L’élévation du niveau de la mer pourrait toucher près d’un quart de la zone côtière tunisienne d’ici 2050, entraînant potentiellement, une perte totale de terres d’une valeur de 1,6 milliard de dollars, prévient un ” Rapport national sur le climat et le développement en Tunisie” publié, mercredi, par le Groupe de la Banque mondiale, en prélude à la COP28.
Toutefois, “ce chiffre peut être ramené à 44 millions de dollars, en adoptant une approche de gestion intégrée rigoureuse des zones côtières”.
“La probabilité d’inondations catastrophiques devrait presque décupler, et les coûts de remise en état des actifs routiers à eux seuls après ces inondations, pourraient atteindre 277 millions de dollars d’ici 2050. Ces risques mettent en péril les moyens de subsistance des personnes vivant sur la côte et dans les zones inondables”, souligne le document.
“La perte de surface entraînera des pertes indirectes importantes, le secteur du tourisme étant l’un des plus touchés. Dans l’hypothèse où aucune mesure d’adaptation n’est prise pour protéger le secteur touristique dans les zones côtières, les conséquences directes et indirectes de la perte de surface coûteraient à l’économie tunisienne jusqu’à 6,9% du PIB d’ici 2050, en raison des impacts en cascade sur les activités d’hôtellerie, de restauration et d’alimentation, les recettes publiques, les activités économiques liées au tourisme et les emplois”, selon le même rapport.
La BM recommande ainsi, “des interventions ciblées visant à protéger les zones côtières et leurs activités économiques qui permettront de prévenir certains dommages liés à l’élévation du niveau de la mer. Le type d’intervention dépend de la zone côtière. Pour les zones naturelles dotées d’atouts (comme les plages), les interventions devraient se concentrer principalement, sur des mesures de défense douce telles que l’ajout de sédiments ou de sable le long du littoral, la conservation des dunes et la mise en œuvre de solutions fondées sur la nature comme l’augmentation de la couverture végétale pour stabiliser le sol “.
Par ailleurs, ” le développement d’une chaîne de valeur touristique diversifiée, c’est-à-dire offrant un tourisme tout au long de l’année qui tirerait parti de paysages uniques à l’intérieur des terres et des biens patrimoniaux ainsi que des attractions côtières, contribuerait à réduire les risques pour le secteur du tourisme “.
Le rapport plaide aussi en faveur de la protection des infrastructures essentielles contre les inondations et l’élévation du niveau de la mer. ” La Tunisie aurait également intérêt à investir dans l’amélioration du transport multimodal pour renforcer la résilience du réseau de transport” et ce en augmentant les investissements dans les chemins de fer et les ports maritimes, y compris au moyen de partenariats public-privé.
Et de rappeler que “la Tunisie a pris des mesures importantes pour améliorer sa résilience aux catastrophes, notamment en publiant la stratégie nationale de réduction des risques de catastrophe à l’horizon 2030. Néanmoins, il reste des possibilités d’améliorer sa résilience, notamment en mettant à jour et en appliquant les codes de construction et les normes de conception, en particulier pour les infrastructures publiques essentielles. Le renforcement de la résilience des infrastructures passe également, par le renforcement de la capacité et de l’autorité des institutions locales en matière de gestion et de protection” selon dans ce rapport.