Une partie non négligeable du peuple tunisien dira que l’année 2023 n’a pas été une année facile. Outre les rendez-vous électoraux ratés, quel qu’en soit l’explication ou les justifications, l’année fût marquée par des pénuries, des procès et de nouvelles « orientations économiques ».
Sur le plan politique :
Lutte contre la corruption et arrestation de dirigeants politiques sous différents chefs d’accusation : Le mouvement Ennahdha a été amputé de ses dirigeants historiques mis en prison. Rached Ghannouchi a été arrêté au mois d’avril mais avant lui, Ali Laraeydh, Abdelhamid Jelassi, Noureddine Bhiri, Sayed Ferjani, Habib Ellouze, Mohamed Chniba, Abdelkrim El Harouni, Mondher Lounissi et d’autres.
Arrestation aussi des membres du front du Salut accusés d’avoir comploté contre la sûreté de l’Etat dont Khayem Turki, Ridha Belhaj, Issam Chebbi et Jawhar Ben Mbarek. A ce jour, les instructions n’ont pas été clôturées et les tenants et aboutissants du dossier n’ont pas été dévoilés à l’opinion publique. Le juge d’instruction chargé de l’affaire a interdit tout commentaire sur l’affaire dans les médias.
Arrestation de Abir Moussi, présidente du parti destourien libre devant le bureau d’ordre de la présidence de la République, alors qu’accompagnée d’un huissier notaire, elle était allée déposer un courrier concernant un recours contre l’organisation des élections locales.
Arrestation de grands présidents de groupes économiques dans le cadre des « campagnes de lutte contre la corruption, la spéculation ou la réconciliation pénale. Le seul moyen de garder sa liberté est de s’acquitter des montants exigés par l’Etat aussi importants soient-ils.
Démarrage de l’année parlementaire après l’élection de Me Brahim Bouderbala comme président au mois de mars 2023. Le premier tour des élections du nouveau parlement a eu lieu au mois de décembre 2022 et le deuxième au mois de janvier.
Adoption de la loi des finances 2024 sans consacrer un budget à la cour constitutionnelle ce qui fait planer les doutes quant à un démarrage effectif de la Cour !
Sur le plan économique :
Une rupture consommée avec le Fonds monétaire international. Une première dans les annales de la Tunisie post-indépendance. La Tunisie refuse le dictat du Fonds qui veut lui imposer des réformes menaçantes pour la stabilité sociale. « Nous compterons sur nos propres ressources et moyens », c’est le leitmotiv du gouvernement tunisien dirigé par Kais Saied.
Une année 2023 marquée par les pénuries : de toute son histoire, la Tunisie n’a jamais souffert d’autant de pénuries touchant des denrées importantes : pain, lait, riz, sucre, café, huile végétale. Pour les décideurs, les raisons des pénuries sont la spéculation mais le fait est que les campagnes féroces visant les spéculateurs présumés n’ont pas amélioré la situation du marché et encore moins un pouvoir d’achat qui baisse de jour en jour malgré le recul relatif de l’inflation.
Un taux de croissance insignifiant et qui ne peut créer ni richesses, ni emploi : le taux de croissance prévue par la loi des Finances complémentaire de 2023 est de 0,9%. A l’INS, on l’estime pour les 9 premiers mois de l’année à 0,7% « Les estimations préliminaires des comptes nationaux trimestriels montrent que l’activité économique a enregistré un repli de la croissance du produit intérieur brut en volume de -0,2% au cours du troisième trimestre de l’année en cours (juillet à septembre 2023), par rapport au même trimestre de 2022, c’est-à-dire en glissement annuel ou en variation annuelle.
En termes de variations trimestrielles (c’est-à-dire par rapport au deuxième trimestre de 2023), le PIB en volume a augmenté légèrement de +0,1%, alors qu’il avait baissé de -1,1% en variation trimestrielle au cours du trimestre précédent. Au total, compte tenu de cette évolution, la croissance du PIB en volume sur l’ensemble des neuf premiers mois 2023 se situerait à +0,7%. ».
Recettes touristiques exceptionnelles : Au 10 décembre 2023, les recettes se sont établies à 6,7 milliards de dinars (environ 2 milliards d’euros). Des revenus qui pourraient atteindre les 6,9 milliards de dinars fin 2023.
Les transferts de la diaspora en augmentation : les revenus travail des TRE ont augmenté de 2,41% au 10 décembre pour atteindre à 7,09 milliards de dinars le 10 décembre 2023, contre 6,92 milliards de dinars un an auparavant.
L’Etat tunisien gagne dans l’affaire BFT: La CIRDI a tranché en faveur de la Tunisie dans l’affaire l’opposant à l’ABCI. Selon la décision arbitrale rendue vendredi 22 décembre 2023, le montant du dédommagement destiné au plaignant s’élève à seulement 1.106.573 dinars tunisiens.
Amel Belhadj Ali