Le faible volume des échanges commerciaux tuniso-nigériens et la présence économique tunisienne réduite au Gabon laissent suggérer que l’impact économique immédiat des coups d’Etat survenus dans ces deux pays africains demeure limité “, selon l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE)
” L’incidence du coup d’Etat au Niger et du putsch militaire au Gabon ne saurait être directe sur la Tunisie, puisqu’il ne s’agit pas de pays voisins limitrophes ou de partenaires économiques importants, souligne l’IACE dans un document intitulé ” Coups d’Etat au Niger et au Gabon : Quelles répercussions pour la Tunisie ? “.
Les auteurs du document estiment, toutefois, que les répercussions économiques du coup d’état au Niger demeurent non significatives sur le court terme, mais les projections économiques au double plan bilatéral et régional laisseraient présager un réel potentiel de développement.
En effet, le Niger est le 16ème partenaire africain de la Tunisie avec moins de 1% de ses exportations vers le continent, en dépit de l’existence d’un vol régulier opéré depuis 2016 par Tunisair reliant Tunis et Niamey et l’établissement de relations commerciales privilégiées, depuis 1982, avec un abaissement sur les frais de douanes de 50%.
La Tunisie n’est pas parvenue à s’imposer comme un partenaire de choix du Niger
En dépit du potentiel économique important dont recèle le Niger (qui maintient une croissance entre 7 et 9% depuis plusieurs années), la Tunisie n’est pas parvenue à s’imposer comme un partenaire de choix, se limitant à quelques investissements à l’initiative d’un secteur privé en déficit de compétitivité dans l’une des régions les plus convoitées du continent.
” Des opportunités existent avec le Niger notamment dans les secteurs agricole et minier qui constituent les piliers de l’économie nigérienne mais aussi en matière de services à valeur ajoutée où la Tunisie dispose d’une certaine expertise “, indique le document.
Selon l’IACE, la Tunisie gagnerait à fédérer ses efforts autour d’un partenariat public-privé à même d’explorer le marché nigérien et de forger de nouvelles synergies économiques avec ce pays dans des secteurs porteurs.
Des crises politiques qui peuvent suspendre des projets régionaux
Au plan régional, la route transsaharienne (RTS), corridor terrestre reliant le Nigeria, le Niger, le Mali, le Tchad, l’Algérie et la Tunisie (trois pays portuaires et trois pays sans littoral) recèlerait d’importantes potentialités commerciales et économiques, rappelle le document. Et d’ajouter que la route qui présente un ambitieux projet couvrant plus de 400 millions de personnes au Maghreb et au Sahel, permettra l’intégration économique des six pays de la RTS et l’accès aux ports méditerranéens pour les 16 pays ouest-africains.
” Elle assurera ainsi le désenclavement de nombreux pays y compris le Niger et facilitera l’écoulement des marchandises dans toute cette zone “, indique le document.
Et d’ajouter qu’au-delà des échanges commerciaux, cette route ouvrira des horizons pour le développement de connexions énergétiques et des réseaux numériques entre le Sahel, le Maghreb et l’Europe notamment avec le Projet de la Dorsale Transsaharienne à fibre optique (DTS) qui vise à réaliser l’interconnexion entre le Niger, l’Algérie, le Nigéria et le Tchad à travers un linéaire à fibre optique de 1.510km.
” La Tunisie aura tout à gagner de ces opportunités dans la perspective de l’établissement de l’interconnexion électrique entre la Tunisie et le sud de l’Europe ELMED et l’intégration de réseaux européens de haut débit MEDUSA qui reliera 10 pays du bassin méditerranéen via un câble sous-marin “, souligne le document de l’IACE.
Evoquant le projet du gazoduc transsaharien reliant le Nigéria et l’Algérie, l’Institut estime qu’il constitue également un autre projet structurant et qui regorge de potentialités économiques.
” Long de plus de 4 000 km, cet axe permettra l’acheminement du gaz nigérian via l’Algérie en transitant par le Niger. L’Algérie pourra ensuite acheminer le gaz via le Transmed, qui relie le pays à l’Italie en passant par la Tunisie “, rappellent les auteurs.
S’agissant du Gabon, les auteurs du document estiment que la coopération bilatérale embryonnaire avec ce pays rend l’impact économique du récent changement politique insignifiant pour la Tunisie.
Et de conclure qu’à ” la lumière des développements sécuritaires sur le terrain, la crainte est de voir ces projets pensés par leurs artisans comme des leviers de croissance et de stabilité suspendus sinon mis en péril “.