Dans un entretien accordé à la TAP, le Tunisien Haykel Ben Mahfoudh, un des 18 juges qui viennent d’être élus à la Cour pénale internationale (CPI), a souligné son engagement, en sa qualité de juge tunisien et arabe, à consacrer une approche juridique centrée sur la revendication des droits légitimes et leur mise en œuvre, sur le droit des victimes à connaître la vérité et sur leur droit à une réparation équitable.
Docteur en droit international humanitaire, il précise avoir été élu juge à la CPI non pas en tant que personne nommément désignée mais plutôt en sa qualité de juriste issu d’une tradition juridique tunisienne, arabo-africaine et méditerranéenne bien ancrée dans la justice pénale et la protection des droits de l’homme.
Abordant la mission de la CPI, Haykel Ben Mahfoudh a souligné la nécessité de répondre parfaitement aux aspirations et aux attentes des peuples et des Etats, notamment, lorsqu’il est question de statuer sur des crimes et de violations dont le mobile est culturel, religieux ou ethnique ou encore portant atteinte à l’environnement ou encore des atteintes perpétrées en temps de conflits armés ou d’agression.
Il affirme que son élection, une première du genre pour un juriste tunisien et arabe depuis la création de la Cour en 2002, a bénéficié de l’appui de la présidence de la République et du ministère des Affaires étrangères, en plus des efforts déployés par les missions diplomatiques. L’objectif étant, explique-t-il, de mobiliser tout le soutien pour booster sa candidature en tant juriste “tunisien” et “arabe” dans une perspective de “percer” le système de la justice pénale internationale.
Une élection qui, rappelons le, survient sur fond de manifestations imposantes dans les quatre coins du monde pour décrier des atrocités commises à Gaza et plaider en faveur d’une justice pénale internationale plus juste et équitable.
Evoquant la philosophie sous-tendant la CPI, Ben Mahfoudh a fait observer qu’autant la CPI est impartiale, efficace, diligente et représentative des Etats, autant elle bénéficie du crédit auprès de la communauté internationale et assoit la ferme conviction selon laquelle la justice est le seul moyen fiable pour instaurer la sécurité dans le monde entier.
Il admet, toutefois, que dans l’état actuel des choses, la création de la Cour pénale internationale s’avère être une œuvre ardue à entreprendre à la lumière des équilibres politiques dans le monde contemporain.
Ce faisant, Ben Mahfoudh juge plus que jamais impérieux de soutenir cette Cour, en ressources et en moyens, pour qu’elle puisse accomplir pleinement et souverainement sa mission, et ce, malgré les critiques de tous bords sur sa crédibilité. Car, a-t-il argué, la suprématie du Droit a été de tout temps la meilleure garantie de sécurité qui s’offre à l’humanité face aux débordements et aux dérives.
Rappelons que le vote a été effectué par 123 pays membres du Statut de Rome de la Cour pénale internationale en tenant compte d’une série de critères à savoir l’efficacité, l’indépendance, l’impartialité et la représentativité géographique.