Les changements climatiques auront d’importantes répercussions sur le secteur agricole tunisien, notamment une forte régression des principaux produits destinés à l’exportation, à savoir les olives (pertes annuelles de production de 2,3% entre 2022 et 2050) et les dattes (avec une baisse moyenne de production de 2% par an), c’est ce qui ressort de l’étude « Impacts macroéconomiques et enjeux d’adaptation du secteur agricole au changement climatique”.
Cette étude, publié en mars 2024, par l’Institut Tunisien de la Compétitivité et des Études Quantitatives (ITCEQ), souligne que le changement climatique en Tunisie présente un défi majeur pour l’économie nationale en général et l’agriculture en particulier, avec une augmentation des températures, une diminution des précipitations et une intensification des phénomènes météorologiques extrêmes.
Ainsi, l’ITCEQ estime, que la production de grandes cultures, dont 95 % sont situés au Nord-Ouest (Gouvernorats de Kef, Béja et Jendouba) serait en régression continue de -0,1% sur la période 2022 -2050. Pour l’agriculture irriguée, la production des cultures maraichères, serait la plus touchée par le changement climatique.
Il s’agit notamment, de la production des tomates, qui accuserait une forte régression annuelle moyenne de -1,8%, des pommes de terre (-0,7%), des agrumes (-0,2%)…
Quant à l’élevage, les projections montrent que la production animale serait fortement touchée par la baisse future des précipitations et la hausse de la température. En effet, la production ovine, caprine et bovine enregistrerait une baisse allant de 0,3% à 0,9% entre 2022 et 2050.
En revanche, la production de la volaille connaîtrait une tendance haussière, avec un taux de croissance annuel moyen de +0.4% sur la période de projection. S’agissant de la pêche, on s’attend à une stagnation de la production.
A moyen et long terme, la baisse de la production agricole nationale aurait des répercussions significatives sur l’économie nationale, en raison de la réduction de l’emploi dans les filières agricole et agroalimentaire, l’accroissement des importations alimentaires, et par conséquence une demande accrue de devises étrangères et partant la dépréciation réelle du taux de change.
Il faut noter qu’outre ces difficultés, le secteur agricole souffre déjà de multiples problèmes, dont une forte dépendance au climat (l’agriculture irriguée ne représente que 4,5% de la superficie agricole totale), la dominance de l’agriculture familiale caractérisée par un faible niveau d’instruction des exploitants (dont 44% sont analphabètes et 39% ont un niveau d’instruction primaire) et la hausse de l’endettement des agriculteur.
Dans ce cadre, l’étude a rappelé que les politiques d’adaptation de l’agriculture tunisienne doivent s’articuler autour de quatre domaines d’interventions : la production agricole, la biodiversité et les écosystèmes, la terre et les ressources en eau.
Concernant la production agricole, l’accent doit être mis sur l’amélioration de la production des cultures notamment le blé dur, les dattes, les olives et la préservation de l’agrosystème, afin d’améliorer le rendement, et ce, à travers la promotion des systèmes de production durables (adaptation des nouvelles variétés, des espèces et des races plus résilientes au changement climatique).
En parallèle, l’effort doit être orienté vers l’amélioration de la gestion de la demande des produits alimentaires, afin de réduire les pertes et le gaspillage.
En ce qui concerne les ressources naturelles, notamment la terre, l’objectif de la stratégie est la valorisation des potentialités naturelles et ce, afin d’atteindre la neutralité de la dégradation des terres, de réhabiliter les sols, ainsi que d’améliorer leur capacité de rétention.
Pour ce qui est du secteur de l’eau, les politiques d’adaptation doivent viser le renforcement de l’efficience de l’utilisation de l’eau dans le secteur agricole (la maîtrise des gaspillages, à travers l’installation de la micro-irrigation), le renforcement de la mobilisation, le transfert et le stockage des ressources en eau par la mise en place de système de gestion et de valorisation des eaux de pluies (bassin de rétention, lac artificiel . . .), ainsi que la construction et la réhabilitation des ouvrages hydrauliques…