Un décor féérique pour une expo de peinture hors normes. Un brassage de couleurs du meilleur goût. Malgré les rigueurs de la météo qui caractérisent le mois de février, fait un pied de nez à la chute du baromètre narguant le froid ainsi que le vent qui souffle par rafales. Il se rattrape en réchauffant les transports amoureux de la planète. Le calendrier se mue en mois de rose en prévision de l’aube du 14 quand le soleil projette ses rayons les plus lumineux aux couleurs vives de la Saint Valentin.
Cela reproduit bien l’atmosphère magnifique de l’expo d’un collectif de jeunes peintres, logée dans le grand hall de l’hôtel Mövenpick du Lac. L’expo est merveilleusement pilotée par Michela Margherita Sarti, elle-même peintre et magicienne de la palette, des couleurs et des pinceaux. Le thème de l’évènement en harmonie avec la saison se décline avec un accent lyrique : ‘’Les légendes amoureuses, couples mythiques’’
Un décor étrange venu d’ailleurs, ça vous parle encore ?
L’ambiance, les visiteurs, les artistes, les organisateurs, la qualité de l’air, que sais-je, les lumières, le standing de l’endroit, tout suintait l’amour, le bonheur et…la volupté. Le figuratif se mêlait à l’abstrait, troublant les esprits. Et la plastique en s’y rajoutant embellit davantage l’ensemble. Et ce jour là comme par enchantement elle était au rendez-vous.
Nous avons pris la température du lieu et du moment et sans exagération c’était pareil à ce qui règne dans les couloirs et les enceintes de Tate Gallery à Londres ou au Guggenheim de NY.
Que l’on nous pardonne nos emportements mais comprenez que le soir du vernissage, il y avait matière à délire. Nous étions dans une bulle de Well bieng intégral. La sortie collective du groupe d’artistes pour saluer les visiteurs était terriblement bien scénarisée. Ils étaient multiples. Et ressemblants à la fois. Le talent était leur trait d’union. Et l’originalité, leur trait de caractère. Et quelle touche de pinceau ! De la maestria pure.
Des légendes joliment revues et corrigées
Les commentaires des visiteurs sont, on l’imagine bien, décalés par rapport aux propos des critiques d’art. Mais ils ne manquaient pas de tonalité. Il est vrai que les reproductions de légendes ne sont pas très ressemblantes avec le récit.
Mamie Eve et Papy Adam ont été repris à plusieurs versions. Parfois il est vrai on les retrouve dans un décor Club Med avant l’heure. Fatalement, ils n’étaient pas très couverts. Il faut les comprendre, l’on était encore loin de la fashion week. Forcément ils prenaient leurs aises avec le Dress Code.
D’ailleurs l’ambiance, n’était pas électrisée car on aperçoit sur une toile Eva tendre une pomme à son Adamo. Tableau plutôt coquin, vous voyez bien ce que je veux dire. Et la toile ne peint pas la suite de la légende. Le public s’est perdu dans des élucubrations saugrenues. Ont-ils, ou pas, croqué la pomme ? L’un des leurs, beaucoup plus tard s’est écrié that is the question ! Allez savoir ! Spéculation ! On a vu que ce n’était pas peint noir sur blanc. Cependant beaucoup s’accordent à dire qu’ils vécurent tumultueux.
Il faut croire qu’ils étaient possédés par le démon ces deux là pour écouter la parole de Satan ? Avaient ils le diable au corps ? Mystère ! Une chose est sûre et qu’ils eurent beaucoup d’enfants. Et comme la peinture l’a prédit, la palette ne manquait pas de couleur.
N’était-il pas plus sage pour eux d’attendre que l’on eut réglé la question de la gravitation universelle, découvert la théorie de la relativité, que Mozart et Salieri eurent tranché leur contentieux, et qu’enfin le planning familial soit mis au point et tutti quanti ? Trop tard, alea jacta est, dira plus tard un de leurs rejetons, particulièrement excité, celui-là !
On s’est également attardé sur ce qui pouvait être la légende de Roméo et Juliette. On est toujours scandalisé de savoir que Juliette avait à peine quatorze ans lors du déroulement des faits. Et d’ailleurs on sent à la confusion de la scène que la tension n’est pas retombée entre les deux familles des tourtereaux.
Les Capulet veulent toujours en découdre avec les Montaigu et d’ailleurs comme le disait audacieusement l’un des présents, cette histoire pourrait mal finir. Qu’importe allez visiter cette expo, elle est ensorceleuse.
Les ébats de Carmen
La cérémonie de vernissage a été agrémentée par un intermède musical époustouflant. Un orchestre super performant a accompagné Maram Bouhbel, dans un grand jour ainsi que Haythem Hadhiri, en pleine éruption. Tous deux ont repris deux tableaux succincts de l’opéra ‘’Carmen’’ de Georges Bizet.
De la tenue. Et, des frissons ! Les voix, les sonorités, le jeu de scène de tous était au top du top ! Le registre du lyrique n’est pas facile et pourtant ces deux jeunes pousses et leurs instrumentistes ont montré qu’ils ont ‘’voix’’ au chapitre ! Irrésistibles. Deux vers sonnent haut et fort dans la partition et ils ont survolté le public.
Carmen dit à son amant ‘’Mais si je t’aime, si je t’aime…..prends garde à toi’’ Oh, l’effrontée ! Ce n’est pas sans rappeler la dame qui tend la main avec la pomme. Oh là, là, des gens infréquentables ces artistes ? Oh que non, n’hésitez pas foncez, l’expo est encore là jusqu’au 19 avril.
Prima Donna !