Trois soirées avec près d’une trentaine de chansons et de mélodies à thème interprétés par la fine fleur d’artistes tunisiens et de participants retenus pour meubler la 22ème édition du festival de la chanson tunisienne conçue dès le départ pour être une édition spéciale dédiée à la Palestine. C’est ainsi que se résume cette édition qui vient de prendre fin lors d’une cérémonie de clôture samedi 16 mars 2024 au Théâtre de l’Opéra de Tunis.
Au rythme de chants contestataires, la soirée s’est distinguée par la participation d’artistes de la scène alternative et de l’un des premiers groupes de chanson engagée en Tunisie revendiquant l’engagement artistique et politique. Formé vers la fin des années 1970 et du début des années 1980, El Bahth El Moussiki a été représenté par son fondateur Nebrass Chammem accompagné de sa fille Abir pour chanter une célèbre chanson de cette époque « Hila Hila Ya Matar » de sa propre composition et d’après les paroles du poète Adam Fathi.
Dans l’univers de ces années où la chanson engagée était interdite, le public avait rendez-vous avec des piliers de ce genre musical, notamment l’un des pionniers de la chanson engagée tunisienne, l’auteur-compositeur-interprète Mohamed Bhar. Mais aussi le militant pour la liberté d’expression, le luthiste Jamel Guella ou encore le compositeur de chansons sur des textes de Abou el Kacem Chebbi, Nizar Kabbani, Mahmoud Darwich, le musicien et chanteur Ridha Chmak ainsi que Salah Hmidet, deuxième prix au FCT en 1992 pour une chanson sur la Palestine « Sur la route de la victoire ».
Réunissant des airs de toute une génération d’artistes mais aussi de textes saisissants écrits par des poètes comme Adam Fethi, Ali Ouartani, Mohamed Habib Zannad, cette soirée de retrouvailles vient marquer la richesse de la scène artistique tunisienne dans ce registre bien particulier.
En arabe littéraire ou dans le dialecte tunisien, ce répertoire est porté également par de jeunes de la nouvelle génération comme l’artiste de talent Raouf Maher qui s’est produit ce soir avec une chanson dénonçant le mutisme, la barbarie, la déshumanisation de tout un peuple. Cette chanson avoue-t-il a été retirée après un million de vues le jour de sa diffusion.
Avec poèmes percutants et chants puissants, Mohamed Ali Chebil, Mahdi Ayachi, Leila Hjaiej et Rana Zarrouk se sont partagés, chacun dans son style et répertoire, cet hymne à la Palestine.
Au grand complet, interprètes, paroliers, compositeurs, arrangeurs et instrumentistes de l’Orchestre national sous la houlette du virtuose Youssef Belheni ont eu les honneurs pour leur profond engagement dans cette session engagée.