La Salle de cinéma Africa a, exceptionnellement ouvert ses portes, jeudi soir, pour abriter la première édition Hors-les-murs à Tunis du Festival international Jean Rouch, initialement programmée à la salle Tahar Chériaa à la Cite de la Culture et en partenariat avec la Cinémathèque Tunisienne.
Après avoir été longtemps fermée, la salle Africa située au centre-ville de Tunis, rouvre ses portes pour abriter les travaux de cette édition tunisienne du Festival Jean Rouch Hors-les-murs qui se déroule du 22 au 25 février 2024.
Organisée par l’Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (IRMC) en partenariat avec l’association Sentiers-Massarib et avec l’appui du Comité du Film Ethnographique du Festival international Jean Rouch, cette édition hors-les-murs à Tunis vise essentiellement à promouvoir le cinéma ethnographique, documentaire et le lien entre l’art et les sciences humaines en Tunisie.
La cérémonie d’ouverture du festival a été marquée par la présence de Katia Boissevain, Directrice de l’IRMC, et Nathalie Luca, présidente du comité Ethnographique du Festival international Jean Rouch. Katia Boissevain a salué l’initiative de sa collègue anthropologue Nathalie Luca d’organiser cette édition Hors-les-murs à Tunis.
Présentant la sélection des documentaires au programme, la directrice de l’IRMC a parlé de films qui “plongent le spectateur dans toutes les complexités sociales”. Ces films sont “ethnographiques dans le sens où il y a enquête, recherche, approfondissement, réflexivité, respect des paroles des acteurs, sensibilité, politique et poésie”, a-t-elle estimé.
Pour Nathalie Luca, “la matière de connaissance scientifique et émotionnelle” caractérise ce genre de films comme étant “un produit artistique et scientifique”. L’anthropologue a affirmé que “la particularité du Festival Jean-Rouch est qu’il allie, réellement, la partie artistique et la partie scientifique.”
Elle a déclaré que cette édition Hors-les murs à Tunis du Festival Jean Rouch est “une première pour ce festival qui existe depuis 1982 en France et ailleurs”. Ce format s’est déjà tenu à de nombreuses reprises, notamment à Beyrouth (Liban), au Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (MuCem) à Marseille, et dans d’autres villes françaises.
“L’idée de créer un Hors-les-murs en Tunisie remonte à l’année dernière, à l’occasion de la 42ème édition du Festival international Jean Rouch à Paris, a-t-elle dit, tout en soulignant que le comité du film ethnographique existe depuis 1953, à travers une association créée par un anthropologue africaniste, Jean-Rouch ».
Fondé en 1982 par le cinéaste et ethnologue Jean Rouch (1917-2004), le Festival international Jean Rouch est l’une des plus importantes manifestations européennes de cinéma documentaire liées aux sciences humaines et sociales. Ce rendez-vous des cinéastes et des chercheurs en sciences sociales, favorise aussi le dialogue avec les publics les plus divers.
Sept films documentaires tunisiens et étrangers sont au menu de cette première édition Hors-les-murs à Tunis. Il s’agit de films primés au festival international Jean Rouch qui sont sortis entre 2012 et 2020.
Le festival a démarré avec la projection d’un film tunisien « Babylone » d’Ala Eddine Slim, Ismaël et Youssef Chebbi, suivie d’un débat avec les réalisateurs Ala Eddine Slim et Ismaël, animé par Sihem Sidaoui, enseignante de littérature comparée à l’université de la Manouba, et Michel Tabet, anthropologue et réalisateur français.
Babylone est un documentaire de 121 minutes sorti en 2012. Synopsis : « Entre le poste frontalier tuniso-libyen de Ras Jdir et la petite ville de Ben Guerdane, c’est rase campagne. Au printemps 2011, fuyant les combats qui s’intensifient en Libye entre les révolutionnaires et les troupes loyalistes de Kadhafi, plus d’un million de réfugiés, de toutes nationalités et d’autant de langues, affluent en Tunisie. Pour pouvoir les héberger rapidement, c’est là, au sud du pays, quelques semaines seulement après la révolution nationale, qu’une ville éphémère surgit de terre ».
Les autres films au programme sont : Las y los minuscules de Khristine Gillard (Belgique), Light upon Light de Christian Suhr (Égypte, Danemark), Pastorales électriques de Ivan Boccara (Maroc), Maman colonelle de Dieudonné Hamadi (RD du Congo) et Tonratun, l’histoire de l’Arménie racontée par les femmes de Inna Mkhitaryan (Arménie).
Tous les films sont suivis de débats en présence de leurs auteurs accompagnés de scientifiques et spécialistes en cinéma documentaire. Outre les projections-débats, une masterclass et des ateliers à destination des étudiants en sciences sociales, en cinéma et en anthropologie visuelle sont au menu.
L’entrée à toutes les séances et événements est gratuite.