C’est avec des voix remplies d’espoir emportées par des chansons engagées, militantes et révolutionnaires dans des airs nouvellement arrangées pour en faire des hymnes à la vie, que s’est ouvert jeudi soir au Théâtre de l’opéra (Cité de la Culture Chedly Klibi à Tunis) le Festival de la chanson tunisienne (FCT) dans une nouvelle édition spéciale dédiée à la Palestine.
Réhaussée de la présence du ministre des Affaires culturelles par intérim et ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Moncef Boukhtir et de représentants du corps diplomatique accrédités en Tunisie, la cérémonie, marquée par la présence d’un public cosmopolite, a démarré avec l’hymne national et celui de la Palestine, dans une première sur la scène du Théâtre de l’Opéra.
Maintenir les passerelles à travers l’art comme acte de résistance, c’est l’ADN de cette édition exceptionnelle ouverte avec la participation d’une pléiade de chanteurs et chanteuses tunisiennes, de toutes générations confondues, pour interpréter une sélection diversifiée de chansons à large succès et apprises par cœur par plus d’une génération.
Accompagnés de l’Orchestre national sous la houlette du jeune Youssef Belhani, et avec des arrangements pour quelques mélodies de Mehdi Mouelhi au piano, les chanteurs et chanteuses Asma Ben Ahmed, Rana Zarrouk, Ahmed Rebai, Maherzia Touil, Anis Letaief et Seifeddine Tebbini, ont repris, de leurs voix aussi envoutantes et puissantes les unes que les autres, de célèbres répertoires de grandes cantatrices arabes à l’instar de Fairouz et de Julia Botros, dont les œuvres dédiées à El Qods et à la liberté demeurent éternelles jusqu’au dernier souffle pour n’en citer que “Zahrat El madayin”, “Ghabet Chams el haq”, “ana batnaffes horrya”…
Ornée des drapeaux de la Palestine et de la Tunisie, la grande salle du théâtre de l’Opéra de Tunis s’est transformée en une véritable boite à résonance d’art et de recueillement où des virtuoses se sont relayés sur scène pour chanter dans la communion et à travers la musique les douleurs et les souffrances d’un peuple dont le droit à la vie est confisqué.
Dans cette soirée de retrouvailles, l’invitée d’honneur Oumeima El Khalil grande habituée de divers évènements musicaux en Tunisie, a fredonné avec le même succès qu’on lui connait et qui n’a pas pris de rides « Asfour tal m chobbak » pour émerveiller comme de coutume, l’ouïe des auditeurs. Pour cette occasion, elle n’a pas manqué de faire part de sa fierté d’être l’invitée du festival et de la Tunisie, un pays qui n’a jamais cessé de témoigner sa solidarité entière avec la Palestine.
L’un des moments forts de l’ouverture teintée d’émotions, c’est le clin d’œil à deux héros tunisiens qui se sont sacrifiés pour la patrie, Mohamed Daghbaji et Manoubi Jarjar auxquels deux hommages par le chant puisé dans la mémoire musicale populaire ont été rendus par les chanteurs Marouan Ali et Sofiene Zeidi.
Mis en dialogue musical à travers leur toute fraiche mélodie qui a cartonné sur Youtube, “Liman Yahomouhou El Amr » », Lotfi Bouchnaq et Samara, deux registres et deux générations différents ont été présents pour témoigner de ce qui les unit, la Palestine présentée ce soir à travers des récits musicaux jamais révolus, dans un hymne qui transcende les frontières, incarnant la résilience et la résistance. Ce soir, par la chanson, le droit à la vie et au rêve a été chanté à l’unisson dans un bouquet final “Le rêve arabe”.