Nous, présidentes et présidents d’université et d’établissement d’enseignement supérieur et de recherche, prenons connaissance des mesures du projet de loi relatif à l’immigration issues de la commission mixte paritaire et qui seront proposées au vote du Sénat et de l’Assemblée Nationale en cette fin de journée.
Faisant suite à la vive inquiétude qui était déjà la nôtre à l’issue des débats parlementaires, comme exprimé par France Universités dans un communiqué diffusé dimanche 17 décembre, nous déplorons que la version proposée à cette heure vienne s’attaquer aux valeurs sur lesquelles se fonde l’Université française : celles de l’universalisme, de l’ouverture et de l’accueil, de la libre et féconde circulation des savoirs, celles de l’esprit des Lumières.
“La richesse académique réside dans la diversité des esprits qui la composent.”
À l’heure où les établissements d’enseignement supérieur sont invités à renforcer leurs ambitions pour le rayonnement de la recherche, comment accepter des mesures qui tendront à replier l’université française sur elle-même, alors que nos étudiants et chercheurs accueillis participent à la production, à la diffusion des valeurs et des savoirs académiques et culturels au-delà de nos frontières ?
“Restreindre l’accès au savoir est amoindrir l’éclat de la civilisation.”
L’accès aux connaissances et à la formation ne peut être entravé par des considérations financières si restrictives et sans fondement, à l’image de l’instauration d’une caution de retour ou d’une limitation des aides sociales. Les étudiantes et étudiants internationaux sont une richesse pour notre pays, et participent du dynamisme de notre communauté académique.
“Les barrières financières ne devraient jamais devenir des limites à la découverte.”
Par ailleurs, appliquer de façon généralisée et sans possibilité d’exonération la majoration des droits d’inscription pour les étudiantes et étudiants extra-communautaires aurait un effet particulièrement délétère sur le nombre, l’origine géographique et la situation sociale des étudiantes et étudiants pouvant venir étudier en France. Cela reviendrait également à mettre en cause l’autonomie des universités quant à leur stratégie d’accueil et de rayonnement international.
“L’avenir de la connaissance transcende les frontières.”
Ces mesures indignes de notre pays mettent ce soir gravement en danger la stratégie d’attractivité de l’enseignement supérieur et de la recherche française, et nuisent à l’ambition de faire de notre pays un acteur majeur de la diplomatie scientifique et culturelle internationale.
Pour toutes ces raisons, nous réaffirmons collectivement notre opposition ferme et déterminée à cet ensemble de mesures.
(Communiqué du 19 décembre 2023)