Parce que « jeune démocratie », la Tunisie doit-elle ouvrir grandes ses portes à l’ingérence européenne ? Peut-être que si le parlement européen offusqué aujourd’hui de voir un groupe de parlementaire se refuser l’accès à un pays souverain et indépendant, avait réagi à la parodie de démocratie et aux dérives des islamistes et leurs alliés pendant plus de 10 ans, la Tunisie n’en serait pas là.
L’islam politique a été pendant une décennie, encouragé, soutenu par l’Europe laïque malgré le terrorisme, l’atteinte aux institutions de l’Etat, l’emprisonnement de centaines de compétences de manière illégale dans des conditions inhumaines, une corruption et des malversations jamais vécues de l’histoire de la Tunisie, l’évaporation de centaines de millions d’euros partis dans les comptes bancaires des maîtres des lieux, des marchés publics accordés illégalement aux proches du gourou islamiste, des violences subies par les manifestants à Tunis ou dans d’autres régions comme Siliana, des attentats politiques, la politisation des mosquées et nous pouvons citer des milliers d’exactions passées sous silence.
L’Europe ne s’est pas indignée, n’a pas protesté et n’a pas condamné. Elle injectait des fonds aux islamistes sachant qu’ils organisaient les départs par milliers de jeunes tunisiens sur le front syrien dans le mépris total de toute dimension humaine ! Laurent Fabius, ancien ministre français des Affaires Etrangères, de 2012 à 2016, est allé jusqu’à dire que les terroristes du Front Al-Nosra faisaient du « bon boulot » en Syrie. Le Front Al-Nosra massacrait, décapitait et violait de milliers de femmes, hommes et enfants ! No comment !
Du coup, il ne faut pas s’attendre à ce que l’opinion tunisienne avisée et patriote croit les parlementaires européens lorsqu’ils prétendent venir en sauveurs de la démocratie. Cette opinion est consciente qu’ils sont là pour soutenir leurs serviteurs et alliés en Tunisie, sous prétexte de préservation des valeurs démocratiques et dans le mépris total de la souveraineté nationale !
La Tunisie a toujours considéré, à juste titre, l’Europe en tant que partenaire privilégié mais cela ne veut pas dire que les parlementaires européens doivent y débarquer en terrain conquis la considérant comme un vassal ! Toutes les raisons du monde ne justifient pas une attitude aussi peu cavalière ! Mieux encore, les us et usages et l’éthique diplomatiques ne justifient pas qu’un courrier officiel envoyé par des officiels tunisiens soit fuité par un haut représentant européen en Tunisie ! C’est dire à quel point, l’Europe des valeurs se débarrasse de ses grands principes dès qu’un pays tiers exerce sa souveraineté légitime.
Les deux poids, deux mesures dans la défense des principes démocratiques !
Le respect mutuel et la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays, ce sont là des règles inaliénables du droit international. Mais plus que tout respecter les autres peuples, ce n’est pas intervenir dans leurs propres affaires comme ce fût fait en Tunisie, en Libye, en Egypte et en Syrie en 2011 ! Respecter les autres peuples, c’est croire en leurs propres capacités à changer les donnes sur le terrain partant de leur culture et de leur histoire ! Les démocraties parachutées n’ont jamais amélioré la vie des peuples, elles ont plutôt servi les intérêts des parachutés des défenseurs de la prétendue démocratie dont les intentions sont loin d’être honorables ! Tout changement doit émaner de la propre volonté et des efforts de ceux et celles qui subissent la dictature et l’oppression, c’est le meilleur moyen de défendre les acquis.
La Tunisie a toléré, sans réagir, les visites de parlementaires européens, tout au long de ces derniers mois. Nous citons Manfred Weber, président du Parti populaire européen, le premier bloc du Parlement européen, la délégation du parti des Verts et nombre d’autres visites de délégations parlementaires représentant des pays membres de l’Union européenne.
Est-ce à dire qu’à chaque fois que les voix de l’opposition de pacotille s’élèvent et larmoient, une délégation européenne s’autorise à faire une « descente » en Tunisie sans coordination préalable, comme l’exigent les normes reconnues en matière d’organisation des visites de délégations étrangères dans tous les pays du monde ? C’est ce qu’a fait la délégation de la commission des relations extérieures du Parlement européen qui a décidé de son propre chef de visiter la Tunisie entre le 14 et le 16 septembre alors que dans les traditions diplomatiques, ces missions sont toujours coordonnées à l’avance avec les autorités officielles des pays hôtes concernant la date de la visite, la composition de la délégation et le programme de travail.
A notre connaissance, la Tunisie n’a jamais envoyé de délégations parlementaires pour inspecter ou évaluer la situation dans un autre pays, n’a jamais protesté contre les exactions commises à l’encontre des gilets jaunes ou des manifestants sur la réforme de la retraite en France ou contre les arrestations coup de poing survenues la suite de la tentative de complot en Allemagne !
Que la Tunisie décrète les membres de la délégation européenne persona non grata, ceci relève d’une décision souveraine qui ne doit aucunement l’incriminer, d’autant plus que les parlementaires membres de la délégation sont connus pour leurs positions hostiles et partiales. Une délégation qui a voulu forcer les portes d’un pays tiers alors qu’elle a été informée du refus de la visite ! C’est le comble du mépris sous couvert de bonnes intentions !
La guerre menée par des parlementaires européens complaisants contre la Tunisie s’agissant des principes démocratiques alors que ces principes ne sont pas respectés dans nombre de pays arabes et africains sans que ces mêmes parlementaires s’inquiètent outre mesure, prouve encore une fois que ce sont les lobbys de l’argent et les alliances d’intérêt qui forgent les opinions d’une partie non négligeable des députés européens !
Sous couvert de défense des principes démocratiques, tout le monde sait que le partenariat historique Europe-Tunisie entre dans le cadre d’une alliance stratégique et d’intérêts géopolitiques et économiques communs. L’islam politique n’a jamais été démocratique et pourtant, il a été aveuglément soutenu par l’Europe alors pourquoi ne pas être assez honnêtes pour le reconnaître et mettre fin à cette comédie de soutien aux valeurs démocratiques ?
L’insistance des parlementaires européens suscite le doute quant à une possible implication d’un certain nombre de membres de l’une des plus anciennes institutions de l’Europe ou de leurs proches dans la réception d’avantages en nature ou financiers pour servir les intérêts de parties étrangères ! Dans le programme des premières rencontres proposées par la partie européenne, il n’y a eu aucune demande de rencontre avec le ministre des Affaires étrangères ou des officiels tunisiens, ce qui laisse entrevoir des intentions peu respectables.