Hassouna Mesbahi, auteur tunisien de langue arabe, lance un appel pour que la littérature nationale contemporaine soit intégrée dans les manuels scolaires. Il regrette la marginalisation des intellectuels par la non-reconnaissance des écrivains tunisiens et le fait que notre littérature soit le plus souvent écartée des programmes éducatifs nationaux.
Mesbahi affirme que l’écrivain tunisien demeure méconnu auprès des jeunes générations et les manuels scolaires se limitent à l’enseignement de genres littéraires telle que la poésie ancienne, citant Jamil Bouthaina (un genre de poésie d’amour bédouine datant de la fin du 7ème siècle).
Son expérience littéraire était au cœur d’un hommage qui lui a été rendu à l’ouverture, vendredi, de la saison culturelle au cinéma-théâtre Rio à Tunis. Ses récentes publications (un recueil d’articles et un roman) étaient au menu d’une rencontre-débat animée l’écrivain-journaliste Noureddine Bettaieb, en présence d’écrivains, de poètes, de chercheurs et de lecteurs.
Ce rendez-vous littéraire a permis d’aborder des questions en lien notamment avec la pensée critique dans la littérature et la philosophie tout en insistant sur le rôle du livre car, comme l’a bien souligné Hassouna Mesbahi, “sans le livre l’humanité disparaîtra”.
Mesbahi dit appartenir à “une génération postindépendance opprimée avec des rêves brisées et qui est actuellement en déclin”.
Au moment où ce qu’il qualifie d'”élite intellectuelle” est censée avoir un rôle de premier plan dans la société, la Tunisie accorde peu d’intérêt pour cette catégorie sociale”, indique cet homme de Lettres.
“Les spécialistes qui sont en mesure de créer une valeur ajoutée devraient avoir leur mot à dire dans la Consultation nationale sur la réforme du système éducatif, lancée le 15 septembre courant, a déclaré Mesbahi estimant qu’elle ne devrait pas être accessible à tout le monde”.
La notion du cadre spatio-temporel dans sa vie et ses écrits était au cœur de l’intervention de cet écrivain qui avait auparavant séjourné à Munich (Allemagne), pour plus de trente ans, avant de déménager à Hammamet en 2006 puis il y a quelques années dans son village natal (Dhehibet), près de Kairouan.
Cet auteur ayant collaboré avec les plus grands médias écrits arabes, a dévoilé ses opinions sur des questions d’ordre littéraire et public. Il a évoqué ses nombreux voyages ce qui constitue pour lui une ouverture sur l’autre mais demeure toujours attaché à ses racines et son village où il vit actuellement.
Largement convaincu de l’importance cruciale de l’espace, il se dit particulièrement attiré par l’œuvre des écrivains qui s’attardent sur la notion de territoire et de l’époque dans leurs écrits.
Pour son dernier roman, il explique avoir opté pour un style de narration qui donne la parole à plusieurs personnages assez célèbres de l’histoire dont des écrivains, poètes et artistes peintres, en levant le voile sur des chapitres peu connus de leur vie auprès du grand public.
Evoquant les grandes références de la littérature et la philosophie mondiale dont l’oeuvre et la pensée soulèvent les questions majeures de leur époque, il cite des noms comme l’Allemand Heidegger, les Français Foucault et Balzac. Il adhère pleinement à l’idée d’un écrivain cultivé et familiarisé avec les différentes formes d’art.
A son avis, l’écrivain doit avoir une large connaissance car son rôle est d'”écrire sur le présent en faisant revivre le passé”.