En Afrique du Nord, particulièrement en Tunisie, les zones humides sont naturellement fragiles et vulnérables aux aléas climatiques et aux interventions humaines. La restauration de ces zones pose un défi urgent pour le pays qui s’est engagé depuis janvier 2023, dans un projet de restauration des zones humides en Afrique du Nord, mené par le Fonds Mondial de la Nature (WWF) d’Afrique du Nord, en partenariat avec l’Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS).
Le projet ” Restauration des zones humides d’Afrique du Nord en tant que solution fondée sur la nature pour améliorer la sécurité hydrique et alimentaire (Restore NAW) ” a été présenté, jeudi, lors d’un atelier régional de partage d’expériences et de bonnes pratiques pour la gestion et la préservation des zones humides en Afrique du Nord.
Par définition, une zone humide est une surface émergée saturée d’eau ou inondée, soit en permanence, soit selon les saisons. Il en existe trois types : les zones humides continentales, les zones humides côtières et les zones humides artificielles. Elles offrent à l’homme et aux autres espèces qui y vivent un cadre de vie de qualité afin qu’ils puissent prospérer dans un monde sain.
Intervenant, la coordinatrice du projet au WWF NA, Asma Yahyaoui, a fait savoir que “Restore NAW” est une initiative régionale de trois ans (2023-2025). Les deux sites pilotes retenus par ce projet sont le complexe lagunaire de Ghar el Melh (Bizerte) en Tunisie et le bassin versant de Sebou au Maroc. Ces zones ont été sélectionnées en raison de leur importance critique pour la biodiversité locale et mondiale. La restauration de ces zones humides ne contribuera pas seulement à préserver la richesse naturelle, mais également à renforcer la résilience des communautés locales face aux défis environnementaux en constante évolution “.
“L’objectif de ce projet est de gérer et de conserver de manière efficace les ressources en eau douce dans les sites ciblés, apportant ainsi, un soutien crucial aux écosystèmes tant au niveau local que mondial. En mettant l’accent sur la coordination régionale, le projet aspire à promouvoir les meilleures pratiques en matière de Solutions Fondées sur la Nature (SFN)”.
En Tunisie, a-t-elle enchaîné, le WWF d’Afrique du Nord mène actuellement une étude sur le fonctionnement du sol et de l’hydrologie dans l’agriculture traditionnelle des “Gatayas” au niveau de la Sebkha de Sidi Ali El Mekki dans l’objectif d’identifier la solution adéquate de restauration pour l’amélioration du débit et de la qualité des eaux de la Sebkha, tout en valorisant le savoir-faire et la typicité des systèmes de production agricole pluviale “.
“En plus, un travail de soutien aux agriculteurs est engagé pour mettre en œuvre l’agriculture intelligente en favorisant le recours aux meilleures pratiques agricoles en matière d’utilisation des données météorologiques pour une meilleure planification de l’irrigation et d’engrais dans les périmètres publics irrigués de Ghar el Melh “.
De son côté, le représentant de l’OSS, Nabil Hamada a indiqué que ” la sécurité de l’eau est une préoccupation majeure et croissante dans le continent africain et les zones humides offrent des solutions confirmées pour cette sécurité. Bien que ces zones ne couvrent qu’environ 6% de la surface du globe, 40% de toutes les espèces végétales et animales y vivent ou s’y reproduisent. Ce qui est inquiétant c’est qu’elles disparaissent trois fois plus que les forêts. Environ 35% des zones humides mondiales ont disparu depuis 50 ans “.
Toujours selon lui ” les services écosystémiques rendus par ces zones sont nombreux : maitrise des crues, recharge de la nappe, épuration de l’eau, source de revenus, loisirs, tourisme, etc “.
” L’Afrique du nord, la région la plus aride de l’Afrique, recèle moins de 1% des ressources en eau renouvelables alors qu’elle représente 19% de la superficie du continent. Elle dispose en moyenne de seulement 617 m3/habitant/an, le plus faible potentiel en eau par habitant au niveau mondial. La Tunisie est en situation de pénurie (500 m3/hab/an). Cette rareté de l’eau est exacerbée par les impacts du changement climatique couplés à la croissance démographique”.
“Particulièrement en Afrique du Nord, les zones humides sont naturellement fragiles et vulnérables. Les facteurs de dégradation incluent la pêche excessive, la pollution de l’eau, les pesticides, les déchets de toute nature (plastique notamment), les espèces exotiques envahissantes, les sécheresses récurrentes et prolongées par l’évapotranspiration… La dégradation et la fragmentation des écosystèmes sont considérés comme la première cause de déperdition des éléments de la biodiversité “.
” La restauration en tant que solution basée sur la nature, se présente comme la solution la plus équilibrée, la plus durable et la plus fiable écologiquement ” a-t-il conclu.