L’accord sur la protection du climat signé, samedi 9 décembre 2023, entre la Tunisie et la Suisse lors de la Conférence des parties à la Convention cadre des Nations Unies susciterait le courroux de certains médias suisses qui considèrent que cet accord est l’illustration de l’exploitation des pays pauvres par les pays riches.
Selon eux, les seconds profiteraient du taux réduit d’émission de CO2 chez les premiers pour poursuivre de plus belle leurs activités industrielles polluantes et risquées pour le climat. L’accord permet aux entreprises tunisiennes qui émettent moins de CO2 que la limite autorisée de vendre leurs crédits carbones excédentaires aux entreprises suisses qui dépassent la limite.
Le concept crédit carbone représente une unité de mesure utilisée dans le cadre du protocole de Kyoto pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Un crédit carbone équivaut à une tonne de CO2. Le marché du crédit carbone fonctionne comme une bourse selon un système de « cap and trade » où un plafond est fixé pour les émissions de CO2.Les crédits carbone sont réglementés par des organismes internationaux tels que le Protocole de Kyoto et l’Accord de Paris.
“Les pays riches doivent payer pour leurs émissions”, a déclaré un représentant d’une association environnementale suisse.
Les conditions-cadres de l’accord signé avec la Suisse, permettront à la Tunisie de financier des projets de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Des observateurs pensent que les crédits carbone peuvent stimuler l’innovation et le développement de nouvelles technologies plus respectueuses de l’environnement. Ils fourniraient aussi un financement important pour les projets de réduction des émissions de carbone dans les pays émergents ou en développement.
Réagissant aux allégations des médias suisses, les autorités tunisiennes au ministère de l’Environnement ont rappelé que la Tunisie avait déjà bénéficié entre 2007 et 2009 du mécanisme de développement propre établi en 1997 dans le cadre du protocole de Kyoto.
S’agissant du crédit carbone, il n’y a pas d’endettement, la Tunisie est plutôt rétribuée pour réduire les émissions de carbone et le pays qui achète ce service peut ensuite vendre ces crédits sur le marché international.
« C’est un accord gagnant gagnant », affirme un haut responsable du ministère de l’Environnement. « Nous devons de toutes les manières, réduire nos émissions pour respecter nos engagements au titre de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques ».
“Le marché du carbone est un outil important pour lutter contre le changement climatique”, a déclaré un expert en climat.
La signature de l’Accord bilatéral avec la Suisse permet à la Tunisie, à la fois de réduire ses émissions, ce qui représente une obligation conventionnelle, mais également d’être rémunérée à ce titre.
Pour le ministère de l’Environnement tunisien, la crainte des associations environnementales que les pays riches paient les pays pauvres pour continuer à polluer chez eux est un résumé réducteur de la démarche adoptée par les différentes parties.
« Le marché carbone a évolué depuis 20 ans. Désormais si une entreprise d’un pays riche ne réduit pas par elle-même, ses émissions, elle ne peut pas avoir accès aux crédits carbone. Il y a un ensemble de conditions environnementales à respecter pour accéder aux crédits carbone et être sur la liste des postulants aux crédits qui constituent une opportunité de réduction des émissions de GES aussi bien pour les pays émetteurs que pour les pays qui réduisent leurs émissions ».
Voilà, c’est dit !