Ecrire à la main et dans l’ordre chronologique le nom des 30.249 médaillés olympiques de l’ère moderne depuis la première édition en 1896 : telle est l’oeuvre atypique de l’artiste français Baptiste Chebassier qu’il souhaite achever avant les Jeux olympiques de Paris 2024, du 26 juillet au 11 août prochains.
Intitulé “Amateurs”, le projet de ce passionné de sport de 27 ans est né trois années plus tôt à la suite de la lecture d’un article du journal L’Equipe et de la découverte du travail de Roman Opalka.
Cet artiste polonais a produit une oeuvre sur une période de 46 ans, de 1965 à sa mort en 2011, dont l’objectif était d’interroger le temps puisqu’il peignait à l’infini les nombres qui se succèdent.
“Ce geste symbolise le temps que je suis prêt à consacrer pour cet événement. C’est ma façon de participer à la fête que va être Paris 2024 et qui est à 500 mètres de chez moi”, explique Baptiste Chebassier, interrogé chez lui par Reuters à Saint-Ouen-sur-Seine (Seine-Saint-Denis).
Selon ses projections, l’oeuvre devrait faire 120 mètres de long avec 12 rouleaux de papier distincts comportant en moyenne 3.000 noms chacun.
Au début de son projet, il se consacrait à son oeuvre une à deux heures par jour avant d’augmenter la cadence depuis deux mois après avoir démissionné de son poste de consultant en innovation.
“On n’est plus en train de célébrer la performance mais en la célébrant quand même, on ne met pas une personne en avant, on a 30.000 personnes qui ont dédié une partie de leur vie à pousser les limites de l’être humain, de la performance, de l’excellence, de la répétition par leur travail, par l’effort”, détaille-t-il.
“En soi, j’écris des noms, donc c’est une activité qui est très répétitive, parfois chiante, parfois je déteste, parfois j’adore. Beaucoup de mes amis ne comprennent pas.”
Au fur et à mesure de sa réalisation, il sort parfois l’oeuvre de la chambre dans laquelle il travaille pour rencontrer des athlètes médaillés.
Il a notamment salué mardi à Aix-les-Bains (Savoie) la Française Perrine Pelen, triple médaillée olympique de ski alpin en 1980 et 1984, au moment d’inscrire son nom.
“Je suis très honorée de figurer parmi les noms de tous ces médaillés. C’est l’occasion de redire à quel point une médaille olympique, ça marque. Et l’expression, ça permet de laisser graver son nom”, a déclaré Perrine Pelen à Reuters.
“Rencontrer les athlètes, c’est vivre un moment, c’est partager un moment, c’est ancrer ce nom-là dans une réalité”, dit Baptiste Chebassier.
L’artiste écrit actuellement le nom des médaillés des années 1980 et espère achever son travail avant le début des Jeux olympiques pour continuer au jour le jour avec les nouveaux athlètes qui décrocheront des honneurs à Paris.
“Je voulais les rajouter (les athlètes paralympiques), mais la base de données n’existe pas. En tout cas en grande partie incomplète. Mais je m’engage à le faire une fois qu’on aura créé la base de données”, précise-t-il.
Baptiste Chebassier aimerait que sa fresque soit vue par le public et les sportifs mais n’a pas encore de lieu d’exposition.