Les recommandations de la feuille de route pour améliorer l’accès au financement des très petites et moyennes entreprises, s’articulent autour de trois axes sur le financement par l’endettement, par les fonds propres et par les structures et mécanismes d’appui aux TPME, a indiqué Khaled Bettaieb, représentant de PwC, cabinet de conseil, d’audit et d’expertise juridique et fiscale, qui a contribué à la réalisation de cette feuille de route.
Elaborée par le ministère des finances et la Banque mondiale (BM), cette feuille de route vise à identifier des solutions aux problèmes de financement auxquels sont confrontées les TPME, à cause de l’absence de garanties, mais notamment du manque de publication d’états financiers clairs, lesquels sont indispensables pour les institutions financières, a précisé Bettaieb qui intervenait lors d’un séminaire tenu mercredi, à Tunis sur le thème “Améliorer l’accès au financement des TPME en Tunisie”.
Ainsi, pour faciliter l’obtention des crédits, la feuille de route préconise le dépôt par les TPME, de leurs états financiers auprès du Registre national des entreprises (RNE), pour qu’ils soient accessibles aux établissements financiers.
Cette mesure favorise l’accès à l’information, d’autant plus que les états financiers de ces entreprises ne sont pas toujours mis à jour et même sont établis en plusieurs versions, selon Bettaieb.
La feuille de route recommande également, de donner aux banques l’accès aux informations sur “les effets de commerce impayés” qui sont en circulation, d’autant plus qu’une bonne partie de l’activité de ces entreprises se réalise moyennant des crédits fournisseurs, matérialisés par des lettres de change.
Selon Bettaieb, ces informations devraient être incluses, à l’instar des chèques impayés, dans la centrale d’information de la Banque centrale de Tunisie (BCT). Il s’agit également, de proposer un taux d’intérêt plus avantageux pour les entreprises ayant une situation financière solvable et d’alourdir les taux pour les insolvables.
Pour ce qui est du financement par des fonds propre, il est prévu de réglementer l’accès des TPME au financement des Sociétés d’Investissement à capital à risque (SICAR) ou auprès de la bourse, à l’instar des grandes entreprises.
S’agissant du cadre d’appui, le document a souligné l’importance de mettre en place une plateforme qui centralise tous les mécanismes de financement, les incitations destinées au TPME, ainsi que les acteurs de financement. L’objectif est de faire connaître davantage ces mécanismes à ces entreprises et éviter leur éparpillement.
La responsable des opérations au Bureau de la Banque Mondiale (BM) a Tunis, Asma Ben Abdallah a souligné que 30% des entreprises tunisiennes trouvent des difficultés lorsqu’elles soumettent leurs demandes de financement, et seulement 30 à 50% obtiennent un crédit bancaire.
Et d’expliquer en se référant à des enquêtes sur le financement en Tunisie datant de 2020, que les causes de cette situation sont dues à l’insuffisance de garantie, l’inexistence ou la faible qualité des états financiers et le fort niveau de risque que représentent les TPME.
Pour sa part, le gouverneur de la BCT, Marouane Abassi a souligné l’importance des recommandations présentées dans la mesure où elles pourront faire mûrir les réflexions sur certaines pistes de réformes en l’occurrence, la garantie d’une information plus fiable en vue de fournir aux investisseurs et bailleurs une meilleure appréciation des risques.
A ce titre, il a cité des projets importants qui se trouvent à des stades avancés, tels que la refonte de la centrale d’information de la BCT et le renforcement du rôle du RNE dans la centralisation des états financiers.
De son côté, la ministre des Finances, Sihem Boughdiri Nemsia a mis l’accent sur le rôle du gouvernement qui est de favoriser le développement des TPME, précisant que la démarche consiste à créer un écosystème favorable à la croissance des TPME qui peuvent prospèrent et jouer leur rôle dans la création de la richesse et de l’emploi.
En Tunisie, les TPME représentent plus de 98% du tissu économique. En 2021, elles représentaient 58% de tous les emplois du secteur privé.