« Le rapport sur le monde en 2040 vu par la CIA » est disponible, ces temps-ci, dans les librairies de Tunis. Il s’agit d’un document prospectif sur les tendances que connaîtront des différents secteurs, d’ici une quinzaine d’années, dans les domaines : économique, démographique, environnemental, social, géopolitique et politique.
Globalement, ce best-seller prospectif du renseignement américain, révèle « une vision inquiétante de 2040, celle d’un monde fragmenté, contesté, sous-tension et confronté à des risques et enjeux sans frontières ».
Objectif du rapport : livrer à la veille de chaque présidentielle américaine un état du monde à venir, des risques et des dangers qui pèsent sur les Etats-Unis, leurs alliés et le reste de l’humanité. « Le rapport sur le monde en 2040, annonce des bouleversements, en une génération, comme aucune autre n’en a vécu dans l’histoire de l’humanité : dans le domaine du climat, de la connectivité, de la biotechnologie, de l’intelligence artificielle, de la 4ème révolution industrielle », lit-t-on dans la présentation du rapport. En voici les principales projections.
Les grands défis à relever
En matière géopolitique, le rapport de la CIA évoque la rivalité sino-américaine et la qualifie de « centrale ». Le document nous apprend, à ce propos, que la tendance démographie s’est maintenant inversée : la population chinoise est déjà vieillissante et c’est en réalité l’Inde qui va dépasser la Chine en population d’ici quelques années, ce qui redistribuera les rôles.
Il y a un volet technologique, avec les grandes tendances à venir, comme l’Intelligence artificielle (IA), d’application militaire, médicale, civile.
Il y a aussi les objets connectés. Il y en avait 10 milliards en 2018, il y en aura d’après la CIA des centaines de milliards en 2040.
Dans le domaine politique, le rapport estime que « les démocraties occidentales risquent de continuer à perdre en légitimité. Les décisions seront de moins en moins tolérées et l’Etat-providence ne parvenant plus à financer sa population vieillissante. Pour toutes ces raisons, le rapport croit en la possibilité d’intenses conflits sociaux, qui mettront en difficulté la stabilité politique des pays occidentaux ».
Au plan démographique, avec 1,4 milliards d’habitants en plus, le monde ne sera ni plus tranquille, ni plus propre, et les mouvements migratoires vont s’intensifier. Le rapport s’interroge sur les solutions que les décideurs vont trouver à de graves problèmes. Parmi ceux-ci figurent le vieillissement des populations, la pression migratoire, le stress hydrique, le changement climatique, l’éducation et l’encadrement des jeunes, le rôle des technologies…
Le document fait une mention spéciale à la crise écologique, qui pose d’immenses défis structurels, tant au plan de l’énergie, de la dégradation de l’environnement que de la sécurité des personnes.
Au rayon économique, le rapport estime que l’environnement économique sera soumis à l’inattendu. Il sera marqué par l’accroissement des dettes souveraines, des bouleversements sur le marché du travail, l’emprise de multinationales sur les relations commerciales…
Malgré tous les dangers, le rapport, qui rappelons-le est un produit du renseignement américain, reste optimiste sur la capacité des Etats-Unis à manœuvrer dans ce monde contesté. Ce qui est loin d’être une surprise.
En Tunisie, les cadres et décideurs tunisiens qui lisent généralement très peu, ont intérêt à lire ce rapport indispensable. Sa lecture leur permet d’être avertis et informés à temps sur les éventuels bouleversements signalés dans ce rapport.
Est-il besoin de rappeler que la Tunisie est aussi exposée à de gros risques cités dans ce rapport. Il s’agit particulièrement, du réchauffement climatique, du manque d’eau, de l’évolution du concept de la démocratie, de l’énergie, de la pression migratoire….