La Tunisie affiche sa participation à l’exposition internationale de groupe “Unhealed” ou “Non Guéris” au musée d’art contemporain Moderna Museet Malmo (Suède). Pour cette exposition à laquelle prennent part 17 artistes de 11 pays (Algérie, Egypte, Libye, Maroc, Syrie, Yémen, Albanie, Italie, Roumanie, Suède et la Tunisie) et qui dépeint des expériences existentielles au beau milieu de bouleversements de tout genre qui secouent le monde, tout en naviguant entre les sentiments d’espoir et de désespoir, c’est l’art qui s’exprime à travers non seulement la sculpture, la peinture, le dessin, le film mais aussi et la photographie représentée pour la Tunisie par trois artistes visuels confirmés aussi bien au niveau national qu’en dehors des frontières . Il s’agit de l’artiste protéiforme Mouna Jemal Siala, de l’artiste photographe Hela Ammar et de l’artiste pluridisciplinaire Selim Ben Cheikh.
Cadrant avec l’esprit de cette exposition, Hela Ben Ammar participe avec son installation photographique “Tarz” (2015). “Tarz” qui signifie « broderie » en arabe, est née peu après la révolution tunisienne. L’artiste rend compte des soubresauts de l’histoire politique tunisienne à travers un fil rouge qui tisse entre eux différents fragments de la mémoire historique de la résistance populaire. Elle a littéralement «brodé» des images d’archives, privées et officielles, mais aussi ses propres photographies, pour mieux saisir l’empreinte qu’a laissé l’image de la révolution tunisienne dans sa mémoire.
Réputé pour son travail souvent lié à un contexte politique et social et pour ses recherches portant sur le besoin de traduire visuellement des forces de gravité, de tension et de pression, Selim Ben Cheikh propose une série “Horizonal, Vertical, Horizontal” et l’installation “Arabian Spider”, une oeuvre qui apparaît comme un motif décoratif associé à des arabesques tourbillonnantes faites de fil de fer barbelé, comme si elles menaçaient de diviser, d’exclure et d’isoler plutôt que d’unir.
L’artiste Mouna Jemal Siala y prend part avec sa série photographique citoyenne “Non à la division”. Cette aventure artistique débutée en 2013 rassemble près de deux cent dix sept photos classées par ordre alphabétique, tel un répertoire, par prénom et non par nom. ” Partageant tous le même sentiment, celui de refuser la division et la discrimination qui menacent notre société, nos valeurs, la ligne tracée longitudinalement sur les visages en est le signe de protestation et en même temps un trait d’union” explique-t-elle.
« Non à la division » est également le thème de l’atelier qu’elle animera dans le cadre du programme parallèle autour de cette exposition dont l’affiche est d’ailleurs l’une des photographies de sa série.
Se poursuivant jusqu’au 15 septembre 2024, l’exposition « Unhealed » plonge dans les conséquences des soulèvements et révolutions qui ont secoué le monde arabe depuis 2010, qui ont modifié la vie de millions de personnes.
“Dans ma vie, j’ai vu l’espoir et le désespoir s’emmêler dans les pays arabes comme dans le reste du monde. Chaque lever de soleil apporte une lueur d’espoir – d’une vie meilleure, d’un nouveau départ – pour être perdu à nouveau lorsque le destin se répète obstinément” note la curatrice Abir Boukhari.