Dans une étude qui vient d’être publiée par le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) sur le thème des “coûts de l’éducation pour la société, entre l’illusion de la gratuité et la pression financière sur les familles”, le rapport souligne la gravité de la situation du système éducatif tunisien.
Selon le rapport, “cette crise se manifeste par la régression de tous les indicateurs du système éducatif, que ce soit en ce qui concerne les programmes éducatifs ou les ressources humaines et les équipements, en raison des difficultés financières auxquelles le pays est confronté.
L’une des manifestations les plus marquantes dans ce domaine est la réduction qualitative et quantitative de la fourniture des ressources humaines nécessaires. De la pénurie qualitative, nous en sommes arrivés à parler de pénurie quantitative en raison de l’abandon par l’État du recrutement et de la dépendance envers le travail précaire en faisant appel aux enseignants remplaçants pour combler les postes vacants dans les établissements éducatifs, une situation qui ne cesse de s’aggraver d’année en année.
Il suffit de mentionner la crise des enseignants remplaçants de l’année dernière, qui a entraîné la paralysie des cours dans les écoles primaires depuis le début de l’année scolaire jusqu’à la fin de novembre 2020.
Depuis janvier 2022 jusqu’à la fin de l’année, de nombreux enseignants remplaçants ont participé à des mouvements de protestation en boycottant l’enseignement dans les écoles et les instituts jusqu’à ce que leur situation soit régularisée. Ces mouvements de protestation des enseignants remplaçants ont privé des milliers d’élèves de l’enseignement primaire et secondaire de leur droit à l’éducation.
Le ministère n’a pas réussi à trouver de solution à cette situation autre que d’adapter le système d’évaluation à la réalité imposée par la crise des enseignants remplaçants en exemptant les élèves des examens dans les matières où ils n’avaient pas été enseignés en raison du boycott.
Cette crise a également eu des conséquences sur la formation, avec des jours d’école manqués en raison de la crise sanitaire liée à la COVID-19, lorsque les établissements éducatifs ont été fermés en 2020 en raison du confinement, ou lorsque le système de rotation a été adopté en 2021.
Le nombre de jours d’école manqués s’élevait à 211 jours, soit environ 70 % d’une année scolaire normale de 282 jours. Il convient de noter que le ministère de l’Éducation n’a pris aucune mesure pour remédier au déficit de formation, se contentant d’appeler les enseignants en septembre 2021 à évaluer le niveau des élèves et à élaborer un programme de remédiation des lacunes de leur formation en termes de programmes, sans que cela se concrétise sur le terrain.
Les familles ont été contraintes de remédier à ce déficit de formation en ayant recours à des cours particuliers, supportant ainsi une charge financière accrue, ce qui augmente les dépenses financières que les familles doivent assumer pour l’éducation de leurs enfants.”