Depuis deux mois environ, la présence chinoise en Tunisie a tendance à s’intensifier et à se diversifier de manière fort visible. Au regard de ses répercussions attendues sur le pays et la population tunisienne, on peut avancer sans se tromper qu’il s’agit d’une présence de qualité. Et pour cause, elle porte sur des projets structurants et sur des actions de proximité au profit des ruraux et des régions sous équipées.
En ce qui concerne les projets structurants, la firme chinoise Sichuan Road & Bridge (Group) a remporté, le 3 janvier 2024, le marché du pont de Bizerte en soumettant l’offre le moins disant, soit 610 MDT. Ce projet est financé par la BEI (123 M€) et la BAD (122 M€).
Des projets structurants
Ce pont a une dimension sociale en ce sens où il va désenclaver la ville de Bizerte, améliorer la mobilité des bizertins et mettre fin aux tracasseries et désagréments quotidiens subis par les habitants de Bizerte à cause des multiples pannes du pont mobile qui date des années 80.
Il a aussi une dimension économique. Il va favoriser entre autres les échanges commerciaux de la ville avec l’extérieur. Le port commercial, qui n’accueille, actuellement, que 40.000 containers alors qu’il a un potentiel de 100.000 containers, un potentiel qui peut être optimisé facilement grâce au nouveau pont.
Le deuxième projet structurant n’est autre que l’inauguration, le 15 janvier 2024, à l’occasion de la visite du ministre chinois des affaires étrangères, Wang Yi, en Tunisie de l’Académie diplomatique internationale.
Empressons nous de relever que ce projet est unique en son genre et une première au monde jamais réalisée dans l’histoire de la Chine.
Cette institution, financée par la Chine à hauteur de 72 MDT, va remédier à une insuffisance majeure la non disponibilité dans le pays de diplomates performants. L’institution va pallier à cette carence en formant les futures générations de diplomates et en les dotant de fortes capacités d’analyses et de négociation à l’international.
Des projets de proximité fort appréciés
L’assemblée des représentants du peuple (ARP) a adopté, le 26 décembre 2023, un accord en vertu duquel la chine enverra 4 équipes médicales en Tunisie composées de 38 personnes dont notamment des enseignants et des médecins dans différentes spécialités.
Les équipes médicales seront réparties entre les hôpitaux de Jendouba (11) Sidi Bouzid (12), Gafsa (7) et le centre spécialisé en acupuncture à l’hôpital Mongi Slim de la Marsa (8).
La partie chinoise fournira des médicaments et des outils d’acupuncture sous forme de dons et bénéficiera de l’exonération des droits de douane et des taxes fiscales par la Tunisie.
Toujours au plan médical, le 20 janvier 2024, un protocole relatif au lancement de l’étude de faisabilité du projet de création, à Gabès, d’un centre d’oncologie (traitement des maladies cancéreuses). Ce centre, qui sera financé par la Chine, est fort attendu par les communautés locales qui ont été exposées, des décennies durant, aux maladies cancéreuses en raison de la pollution générée par les industries chimiques. Il va constituer, à coup sûr, un acquis pour le gouvernorat de Gabès, le sud de la Tunisie, et pour le secteur de la santé en général, car il permettra d’assurer la couverture sanitaire des habitants du sud et de renforcer le système de santé.
Les bienfaits de l’eau épurée par une entreprise chinoise
Autre action de proximité développée par les chinois en Tunisie : la création à Sousse, de deux stations automatisées pour l’épuration des eaux usées et leur utilisation dans l’irrigation.
Interpellés par l’Agence Chine nouvelle, les oléiculteurs de cette région sont particulièrement satisfaits de l’eau épurée par les stations Hamdoun, nouvellement construite, et Sousse Sud, agrandie. Réalisées par la société chinoise Sino-hydro Corporation Engineering Bureau 15 Co, ces stations leur ont permis de disposer de quantités d’eau requises pour irriguer, en période sécheresse leurs oliveraies.
Les deux stations ne réduisent pas seulement la pollution, mais fournissent également aux agriculteurs locaux une source stable d’eau d’irrigation.
Les deux stations peuvent traiter 19 millions de mètres cubes d’eaux usées par an et fournir 18 millions de mètres cubes d’eau d’irrigation à la région environnante, soit la capacité de rétention d’un petit barrage.
Par delà ces réalisations accomplies l’espace de deux mois environ, nous ne pouvons que saluer cette coopération.
D’ailleurs, loin de nous tout alignement idéologique, un regard d’ensemble sur la qualité et l’efficience des aides au développement apportées à la Tunisie, depuis l’accès du pays à l’indépendance en 1956, par les pays partenaires, montre que l’aide chinoise a été une des plus bénéfiques pour les tunisiens.
Est-il besoin de rappeler le fleuron de la coopération tuniso-chinoise dans l’hydraulique, le canal Mejerda, appelé également canal de l’amitié tuniso-chinoise, a été mis en exploitation, au début des années 80. Cet ouvrage hydraulique permet de transporter, annuellement, 470 millions m3 d’eau provenant des plus grands barrages du nord du pays (Sidi Salem, Joumine, Sajnene et Sidi Barrek).
Pour saisir l’ampleur de l’utilité de cet ouvrage, le canal fournit de l’eau pour subvenir aux besoins en eau potable de la ville de Tunis, du Cap-Bon, du Sahel et de la ville de Sfax. Ses eaux sont également utilisées pour irriguer les zones agricoles d’El Mghira, Mornag et le Cap-Bon et pour recharger les nappes de Khlidia et du Cap-Bon.