“La STEG n’est pas réticente aux énergies renouvelables. Elle œuvre plutôt à engager les investissements nécessaires en infrastructures, afin de pouvoir avancer à pas sûrs vers la transition souhaitée “, a affirmé le PDG de la Société tunisienne d’électricité et de gaz (STEG), Hichem Anane, dans une interview accordée à l’agence TAP, suite au dernier Blackout survenu en Tunisie, dans la nuit du mardi 19 au mercredi 20 septembre 2023.
Est-ce que la situation financière de la STEG lui permet d’honorer tous ses engagements en matière d’investissement et d’entretien ?
C’est vrai que la situation financière de la STEG est très difficile. Elle s’est aggravée par le retard de recouvrement des subventions de l’Etat des années antérieures (environ 4500 MD) mais aussi, de l’année en cours (1200 MD de subventions directes et 730 MD au titre de l’ajustement tarifaire qui n’a pas eu lieu). Cette situation contraint la société à contracter des crédits à moyen terme pour faire face à ses dépenses, d’autant plus que la production d’électricité est dépendante à 95% du gaz importé à hauteur de 70% de l’Algérie. Les factures d’importation sont payées mensuellement. La facture moyenne mensuelle est de l’ordre de 150 millions de dollars.
En 2022, le chiffre d’affaires de la STEG était aux alentours de 5900 MD (ventes de l’électricité et du gaz), mais vu les impayés, nous n’avons atteint que 60% de ce chiffre. La facture du gaz en 2022 était, à elle seule, de 7300 MD. Le chiffre d’affaires ne couvre donc même pas la facture gaz, sans parler des autres coûts. Cela impacte un peu notre plan d’investissement mais aucunement nos plans d’exploitation et de maintenance. Nous sommes intransigeants là-dessus.
La situation financière de la STEG est très difficile, aggravée par le retard de recouvrement des subventions de l’État et les factures d’importation mensuelles élevées pour le gaz
Si la dépendance au gaz vous coûte autant, pourquoi cette réticence quant à l’intégration des énergies renouvelables ?
Au contraire, la STEG est plutôt dans une logique d’accélération et d’élargissement de son programme d’intégration des énergies renouvelables. La dernière réunion avec le Chef du gouvernement a porté sur l’accélération de la mise en œuvre du projet de production d’électricité à partir de l’énergie solaire photovoltaïque d’une capacité de 500 mégawatts dans le cadre du système des concessions.
La STEG a aussi, révisé son programme d’intégration d’énergies renouvelables de 1200 mégawatts initialement à 1700 mégawatts. Elle a par ailleurs, engagé de grands investissements, avec l’appui financier de la Banque mondiale, pour le renforcement et l’extension du réseau national de transport d’électricité afin d’intégrer les énergies renouvelables, produites en grande partie par des opérateurs privés.
Le gaz national ne couvre que 30% de nos besoins, et nous n’avons aucune perspective de nouvelles découvertes jusqu’à 2030
Nous ne sommes pas du tout réticents, mais nous sommes en train de mettre en place tous les mécanismes et garanties nécessaires aux investisseurs pour pouvoir avancer à pas sûrs, d’autant plus que les coûts du renouvelable sont de loin meilleur surtout face au déficit structurel en gaz que connaît le pays. Le gaz national ne couvre que 30% de nos besoins et nous n’avons aucune perspective de nouvelles découvertes jusqu’à 2030.
La sécurité énergétique du pays dépendra fortement à l’avenir des énergies renouvelables et la STEG est en train de pousser vers la transition souhaitée vers ces énergies.