La croissance du PIB de la Tunisie devrait atteindre 2,1% en 2024 et 3,2% en 2025, contre un taux estimé à 0,9% en 2023, selon les projections du rapport intitulé « Performance et perspectives macroéconomiques de l’Afrique» publié, vendredi, par la Banque africaine de développement (BAD).
Publié chaque année aux premier et quatrième trimestres, ce rapport vient compléter le rapport phare de la Banque sur les Perspectives économiques en Afrique. Il fournit aux décideurs politiques, aux investisseurs internationaux, aux chercheurs et aux autres partenaires de développement une évaluation actualisée et fondée sur des données probantes des performances macroéconomiques récentes et des perspectives à court et à moyen termes du continent dans le contexte de l’évolution dynamique de l’économie mondiale.
Le rapport a fait ressortir que le taux d‘inflation de la Tunisie devrait se situer en moyenne à 7,5% pour la période 2024/2025, la balance du compte courant devrait atteindre -5,3% du PIB et le solde budgétaire à -5,7% du PIB, au cours de la même période.
Des projections stables pour l’Afrique du Nord
S’agissant de l’Afrique du Nord, la croissance devrait rester stable à 3,9% en 2024 avant de s’améliorer légèrement à 4,1% en 2025, toujours selon les projections de la BAD.
Au cours des dernières années, plusieurs pays ont été affectés par des vagues successives de conditions météorologiques défavorables (sécheresse au Maroc et en Tunisie et inondations en Libye), explique la même source.
Et d’ajouter qu’avec les difficultés macroéconomiques de l’Égypte, la région a eu du mal à maintenir les progrès réalisés depuis la pandémie de Covid-19.
L’absence de croissance inclusive et le taux élevé de chômage des jeunes continuent de poser des problèmes sociaux, plus de dix ans après le printemps arabe de 2011.
En fait, la croissance du PIB de l’Algérie devrait atteindre 4,2% en 2024, de l’Egypte 3,7%, de la Libye 7,9%, du Maroc 3,5% et de la Mauritanie 5,2%, en 2024, explique le rapport.
Doublement de l’inflation en Afrique du Nord
La BAD a, par ailleurs, rappelé que l’inflation a doublé augmenté plus rapidement en Afrique du Nord, passant de 8,2 % en 2022 à une estimation de 16,6 % en 2023, sous l’effet d’une augmentation rapide des prix en Égypte, où l’inflation a triplé passant de 8,5 % en 2022 à une estimation de 24,1 % en 2023, et dans une moindre mesure en Tunisie, où l’inflation a augmenté de 8,3 % en 2022 à une estimation de 9,4 % en 2023.
Globalement, l’inflation a augmenté en Afrique depuis le début de la pandémie de Covid-19 et reste obstinément élevée, menaçant la stabilité macroéconomique.
En fait, l’inflation moyenne sur le continent a été estimée à 17,8% en 2023, soit 3,7 points de pourcentage de plus qu’en 2022 et presque deux fois les 10,1 % de la moyenne des cinq années précédant la pandémie (2015–19).
En 2023, l’inflation était la plus élevée depuis plus d’une décennie et a contribué à éroder les gains macroéconomiques obtenus avant la pandémie.
Les pressions inflationnistes ont été alimentées par la hausse des prix mondiaux des denrées alimentaires et de l’énergie, ainsi que par des facteurs nationaux tels que les largesses fiscales, les chocs de l’offre agricole et les effets de la dépréciation des monnaies nationales par rapport au dollar américain.
Des mesures pour appuyer le redressement en Afrique
Dans ce contexte, l’édition de janvier 2024 du rapport propose un ensemble de mesures à court et moyen termes susceptibles d’appuyer la dynamique du redressement économique en Afrique.
A court terme, la BAD a recommandé de s’attaquer à l’inflation persistante, d’utiliser la politique monétaire pour limiter la transmission des pressions sur les taux de change et de s’attaquer au fardeau de la dette à l’aide de réformes de la gouvernance pour renforcer la capacité de gestion de la dette.
Pour le moyen terme, la banque a préconisé d’accroître la mobilisation des ressources nationales pour accélérer l’assainissement budgétaire et la transformation structurelle de l’Afrique, d’adopter une approche politique à plusieurs volets visant à stimuler la transformation structurelle de l’Afrique et renforcer sa résilience face aux chocs.
Il s’agit, également, de réformer l’architecture actuelle de l’aide financière mondiale pour l’adapter aux besoins de financement des pays africains.