L’évolution, ces derniers temps, de la situation politique en Libye ne favorise guère la solution de la problématique de la dette libyenne auprès des entreprises tunisiennes. Il s’agit pour mémoire de quelque 150 Millions de dollars à récupérer, ce qui est loin d’être négligeable, en cette période de crise.
Pourtant, il y a quelques semaines, on écrivait, sur le site, que plusieurs indices montraient que le délicat problème de ce qu’on appelle « la dette hospitalière libyenne » envers les entreprises tunisiennes serait, enfin, sur la voie d’être résolu. Parmi ces indices, figuraient la nomination d’un ambassadeur de Libye en Tunisie et les déplacements faits, entre autres à cette fin, à Tripoli (Fin décembre 2023et début janvier 2024) par deux hauts responsables tunisiens, en l’occurrence, la ministre de l’Equipement et de l’Habitat Sarra Zaafrani et la cheffe du cabinet de la ministre de l’industrie, des mines et de l’énergie Ahlem Beji Sayeb.
Les entretiens qui ont eu lieu notamment avec Mohamed Salem Chahoubi, président de la Commission libyenne chargée de réviser et de valider la dette libyenne envers les entreprises tunisiennes ont donné beaucoup d’espoir aux tunisiens pour résoudre, dans les meilleurs délais ce problème.
Avant lui, Abdulhamid Dabaiba, premier ministre libyen du gouvernement d’unité nationale (Gun), s’était engagée, à l’occasion de la visite qu’il avait effectuée, au mois de Novembre 2022, en Tunisie, de clore ce dossier dans un mois, c’est à dire au mois de décembre 2022. Malheureusement, cette promesse n’a pas été tenue.
Le gouverneur de la Banque centrale de Libye s’oppose à une proposition de payement de la dette par la NOC
Plus grave, la situation en Libye vient de connaître, au mois de février 2024, deux évolutions importantes qui risquent de renvoyer aux calendes grecques la solution de cette problématique de la dette des entreprises tunisiennes auprès de l’Etat libyen.
La première concerne l’opposition farouche manifestée par le gouverneur de la Banque centrale de Libye, Al Saddiq Al kebir, à une proposition faite par le gouvernement Abdulhamid Dabaiba. En vertu de cette proposition, la compagnie pétrolière nationale de Libye, la National Oil Corporation (NOC) serait chargée de payer, à la place de l’Etat libyen, la dette libyenne auprès des entreprises tunisiennes.
Pour le Gouverneur, cette proposition constitue un antécédent dangereux dans la mesure où elle transgresse, de manière criante, la législation qui régit les finances publiques en Libye. Elle risque, d’après lui, de provoquer l’instabilité financière du pays.
La deuxième évolution négative qui ne joue pas en faveur de la résolution du problème de la dette hospitalière est perceptible à travers l’appel officiel lancé, le 20 février 2024, par le président de la Chambre des représentants de Libye à la Banque centrale de Libye, ainsi qu’à toutes les institutions et entreprises publiques du pays, pour qu’ils ne transfèrent plus de fonds au gouvernement d’unité nationale (Gun) du premier ministre sortant Abdelhamid Dabaiba.
Le mandat du GUN expire avec moult conséquences
La raison invoquée est simple. Selon le communiqué de la présidence du Parlement, le mandat du Gun n’est plus légal, il vient d’expirer. Le même communiqué prévient également que tout transfert de fonds, y compris de prêts, au gouvernement de Tripoli constituerait une violation des dispositions de la loi sur les crimes économiques.
D’après des observateurs de la chose libyenne cette menace du parlement ne serait qu’un alibi pour éviter de supporter les dépenses et engagements de Dabaiba.
Et pour ne rien oublier, un mot sur cette dette. Le conseil de coopération économique tuniso-libyen a estimé cette dette à 200 Millions de dollars (M$) dont 50M$ ont été remboursés en 2023. Elle est repartie en 85M$ au profit des cliniques, 30M$ au profit de l’aviation civile et des aéroports et 85M$ au profit de la STEG.