“Au lieu de réduire la taille de la fonction publique et réduire le gaspillage, la Tunisie opte pour la planche à billets pour payer la dette et les déficits”, commente l’universitaire au Canada, Moktar Lamari, en réaction au projet de loi, soumis à l’ARP et autorisant la Banque Centrale de Tunisie (BCT), de présenter des avances au trésor public.
Le Conseil des Ministres avait approuvé, le 25 janvier courant, une loi sur l’approbation d’une autorisation permettant à la BCT d’accorder des facilités à la Trésorerie générale de Tunisie.
L’universitaire a qualifié cette mesure de “la plus grave et la plus dangereuse décision”. Elle aura, à son avis, plusieurs impacts négatifs sur l’économie et surtout sur “la perception de confiance envers l’Etat et envers ses instituions, en tant qu’un État qui favorise ses dépenses actuelles en consommation et en salaires en faisant payer des générations futures, la dette et la détérioration des services publics futurs”. “Cette situation est connue sous l’appellation de “l’équivalence de Ricardo“.
Le deuxième impact concerne l’inflation, puisque “quand la planche à billet finance les gaspillages publics, la masse monétaire va gonfler plus vite et plus intensément que la masse des biens produits. Il faudra donc plus de billet pour acheter le même bien. Et afin de faire face à l’inflation, on optera à l’augmentation du taux d’intérêt directeur, ce qui accélérera encore l’inflation, en plus de pénaliser l’investissement privé et public”, a affirmé l’universitaire.
Par conséquent, la valeur du dinar risquera de se détériorer vis-à-vis des principales devises internationales “de manière insidieuse et latente, mais durablement. Le dinar sera malmené et le pouvoir d’achat des citoyens avec”, selon Lamari.
Il s’agit également de l’impact sur l’investissement. “Déjà en repli, cet agrégé économique va s’étioler davantage. Et ce qui reste des investissements publics et privé va s’orienter vers des projets de courts termes et plus spéculatifs”, estime Lamari.
D’après lui, “le contexte ambiant négligera encore les investissements dans les infrastructures durables et exigeant patience avant de rentrer en production. Le taux d’actualisation des investissements public montera au delà de 15%, celui de l’investissement privé frôlera les 19%. Cette hausse est expliquée notamment par la prime de risque”.
L’universitaire a évoqué, en outre, le risque de “maintien d’une situation de stagflation durable (une croissance très faible accompagné d’une inflation forte), ce qui ne permet aucunement de créer massivement de l’emploi additionnel pour les 700.000 chômeurs en attente d’emplois depuis des années”.
Il a mis l’accent, aussi, sur les risques d’instabilité sur divers fronts économiques et monétaires, estimant que “les opérateurs économiques vont préférer détenir leurs épargnes en devises fortes, et attendre l’émergence d’une stratégie économique plus cohérente et plus rassurante pour l’investissement”.
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