Des alertes sont lancées, via les réseaux sociaux, concernant des pratiques et des moyens de chasse illégaux, utilisés pour la fauconnerie, notamment, dans la région du Cap-Bon.
Il s’agit surtout de photos et de vidéos illustrant divers types d’oiseaux piégés dans des filets fixes et ayant l’air fatigués après avoir lutté pour se libérer.
“Ces oiseaux peuvent s’arracher les plumes et se fracturer les membres, dans leurs effort pour se libérer. Ils sont parfois piégés durant de longues périodes et même pendant toute la nuit dans ces filets”, a déclaré, furieux, à l’agence TAP, Bechir Najjar, ancien fauconnier de Kelibia, converti à l’activisme environnemental.
Najjar, qui lutte pour la règlementation de la chasse et pour sa conformité aux lois nationale et internationale et pour l’interdiction de la chasse au filets fixes, a ajouté qu’il faut mettre fin aux pratiques irresponsables et mettre en application des articles 172 et 173 du Code forestier qui régit la chasse en Tunisie et garantit un traitement juste envers les oiseaux et la faune sauvage.
“Le filet fixe que j’ai cessé d’utiliser personnellement, car il est catastrophique pour les oiseaux, est semblable à une chasse à la traine, qui n’est pas sélective. Les rapaces, souvent des femelles à la recherche de nourriture, se trouvent piégées et engouffrées dans ces filets, puis meurent de faim ou de soif en laissant derrière des oeufs ou des petits”, a-t-il dit, estimant que ces pratiques portent atteinte à l’écosystème et à la faune sauvage, surtout que la saison de chasse coincide avec la période de nidification et de couvaison de certaines espèces.
D’après Béchir Najjar, certains fauconniers vont jusqu’à utiliser des poisons pour tuer les animaux et les empêcher de s’emparer des proies chassées, souvent des éperviers piégés et restés dans les pièges, la nuit. “C’est une catastrophe pour l’écosystème”.
L’activiste appelle, à cet effet, à respecter également les lois internationales et la Convention de Berne qui interdit les moyens de chasse non sélectifs pour assurer la conservation de la flore et de la faune sauvages et de leurs habitats naturels.
La fauconnerie, autorisée en Tunisie, de mars à fin juin, est régie par la les dispositions du Code forestier, révisé par la loi 88-20 du 13 avril 1988. L’article 165 (nouveau) stipule que la chasse vise l’équilibre entre les animaux sauvages, le couvert végétal et les activités humaines.
A cet effet, les chasseurs sont tenus d’exercer cette activité avec rationalité et responsabilité et de conserver l’équilibre et la durabilité des écosystèmes. Les instruments de chasse autorisés sont les fusils de chasse, les oiseaux rapaces et les chiens dressés pour la capture du gibier.
Les oiseaux de vol détenus légalement, doivent être convenablement logés, soignés, nourris, équipés, dressés et entraînés uniquement pour la chasse.
L’association “Les amis des oiseaux” n’a pas arrêté, depuis ces dernières années, de signaler des dépassements et des atteintes à la faune sauvage.
En 2023, elle a appelé à retirer un arrêté du ministère de l’Agriculture relatif à l’organisation de la chasse, qui autorisait l’utilisation de filets de chasse dans la capture des oiseaux notamment au Cap Bon.
“Chaque année, ce sont plus de 50 000 oiseaux qui périssent dans ces filets au Cap Bon”, regrettait l’association, soulignant que l’arrêté publié chaque année par le ministère de l’agriculture est “en totale contradiction avec le code forestier”, qui est pourtant “la loi cadre en matière de chasse et de gestion de la faune sauvage“.
L’arrêté du ministère autorise la chasse au filet fixe, alors que l’article 173 du Code forestier interdit la chasse au filet et la chasse pendant la nuit.