Une analyse de la chaine des valeurs en aquaculture en Tunisie a fait ressortir l’impératif d’améliorer la performance de l’élevage aquacole, et d’optimiser la gestion de l’alimentation.
Ces analyses, menées à travers un projet pilote à Monastir, réalisé dans le cadre de la 2ème phase du projet “Switch Med”, en Tunisie, ont montré un excès d’utilisation des aliments des poissons.
La performance en élevage aquacole est mesurée par le biais d’un indicateur de mesure dit “taux de conversion alimentaire”. Il oscille entre 1,9 kg et 2,5 kg, alors que la référence internationale se situe à 1,6kg.
“Dans ce projet, nous avons utilisé des technologies diverses, qui ont permis d’assurer une bonne distribution d’aliments au niveau des cages, de réduire le taux de mortalité des poissons et d’ améliorer leur croissance”, a précisé Benoit Wuatelet , Chef d’équipe “Economie bleue” au sein de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI), lors d’un atelier, tenu mardi sur “Innovation et Circularité dans l’Aquaculture Tunisienne”.
“L’objectif est d’augmenter la production à 56 mille tonnes à l’horizon de 2030”, a déclaré Esma Bounouh
Ces technologies concernent principalement l’intelligence artificielle, à travers l’analyse d’image, pour identifier la taille du poisson et doser précisément les quantités d’aliments, ainsi que la communication à distance, par le biais des antennes 4G.
Le projet pilote, qui prendra fin en juin 2024 et qui a été réalisé en partenariat avec le secteur privé, a permis de montrer la contribution des technologies innovantes et intelligentes à l’amélioration des performances économiques du secteur aquacole, a souligné le directeur à l’Institut national de recherche et des technologies de la mer (INSTM), Mohamed Salah Azaza.
D’après lui, ces technologies peuvent contribuer à la réduction du taux de conversion alimentaire (utilisation et gestion de l’alimentation ), lequel représente 60% du coût de la production aquacole en Tunisie.
Il s’agit aussi de réduire énormément l’impact sur l’environnement, d’améliorer la compétitivité de l’entreprise et de changer la perception du consommateur, des organisations environnementales et de la société civile vis-à-vis de l’image de la filière aquacole en Tunisie.
“Des incitations fiscales et financières sous forme de subventions sont également accordées”,
En Tunisie, une trentaine de sociétés sont actives dans l’aquaculture, dont 20 sont spécialisées dans la pisciculture marine. Les exportations des produits aquacoles varient entre 10% et 15% de la production nationale, laquelle a atteint 21 mille tonnes en 2022. L’objectif est d’augmenter la production à 56 mille tonnes à l’horizon de 2030. Les explorations sont destinées aux pays de l’Union européenne (UE), aux pays du Golfe, et vers le Canada.
Esma Bounouh, chargé du programme d’Appui au Développement durable dans le secteur de l’Agriculture et de la Pêche artisanale en Tunisie (ADAPT), à l’Agence italienne de coopération au développement (AICS) est revenue sur une ligne de crédit, gérée par la BCT et les institutions financières, de 57 millions d’euros dans le cadre d’un programme d’appui au secteur privé et à l’inclusion financière dans les domaines de l’agriculture, et de l’économie sociale et (PRASOC).
Prés de 119 millions de dinars sont déjà décaissés et 280 opérations ont été financées dans le secteur de l’agriculture, de la pêche et de l’aquaculture, permettant de créer 4 mille emplois.
“La production aquacole est passée de 3000 tonnes en 2006 à 21 mille en 2022”, a fait savoir, Antonino Trimarchi, Coordinateur Programme SwitchMed/ONUDI pour la Tunisie-Maroc.
Des incitations fiscales et financières sous forme de subventions sont également accordées (un taux oscillant entre 15% et 50% du coût de l’investissement) . Leur valeur annuelle est estimée, en moyenne, à 20 millions de dinars, selon la Directrice centrale de l’encouragement de l’investissement à l’Agence de promotion des investissements agricoles (APIA).
Le programme “Switch Med“, est axé, en Tunisie sur deux filières: le textile et l’économie bleue, a rappelé le représentant de l’ONUDI En Tunisie, Lassaad Ben Hassine. Pour l’industrie du textile et de l’habillement, il s’agit de soutenir le secteur privé à travers la promotion de l’économie circulaire et pour l’économie bleue, il est question d’accroitre la durabilité de la chaine de valeur des produits de la mer en Tunisie.
La production aquacole est passée de 3000 tonnes en 2006 à 21 mille en 2022 avec une évolution de sa contribution à la production halieutique nationale de 3% à 13%. En valeur, la production est passée de 41Millions de dinars en 2006 à 329 MD en 2022. Les performances enregistrées sont expliquées par l’implantation des projets de pisciculture marine en cage offshore.
Une douzaine d’entreprises tunisiennes et étrangères venant de Danemark, de Norvège, de la Grèce, de Malte, de la France et de l’Espagne, tiendront des rencontres avec une quinzaine d’aquaculteurs pour échanger sur les solutions innovantes dans le domaine de l’aquaculture, a fait savoir, Antonino Trimarchi, Coordinateur Programme SwitchMed/ONUDI pour la Tunisie-Maroc.
SwitchMed est un programme lancé par l’Union européenne (UE) dans 8 pays du bassin méditerranéen, dont la Tunisie, visant à stimuler la création de nouvelles opportunités d’affaires et d’emplois, tout en réduisant l’empreinte environnementale des activités économiques existantes dans le sud de la Méditerranée.