Faire de notre gastronomie un marqueur de l’art de vivre tunisien. Et, un booster du tourisme durable.
Ce mardi 28 novembre, a été organisée à Tunis, la première conférence internationale du tourisme culinaire et créatif. L’Organisation Mondiale du Tourisme (OMT), la coopération allemande GIZ, ainsi que le ministère tunisien du tourisme ont joint leurs efforts pour réaliser cet événement.
Un challenge haut en saveurs
Ce fut une journée comme on les aime. Les professionnels ont copieusement pris la parole. Ils s’engagent à relever un défi de bon goût : Sublimer nos ingrédients régionaux tel l’Harissa ou l’huile d’olive en vue de faire le branding de nos recettes traditionnelles. Le but est de reprofiler une identité culinaire tunisienne et l’enrober dans un format marketing.
Cette initiative vise à enrichir la tradition par la créativité de sorte à entretenir, en permanence, la curiosité des touristes. Cette ambition gastronomique est doublée d’une motivation économique. En effet à l’instar de ce qui a été fait alentour, soit en Grèce, en Italie et plus récemment au Maroc. On peut faire en sorte que ce ressort culinaire devient un booster du tourisme durable.
“La gastronomie tunisienne est un atout majeur pour le tourisme” – Mohamed Moez Belhassine, ministre du tourisme
Les professionnels militent pour reconfigurer la physionomie de notre destination touristique. De gîte hospitalier, avec une tradition balnéaire marquée, on peut basculer vers une destination rabelaisienne*. Et pour cela ils travaillent à offrir un couvert et une table de circonstance. L’enchantement du palais relève bien de la dynamique de l’émerveillement des sens que doit perpétuer la singularité de la destination touristique tunisienne.
L’initiative de raffinement culinaire est originale. Elle annoncerait le tournant de la transition du tourisme durable.
Valoriser les saveurs régionales
La renaissance culinaire peut s’appuyer sur les sites régionaux ainsi que l’expertise des ‘’Chefs qui portent toque’’ et le prestige des restaurants classés. La réputation de la cuisine française se nourrit bien des réussites de sites locaux et Stéphane Méjanes, journaliste, d’évoquer le cas de l’ile de Noirmoutier.
L’affluence touristique vers l’île s’appuie bien sur la réputation de certains produits propres telle la fleur de sel marin, l’huître et la pomme de terre. Naturellement la palette de recettes locales vient en appui. Pareil, Jaume Gomila a évoqué le palmarès culinaire de l’île de Minorque, dans les Baléares, laquelle attire par ses produits phares.
Il s’agit du homard et de son fameux ragoût, du riz de terre ainsi que du célèbre dessert ‘’Ensaimada’’. Chef Wafid Belaid soutient que nous sommes tout aussi bien dotés que nos compétiteurs en la matière. Et, le Chef d’ajouter que nous disposons de produits de base de prestige lesquels ont été bien valorisés comme produits de terroir notamment par le programme tuniso suisse, PAMPAT. Et que les DMO (Destination Manager Operator) effectuent un travail remarquable.
“Nous disposons de produits de base de prestige” – Chef Wafik Belaid
On a pu le mesurer à travers l’intervention de Hamda Abdellaoui, président de la DMO qui mettait en lumière le riche patrimoine culinaire de Djerba. Et chef Wafik d’insister sur la diversité de la gastronomie tunisienne qui porte les empreintes berbère, juive, ottomane, arabe et italienne. Ce cocktail nous procure un précieux bonus qui nous permet en toute confiance à engager la compétition.
Et Stéphane Méjanes de rappeler que la cuisine suédoise laquelle n’avait pas les faveurs des pronostics a réussi à se maintenir en haut du podium sur les dix dernières années, dans un climat de compétition serré. Avis aux becs fins.
Les canaux promotionnels
Il est important de savoir communiquer sur cette nouvelle tendance pour le tourisme tunisien. En réalité Ahmed Bettaieb, président de la FTAV rappelle que les professionnels tunisiens du tourisme n’en sont pas à leur coup d’essai. Et que la composante gastronomie est bien intégrée au packaging actuel.
Il reste qu’il faut bien savoir comment rayonner mondialement via les guides internationaux dédiés comme le rappelait Aliette de Crozet, journaliste. Et, pour cela il convient de faire venir le guide français Michelin, l’incontournable.
Et si l’on veut brasser plus large, il convient de recevoir le guide anglais qui fait autorité dans le monde anglo saxon à savoir ‘’World 50 Best restaurants. Il ne faut pas négliger de recourir à la diplomatie gastronomique ajoute Wafik Belai en adressant régulièrement des publications dédiées aux ambassades étrangères accréditées à Tunis.
“La cuisine tunisienne est riche et diversifiée” – Stéphane Méjanes
Et, de marquer le coup par des menus appropriés aux évènements importants que nous accueillons. La présence ‘’Multicanal’’ signifie une présence sur le web et sur les sites des TO de même que le rappelle l’expert marocain Mohamed Boukhrouk lequel a été mandaté par GIZ pour implémenter l’expérience marocaine en la matière.
Tout cela viendrait en appui au site actuellement opérationnel de la route culinaire de Tunisie**. Katherin Gerhard, Project Manager chez GIZ évoquait les 6 produits phares qui garnissent le site à savoir le Fromage du Nord Ouest, l’Harissa du Cap Bon, l’olive du centre et du Dahar, le vin du Nord, les dattes du sud et le poulpe de Kerkennah.
Nous pouvons pour notre part les enrichir d’une foule d’autres produits notamment le gibier du Nord-ouest, le mouton de Thibar ainsi que la langouste de l’île de la Galite. Le site comprend également divers parcours et autres itinéraires sur tout le territoire où l’on peut déguster des recettes savoureuses pour agrémenter un séjour dans nos contrées. Et de même que le suggérait Leila Tekaia, représentante de l’ONTT à Madrid, on peut encore pimenter ces évasions par la participation aux diverses campagnes agricoles et de cueillette ce qui contribuerait à dépasser la saisonnalité du tourisme tunisien.
Le nouveau branding : Jouer sur la singularité de l’empreinte culinaire
Faire du voyage un évènement sensoriel qui transcende le temps, c’est par cette envolée lyrique que Leila Tekaya a décrit ce que doivent être les sensations du touriste à son départ de Tunisie. Après, rajoute-t-elle qu’il ait apprécié ‘’l’Harissa comme un flambeau, les dattes comme douces caresses, le poulpe comme contenu des mers, les olives comme emblèmes d’abondance, le fromage comme narrateur pastoral et le vin comme une muse’’. Ce jour-là tous les professionnels ont admis avoir participé à faire avancer la cause.
Cependant l’effort digital est au-dessus de leurs moyens, les concours de chefs internationaux également et le travail de branding nouveau appelle des renforts que seul l’Etat possède. En clôture des travaux de cette journée, Mohamed Moez Belhassine , ministre du tourisme a adressé aux professionnels privés un clin d’œil rassurant qui signifie en substance ‘’message reçu’’.
*François Rabelais, auteur français de la renaissance a sublimé les plaisirs de la table.
**www.larouteculinaire de tunisie.info