Les catastrophes liées aux aléas naturels ont fait, 1098 morts (hors Covid-19), touché prés de 300 mille personnes et détruit ou endommagé prés de 45 000 habitations en Tunisie, depuis 1980 jusqu’à l’an dernier (2023), a fait savoir Mohamed Ben Saïd, représentant du ministère de l’Agriculture, des ressources hydrauliques et de la Pêche, mercredi, à Tunis, lors d’un débat sur la « Prévention et gestion des sécheresses et des inondations », organisé dans le cadre du 5ème Forum méditerranéen de l’Eau.
La Tunisie a fait face, depuis 1907, à 25 ans de sécheresse avec une augmentation marquée du nombre des journées chaudes et de la température moyenne annuelle d’environ 1,4%, a enchainé le responsable.
Par ailleurs, selon la base de données sur les pertes dues aux catastrophes, finalisée par le ministère de l’Environnement en 2014, la Tunisie a été soumise à environ 2500 catastrophes qui ont causé 1075 décès entre 1980 et 2013, a-t-il encore précisé.
Et d’ajouter que « les pertes et dégâts dus aux inondations de Nabeul en 2018, ont été estimées à 106 millions de dollars et 2400 emplois perdus »
Entre 2005 et 2020, la Tunisie a aussi subi 4332 incendies de forêt, détruisant environ 41 000 hectares de zones forestières.
Selon un rapport de la Banque Mondiale, l’élévation du niveau de la mer pourrait toucher prés d’un quart de la zone côtière tunisienne d’ici 2050, entrainant potentiellement une perte totale de terres d’une valeur de 1,6 milliard de dollars.
La probabilité d’inondations catastrophiques devrait presque décupler et les coûts de remise en état des actifs routiers à eux seuls après ces inondations, pourraient atteindre 277 millions de dollars d’ici 2050.
Face à ces pertes et ces menaces croissantes, « le ministère de l’Agriculture a mis en place deux grands programmes, visant, le premier, à protéger les villes et les terres agricoles contre les inondations, et le deuxième, à bénéficier des excédents pluviométriques des périodes pluvieuses, pour couvrir les besoins des régions les plus impactées par la sécheresse », a indiqué, Faiez Msallem, représentant de la direction des barrages relevant du ministère de l’Agriculture.
Pour ce qui du projet de protection des villes et des terres agricoles contre les inondations, Msallem a précisé que la première partie de ce projet, couvre 80 km de la frontière algérienne jusqu’au barrage de Sidi Salem, moyennant un coût de 80 millions de dollars, soit 220 millions de dinars.
Cette partie est réalisée à 85%. La deuxième partie concerne l’oued Mdjerda et ses affluents et consistera à calibrer les débits au niveau de cet oued pour protéger les villes et les terres environnantes. Un premier appel d’offres relatif à ce projet est déjà lancé par le ministère », a-t-il noté.
Et d’ajouter «une étude a été lancée depuis 2016 pour modéliser les volumes excédentaires au niveau des systèmes hydrauliques du nord et décider des mécanismes de transfert à prévoir. Laquelle étude prend en considération les différents scénarios de changement climatique».
Intervenant sur cette même question des actions prises face aux menaces des inondations, Wafa Ben Amor de la Direction de l’Hydraulique Urbaine relevant du ministère de l’Equipement, a souligné que les investissements mobilisés par son département, sont passés de 15 millions de dinars en 2011 à 195 millions de dinars en 2023, ce qui reflète clairement les effets des changements climatiques sur le pays ».
Le département de l’Equipement est en train de mettre en place une stratégie de protection des villes et des zones urbaines contre les inondations, en donnant priorité aux zones les plus menacées.
« Une étude stratégique de gestion des risques des inondations en Tunisie a été déjà lancée, moyennant une enveloppe de 12 millions de dinars. Cette étude permettra de dégager une cartographie des risques et servira à ajuster les prochains plans d’aménagement urbains en fonction des risques potentiels », a-t-elle encore dit.
Le 5ème Forum méditerranéen de l’Eau, se tient à Tunis du 5 au 7 février 2024, à l’initiative de la SONEDE, de l’Institut méditerranéen de l’eau et de l’Union pour la Méditerranée.