La disponibilité des ressources en eau est un défi récurrent dans la Méditerranée. Près de 180 millions personnes souffrent de pénurie d’eau et vivent en stress hydrique.
La Tunisie est l’un des pays les plus touchés par cette pénurie avec une part par habitant estimée à 385 m3/an/ha contre 1 000 m3 (moyenne internationale).
Intervenant, lundi, à l’ouverture du 5ème Forum méditerranéen de l’eau, la ministre de l’Environnement, Leila Chikhaoui a fait savoir que les ressources en eaux souterraines en Tunisie baisseraient de 50 % d’ici 2050 avec un risque de perte de 800 000 hectares de forêts arborées non irriguées, notamment dans le centre et le sud du pays d’ici 2030.
Le pays sera également confronté à une diminution de la superficie des cultures céréalières de 30% d’ici 2030 ainsi qu’à un risque de salinisation des eaux souterraines de 30% d’ici 2050 et un déclin de la biodiversité aussi bien terrestre que marine, a-t-elle précisé.
D’après la ministre, la gestion intelligente de la ressource en eau fait partie de la solution pour s’adapter au réchauffement de la planète et pourrait à la fois contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre, renforcer la résilience des populations, protéger la biodiversité et garantir la sécurité alimentaire et énergétique.
« Dans sa quête d’un développement durable inclusif et intégré et ne laissant personne pour compte, la Tunisie doit surmonter plusieurs défis, dont celui de la gestion de l’eau, et ce dans le cadre de la Stratégie nationale de transition écologique (SNTE), a-t-elle souligné.
« Certaines des mesures préconisées par la SNTE portent sur la mise en place de politiques efficaces de gestion de l’eau, notamment la mobilisation et la protection des ressources hydrauliques, le dessalement de l’eau de mer, ou encore la généralisation de la réutilisation des eaux usées traitées, et ce, en parfaite cohérence et synergie avec la Stratégie nationale Eau 2050 », a soutenu la ministre.
A ce titre, Chikhaoui a précisé que l’Axe 3 de la SNTE comprend notamment 10 mesures dédiées à la « Gestion durable des ressources et des écosystèmes », parmi lesquelles, le lancement d’un programme dédié à l’économie d’eau et à la réduction des pertes et gaspillages, la valorisation des eaux usées traitées, des sources non conventionnelles et des margines, l’actualisation de la carte agricole, intégrant des zones sensibles à protéger et promouvant des pratiques agricoles durables comme l’agro écologie et l’agroforesterie, ce qui a vocation à impacter directement l’utilisation de l’eau dans le secteur agricole.
De son côté, le ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la pêche, Abdelmonaam Belaati, a rappelé le contexte des changements climatiques et leurs effets corollaires (inondations, sècheresses de plus en plus aigues et incendies de forets), dans lequel intervient ce Forum.
Il a souligné les impacts de ce phénomène universel sur les précipitations et partant sur les réserves d’eau dans les barrages et les nappes phréatiques ainsi que sur la qualité des ressources disponibles (augmentation de la salinité en raison du non renouvellement des réserves en eau).
« Cette situation a conduit à une difficulté dans l’approvisionnement en eaux des divers secteurs économiques, notamment agricole, compromettant fortement leur productivité », a-t-il signalé.
Le ministre a évoqué le plan de la Tunisie 2050 pour le renforcement de son infrastructure dans le domaine de l’eau à travers la construction de nouveaux barrages, le stockage de l’eau, en périodes d’abondance et aussi à travers la maitrise de la demande et la lutte contre les pertes et gaspillages.
Ce plan prévoit aussi le développement de sources non conventionnelles (dessalement, recyclage des eaux usées) outre l’adoption de méthodes de gestion intégrées des ressources en eau et l’intégration des énergies renouvelables en tant que moyen pour alléger l’empreinte carbone et compresser le coût de production.
Le ministre de l’Agriculture a tenu à réitérer le soutien de la Tunisie et sa solidarité avec « le peuple palestinien, dont les droits les plus fondamentaux, tels que l’accès à l’eau et la nourriture sont bafoués »
«Nos cœurs sont encore et toujours avec les enfants de la Palestine qui souffrent d’un grand manque de nourriture, d’eau et de médicaments et qui se trouvent sans abris. Aucun enfant n’est sensé souffrir quelque soit sa religion, sa nationalité, sa langue ou son ethnie. Conjuguons nos efforts et faisons preuve de bonne volonté pour imposer la paix et garantir une vie décente à tous », a lancé le ministre.