Le recours direct à l’emprunt auprès de la BCT pour boucler les besoins du budget de l’Etat n’a pas été directement créateur de monnaie locale car ces montants ont été prélevés sur le stock de réserves en devises pour rembourser la dette extérieure de l’Etat, indique une note de conjoncture économique publiée par l’intermédiaire en Bourse, MAC SA.
La note a rappelé que le déficit budgétaire qui exprime le besoin de financement du budget destiné à combler la différence entre les dépenses publiques et les recettes propres est prévu à 10,6 milliards de dinars auquel il faudra ajouter le remboursement du principal 17,9 milliards de dinars (8,1 intérieurs et 9,8 extérieurs). Ce montant, soit 28,5 milliards de dinars serait financé, selon la Loi des finances de 2024, par des emprunts intérieurs de 11,7 milliards de dinars et des emprunts extérieurs pour l’équivalent de 16,4 milliards de dinars, le reste (0,4 milliards de dinars) provenant de la trésorerie.
“La composante importée de l’inflation reste non négligeable compte tenu des pressions sur le taux de change.”
« Au premier trimestre 2024, devant l’impossibilité de mobiliser ces emprunts extérieurs élevés, l’Etat a fait un recours d’emprunt direct à la BCT pour 7 milliards de dinars. La moitié environ du montant qui a été débloquée n’a pas entraîné une création monétaire qui dépasse les besoins de l’économie, car cela a été tempéré par la baisse des réserves en devises, puisque la BCT fournit à l’Etat des devises pour rembourser la dette extérieure et non des dinars, donc peu d’effet sur la création monétaire nette ».
Ralentissement de l’inflation
S’agissant de l’inflation, l’intermédiaire en Bourse souligne que le taux de l’inflation est de 7,5% en février et mars 2024 par rapport au même mois de l’année dernière. Pour le reste de l’année, et sur la base de l’historique baissier de 2021 (avant la crise d’Ukraine), le taux d’inflation continuerait au même niveau de 7,5% pour quelques mois puis baisserait vers 7% environ en fin d’année. Ce qui donnerait un taux d’inflation moyen pour l’année 2024 de 7,3% contre 9,3% en 2023.
La composante importée de l’inflation reste non négligeable compte tenu des pressions sur le taux de change liées au renforcement attendu du Dollar par suite du maintien du taux directeur US à 5,25% et de l’inflation importée liée à l’augmentation de certains prix internationaux (pétrole, métaux, sucre) bien que d’autres prix aient baissé (céréales). La composante locale de l’inflation est liée à la rareté de certains produits et à la multiplication des intermédiaires. Le ralentissement observé de l’inflation devrait être favorable à la stabilité du dinar et au maintien du pouvoir d’achat.
Faible croissance au premier trimestre de 2024
MAC SA estime, par ailleurs, que le premier trimestre de 2024 se caractérise par une faible croissance de la production qui est défavorable à la création d’emplois pour manque d’investissement aussi bien privé que public. Les indicateurs disponibles du premier trimestre 2024 suggèrent que l’amélioration du secteur agricole est presque annulée par le recul de l’industrie, donnant un résultat préliminaire de croissance du PIB relativement faible. Au total, la croissance du PIB du premier trimestre se situerait entre 0,5% et 1% par rapport au même trimestre de l’année dernière, soit un taux de croissance en très légère amélioration par rapport à la croissance de 0,4% réalisée en 2023, mais plus faible que le taux de 2% prévu pour 2024.
“Pour le reste de l’année 2024, la Tunisie de faire face à tous ses engagements commerciaux et financiers.”
Pour le reste de l’année 2024, la poursuite de la politique de suivi des importations, la mobilisation de financements extérieurs ou d’investissements directs étrangers pour un montant comparable à celui des années passées, et la stabilité des prix internationaux, permettraient à la Tunisie de faire face à tous ses engagements commerciaux et financiers, moyennant une légère baisse acceptable des réserves de change. Cela présente l’avantage d’éviter le rééchelonnement de la dette extérieure pour que le pays reste crédible, comme il l’a toujours été, en honorant ses dettes à temps. Cela est important pour une économie ouverte sur l’extérieur et qui aspire à un niveau de croissance du PIB et de développement économique et social plus élevé.