Des députés ont estimé, mardi à l’ARP, que le projet de loi portant autorisation exceptionnelle à la Banque Centrale de Tunisie, d’octroyer des facilités au profit de la Trésorerie Générale de la Tunisie est une solution “partielle” et non “radicale” dictée par les conditions imposées par les bailleurs de fonds internationaux, tandis que d’autres l’ont qualifié de “solution de facilité”.
S’exprimant lors d’une séance plénière consacrée à l’examen de ce projet qui prévoit d’accorder des facilités d’une valeur de 7 milliards de dinars sur dix ans, le député Yassine Mami, membre du bloc national indépendant a déclaré que le gouvernement a choisi aujourd’hui la plus facile des solutions pour régler les dettes, mettant en garde contre son incidence sur l’inflation.
“Au lieu d’engager des réformes structurelles comme l’amendement de la loi de l’investissement et du code des changes, le gouvernement a recours à la planche à billets qui risque d’impacter le pouvoir d’achat des citoyens”, a-t-il déploré, tout en reconnaissant la nécessité pour la Tunisie de régler ses dettes afin de préserver sa souveraineté.
Le député a, également, mis l’accent sur l’importance de relancer la production du phosphate qui s’élevait à 8 millions de tonnes en 2010, contre 2,9 millions de tonnes en 2023.
Il a, par ailleurs, suggéré d’accorder seulement au gouvernement la moitié du montant ou à la limite, 5 milliards de dinars afin qu’il puisse honorer ses engagements dans les délais impartis.
Le député Imed Ouled Jebri, membre du bloc indépendant a également appelé ses confrères à n’accorder au gouvernement que la moitié du montant demandé, estimant que ce projet de loi exacerbera, non seulement, l’inflation mais aussi entraînera une dépréciation du dinar tunisien.
Selon lui, les 7 milliards de dinars vont réduire les réserves en devises à 80 jours d’importation, ajoutant que ce texte de loi a été conçu au détriment des générations futures.
Le député a, par ailleurs, déploré le retard pris dans l’amendement du code des changes et de la loi de l’investissement, deux réformes nécessaires, selon lui, qui sont capables de générer des revenus pour le gouvernement.
En contrepartie, Tahar Ben Mansour, membre du bloc de la Ligne nationale souveraine a affirmé que l’autorisation exceptionnelle à la Banque Centrale de Tunisie, d’octroyer des facilités au gouvernement ne constitue pas une solution “efficace” capable de faire sortir la Tunisie de sa crise économique, sauf qu’elle a été dictée par les conditions imposées par les bailleurs de fonds internationaux.
Pour lui, cette solution est nécessaire afin que la Tunisie puisse honorer ses engagements, en attendant de trouver les solutions radicales nécessaires, rappelant que la dette publique atteindra 140 milliards de dinars en 2024, soit près de 80% du PIB.
De son côté, la député Amel Meddeb, membre du bloc “La voix de la République” a mis l’accent sur l’importance de réformer l’intégralité de la loi portant statut de la BCT et d’accélérer l’adoption du code des changes et de la loi de l’investissement .
D’autre part, le député du bloc Al Amena et Al Amal a appelé à mettre fin à cette politique d’endettement adoptée ces dernières années afin de sortir le pays de cette crise.