Le secteur bancaire doit jouer pleinement son rôle dans le financement des investissements et des projets, révèle une étude sur “les problématiques du financement de l’économie” élaborée par le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES).

L’étude appelle à la nécessité d’entreprendre une transformation profonde du système bancaire tunisien afin d’accroître ses performances dans le domaine du financement de l’économie, des particuliers et des petites et moyennes entreprises (PME).

Ladite étude, qui a fait l’objet d’une journée d’étude organisée lundi, à Tunis, a proposé en outre l’activation de l’économie sociale et solidaire (ESS) susceptible d’être un levier pour booster l’épargne et l’investissement en Tunisie.

“Le secteur bancaire tunisien doit jouer pleinement son rôle dans le financement des investissements et des projets.”

Le chargé des études au FTDES, Abdeljelil Bedoui a souligné, à cette occasion, que ” le problème du financement de l’économie tunisienne est devenu dangereux étant donné que le pays souffre d’une crise financière publique complexe “.

Abdejelil BedouiLe conférencier a évoqué l’aspect historique et structurel du financement de l’économie à travers l’héritage colonial, lequel a impacté négativement le taux d’épargne qualifié de “faible”. Et de poursuivre que ceci est expliqué par les transferts de richesses vers l’étranger au profit des pays industrialisés.

Il a, également, évoqué que le modèle de développement adopté depuis l’indépendance, en particulier depuis les années soixante, est considéré comme ” un modèle dont les capacités ne peuvent pas renforcer le volume de la richesse et préserver la richesse productive “. Ceci est justifié, selon lui, par la présence de plusieurs circuits de transfert d’argent de manière illicite et de contrebande d’argent à travers des institutions non-résidentes qui ont le droit de transférer leurs bénéfices et des services de la dette.

Bedoui a expliqué que ces facteurs ont mené à une économie qui fonctionne pour le compte d’autrui parce que tous les fondements de création de richesse sont en train de disparaître.

“L’étude appelle à la nécessité d’entreprendre une transformation profonde du système bancaire tunisien.”

L’étude a recommandé la nécessité d’améliorer les performances du système bancaire en vue de d’atteindre le niveau de certains pays dans lesquels les crédits représentent plus de 100% du PIB. Le document propose de réduire le recours à la dette extérieure via l’amélioration du rendement du secteur bancaire et l’amélioration de la petite épargne à travers la dynamisation de l’économie solidaire et sociale qui est en mesure de mobiliser des financements et d’améliorer l’épargne.

Pour Bedoui, l’amélioration des performances du système bancaire passera nécessairement par la restructuration, et ce, via la réduction du nombre des banques à l’instar du Maroc où le nombre des banques est inférieur à celui de la Tunisie, mais les prêts dépassent les 100% du PIB. Il a, par ailleurs, critiqué la faiblesse du financement bancaire des PME qui représentent 90% du tissu économique, mais obtiennent seulement 12% de ce financement.

L’étude a été élaborée par cinq économistes à savoir Abdejalil Bedoui, Zied Saadaoui, Mongi Mokadem, Mohamed Sami Nebiet et Nourel Houda Jelassi.

La première partie porte sur l’historique du problème du financement et sa relation avec les composantes du modèle de développement.

La deuxième partie de l’analyse a abordé le bilan de la contribution du système bancaire tunisien au financement de l’économie tunisienne et a insisté sur la nécessité d’une profonde transformation du système bancaire afin d’accroître ses performances dans le domaine du financement de l’économie, des particuliers et des petites et moyennes entreprises (PME).

“Le problème du financement de l’économie tunisienne est devenu dangereux étant donné que le pays souffre d’une crise financière publique complexe.”

La troisième partie a diagnostiqué la contribution du financement extérieur dans la consolidation du développement de la Tunisie en vue de l’intégration croissante de l’économie tunisienne dans l’économie mondiale, tout en soulignant sa contribution limitée.

La quatrième partie de l’étude a mis l’accent sur la nécessité de promouvoir l’épargne nationale en tant que moyen essentiel de financement des investissements et de consolidation du processus de développement en entreprenant une réforme fiscale audacieuse, en augmentant les ressources non fiscales, en rationalisant les dépenses publiques et en développant l’épargne populaire à l’effet de réduire l’écart croissant entre le taux d’épargne dans le PIB et le taux d’investissements qui a atteint 9% en 2020.

Concernant la cinquième partie, l’étude souligne la nécessité de développer une économie solidaire et sociale comme source supplémentaire de financement et un élément important pour enrichir le tissu économique et institutionnel tout en augmentant le rythme de la création de richesses et en renforçant la voie du développement.

La sixième partie a également abordé la question de la microfinance comme moyen d’accroître l’intégration financière des catégories des personnes exclues du circuit économique et de diffuser une culture d’initiative, de prise de risque et de lutte contre la pauvreté et la marginalisation.