Plus des deux tiers des oiseaux de proie d’Afrique sont potentiellement menacés d’extinction, selon une nouvelle étude réalisée par une équipe de recherche internationale dirigée par le “Peregrine Fund” et des chercheurs de l’Université écossaise de St Andrews.
Sur les 42 espèces décrites dans le rapport, 88% ont connu un déclin sur une période de 20 à 40 ans. Parmi elles, 69% ont dépassé le critère de “risque d’extinction” défini par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
“La conversion des habitats naturels en terres agricoles est l’une des principales causes de la perte de biodiversité et représente le plus grand risque d’extinction pour les oiseaux du monde entier. Les rapaces tropicaux sont particulièrement préoccupants, car ce sont des prédateurs du sommet et des charognards à la reproduction relativement lente, dont la disparition peut déclencher des effets en cascade considérables. De nombreux rapaces d’Afrique sont très menacés par la conversion de leur habitat, l’appauvrissement de leur base de proies et la persécution, principalement en raison de l’expansion de la population humaine”, écrivent les auteurs de l’étude, cités par EcoWatch.
L’étude intitulée “African savanna raptors”, s’est penchée sur les relevés routiers effectués dans quatre régions d’Afrique sur une période de 20 à 40 ans et a examiné l’évolution des populations de rapaces de la savane, selon un communiqué de presse de l’université de St. Andrews.
“Les grands rapaces ont connu des déclins nettement plus importants que les espèces plus petites, et cette disparité était plus prononcée sur les terres non protégées. Les déclins étaient plus importants en Afrique de l’Ouest qu’ailleurs, et plus de deux fois plus importants en dehors des zones protégées qu’à l’intérieur de celles-ci”.
Il est inquiétant de constater que les espèces subissant les déclins les plus importants sont devenues beaucoup plus dépendantes des aires protégées, ce qui démontre l’importance d’étendre les aires de conservation pour couvrir 30% des terres d’ici à 2030, un objectif clé convenu lors de la 15e conférence des parties à la Convention des Nations unies sur la diversité biologique”, indique l’étude.
Elle a mis en évidence les déclins drastiques parmi les rapaces qui ont été classés par la liste rouge mondiale des espèces menacées comme étant “les moins préoccupants”. Ces espèces comprennent l’aigle africain, le busard africain, l’aigle à crête longue, l’aigle de Wahlberg, l’autour des palombes et l’aigle serpentaire brun. Ces espèces ont toutes connu des taux de déclin de population qui suggèrent qu’elles pourraient être actuellement menacées dans le monde entier.
D’autres espèces de rapaces autrefois communes sont devenues absentes ou rares sur les terres non protégées, notamment l’aigle bateleur au plumage élégant et le splendide aigle martial.
Les résultats de l’étude soulignent qu’il est essentiel de renforcer la protection des habitats naturels du continent, conformément à l’objectif de la conférence des Nations unies sur la biodiversité COP15, qui vise à étendre les zones de conservation afin de protéger 30% des terres à l’échelle mondiale d’ici à 2030. Ils montrent également la nécessité de restaurer les habitats dans les zones non protégées, d’améliorer la législation sur la protection des espèces, de réduire les impacts des infrastructures énergétiques et de mettre en place une évaluation et un suivi à long terme de l’état de conservation des rapaces africains. La participation du public aux efforts de conservation de ces espèces majestueuses doit également être renforcée.
Les chercheurs ont constaté que si la multitude de menaces auxquelles sont confrontés les rapaces africains n’est pas suffisamment prise en compte, les espèces de grands vautours et d’aigles ne sont pas susceptibles de survivre sur une grande partie des terres non protégées d’Afrique d’ici 2050 et au-delà.