L’Association de Lutte contre l’Economie de Rente (Alert) a appelé à accélérer la transformation de la Poste Tunisienne en une banque postale, et ce, dans le cadre de ses recommandations qui portent notamment sur la révision des conditions d’exercice des opérations bancaires dont l’interdiction d’une contribution dépassant 5% du capital de plus d’une banque, outre la mise en place d’un organe de contrôle bancaire indépendant.
Alert a appelé également, dans un communiqué publié mercredi, à l’adoption d’autres mesures dont l’adoption de la gratuité de certains services bancaires, notamment ceux liés aux dépôts, l’annulation de la discrimination en matière de frais et services, en plus de la mise en place d’une gouvernance compétitive pour les banques.
Au sujet de la transformation de la Poste Tunisienne en une banque, une demande réclamée par l’institution même, l’Association a rappelé que cette mutation revêt une grande importance compte tenu de son rôle en termes d’inclusion financière, de lutte contre l’économie parallèle et d’appui aux groupes vulnérables en matière d’accès aux financements.
Le potentiel en matière d’inclusion financière à travers la Poste est significatif. En effet, 700 000 Tunisiens visitent quotidiennement, les bureaux de poste, qui gèrent 3,6 millions de comptes d’épargne et 1,8 millions de CCP, outre un total d’avoir de 13 milliards de dinars, selon une étude intitulée. ” L’inclusion financière et son rôle dans la réduction de l’informalité en Tunisie ” et publiée, en juin 2023, par l’Institut Tunisie des Etudes Stratégiques (ITES) relevant de la Présidence de la République.
Selon la même source, l’encours moyen des comptes d’épargne est de 2200 dinars, d’où son rôle particulier sur le marché de la microfinance qui lui permet de répondre à une demande réelle de sa clientèle en matière de petits crédits.
” La Poste peut, également, jouer un rôle très important dans plusieurs chantiers auxquels fait face la Tunisie, dont l’inclusion financière ” d’après la même source. Le Maroc a pu gagner plus de 10 points de pourcentage dans son taux de bancarisation lors de la transformation de la poste marocaine en banque, a rappelé l’étude.
D’autre part, la communauté financière fait régulièrement état de l’obtention des banques tunisiennes de commissions et d’intérêts, ce dans le cadre des appels lancés en vue de modifier certaines dispositions de la loi n° 48 de 2016 régissant l’activité des banques et des institutions financières, en particulier dans le domaine des autorisations, des transactions bancaires et de la gouvernance bancaire.
Pour rappel, les banques tunisiennes facturent 83 dinars par mois sur chaque compte bancaire au titre de commissions et intérêts qui, selon les résultats financiers des banques en 2022, totaliseraient environ 4364,9 millions de dinars.
Les comptes bancaires en Tunisie, indépendamment des comptes d’épargne, sont estimés à environ 4 millions et 359 mille et génèrent d’importantes commissions sur l’ensemble du secteur, tandis que la part du secteur bancaire public est de 30,2%. Les banques tunisiennes financent selon les critères de gestion des salaires et des primes de leurs agents principalement à partir de leurs marges bénéficiaires, qui constituent principalement des commissions et des intérêts qu’elles imposent sur les clients