalisée ?
La dernière levée de fonds a été autour de 3 millions de dollars. La première levée de fonds, nous l’avons fait auprès d’amis à nous qui qui ont voulu vivre l’aventure « Save Your Wardrobe ». Nous les avions prévenus sur le fait que c’était risqué mais ils ont tenu à y être. Nous avons mis toutes nos économies et serré la ceinture et nous avons avec nos amis amassés moins de 400 milles pounds. Et ensuite, la chance nous a souri, Farfetch, une grande compagnie tech de luxe s’est intéressée à nous ce qui a attiré quelques investisseurs et ce fût la levée des trois millions de dollars qui nous a permis de lancer notre produit et décoller réellement.
Combien de poste d’emplois avez-vous réussi à crée au sein de votre Startup ?
Une quarantaine dans les équipes de Londres et de Tunis. Nous avons une filiale à Tunis. Une trentaine de compétences en technologie pure et dure. Tunis abrite le centre opérationnel, le cerveau et Londres les ventes les partenariats et le marketing.
Entretien conduit par Amel Belhadj Ali