La Tunisie doit adopter d’urgence le Code des eaux et mettre en place un plan national pour faire face à la crise hydrique, tout en l’évaluant régulièrement, a déclaré Raoudha Gafrej, Docteure et experte internationale dans le domaine de la gestion intégrée des ressources en eau et de l’adaptation aux changements climatiques.
Dans une interview réalisée au studio TV de l’agence TAP, Gafrej a rappelé que la révision de ce code qui régit les ressources en eau, a duré des années (depuis 2008), insistant sur la nécessité de promulguer les textes d’application aussitôt le code adopté, pour favoriser la mise en place des institutions prévues (Conseil supérieur de l’eau, Instance de régulation….), organiser les interventions des divers acteurs impliqués dans le domaine de l’eau et mobiliser les ressources financières nécessaires pour la réalisation des actions envisagées.
En Tunisie, la part moyenne d’eau par habitant estimée à 430 m3/an, devrait baisser à moins de 350 m3, d’ici 2030, selon les chiffres officiels. Elle est en-dessous du seuil de pénurie absolue en eau, fixé à 500 m3 par personne par an.
“Les changements climatiques, la mauvaise gouvernance, la surexploitation des ressources et le non respect du cycle de l’eau et des droits des écosystèmes à cette ressource, sont des facteurs qui ont aggravé davantage la situation en Tunisie”, a souligné Gafrej, appelant à prendre en considération les indicateurs scientifiques et les résultats des études pour mettre en place des stratégies efficaces de gestion de l’eau.
L’experte s’est largement attaquée au gaspillage de l’eau qui revêt plusieurs aspects. Il s’agit des pertes enregistrées au niveau du réseau de la SONEDE (30 % de pertes) et des groupements hydrauliques (65%), du gaspillage alimentaire qui signifie obligatoirement, un gaspillage de l’eau utilisée pour la production des aliments et de la destruction par certains agriculteurs, des excédents des récoltes, observée ces dernières années.
“L’économie de l’eau et son utilisation d’une manière rationnelle est la responsabilité de tous”, a lancé l’experte, indiquant qu’il ne s’agit pas d’économiser la ressource en tant que telle mais aussi d’éviter le gaspillage alimentaire, la surconsommation, la pollution des sources d’eau et la mauvaise gestion des déchets.
“Gaspiller des produits alimentaire, c’est automatiquement gaspiller l’eau utilisée pour les produire”, a-t-elle dit, relevant que la valorisation des déchets et la consommation responsable y compris le bon dosage des repas pour éviter les pertes sont des pratiques qui une fois généralisées, permettent une économie d’eau considérable.
“L’eau est un pouvoir qui devrait être confié à des structures avisées pour bien la gérer et la préserver et aussi protéger les droits des prochaines générations à ce bien commun”, a aussi, déclaré l’experte internationale, plaidant en faveur d’une mobilisation générale qui implique aussi bien les structures de l’Etat que les entreprises privées et les citoyens.
A l’échelle internationale, Gafrej a souligné l’impératif de parvenir à un accord sur l’eau, similaire à l’accord de Paris sur le climat et qui prendrait en considération les effets des changements climatiques sur le cycle de l’eau à l’échelle planétaire.