« S’engager dans une logique d’économie bleue constitue une opportunité qu’il faut impérativement saisir pour remédier au paradoxe actuel entre la faible valorisation du capital socioéconomique et naturel du littoral et du capital marin d’une part, et la surexploitation voire la dilapidation de ce capital d’autre part » a indiqué, mercredi, le président de l’association « Racines et Développement Durable » (RDD), Samir Meddeb.
«L’économie bleue nous alertera également, sur les risques encourus par ce capital naturel et socioéconomique sous l’effet des changements climatiques et nous dictera les pistes à exploiter pour atténuer ces risques » a-t-il ajouté, à l’ouverture d’un Dialogue national autour de l’économie bleue organisé à la Cité des Sciences à Tunis par l’association RDD en collaboration le Programme des nations unies pour l’environnement.
Meddeb a, à cette occasion, présenté un rapport sur l’état des lieux de l’économie bleue en Tunisie et les activités socioéconomiques tunisiennes sur le littoral, élaboré par son association.
Il en ressort que plusieurs activités en relation avec la mer et le littoral émergent de manière significative aujourd’hui en Tunisie. Ensemble, ces activités représentent près de 16% du PIB. A leur tête, le tourisme balnéaire qui à lui seul dépasse les 13% (y compris les services connexes liés au tourisme). La pêche et l’aquaculture, l’extraction de pétrole et de gaz offshore et le transport maritime représentent, quant à eux, 3% du PIB.
D’un autre côté, la littoralisation génère des pressions sur la côte et le milieu marin : pollution, érosion côtière et dégradation des écosystèmes.
«L’ensemble de ces activités sont cependant, utilisatrices de ressources du littoral et de la mer et génératrices de nuisances environnementales, menaçant parfois la durabilité des écosystèmes marins et côtiers. On parle d’économie bleue, quand l’ensemble de ces activités se concilient avec l’environnement et les milieux naturels, tout en assurant la durabilité économique et sociale.
L’économie bleue est ainsi une économie efficiente en termes d’utilisation de ressources naturelles, basée sur des modes de consommation et de production durables, tout en favorisant le bien-être humain et l’équité sociale. L’économie bleue doit surtout permettre de réduire de manière significative les risques environnementaux et les pénuries écologiques » a-t-il enchaîné.
Toujours selon Meddeb, « le Dialogue national sur l’économie bleue vise à mettre l’accent sur les opportunités existantes pour propulser, diversifier et valoriser les activités socioéconomiques littorales et marines, ainsi que sur les défis et les obstacles persistants sur le plan juridique et institutionnel, au niveau de la connaissance du capital marin et côtier, par rapport à la maîtrise de la pollution notamment d’origine tellurique et en matière de pratiques et de modes de gestion des ressources et des espaces ».
« Les résultats de ce dialogue seront synthétisés dans une note stratégique à soumettre aux différents acteurs (autorités, société civile, médias, professionnels…) afin de servir de base à une feuille de route de promotion de l’économie bleue en Tunisie » a-t-il conclu.
Mounir Majdoub, expert et auteur principal du rapport présenté sur l’état des lieux de l’économie bleue en Tunisie, a estimé que « pour faire face à ces défis et mieux saisir les opportunités, il faudra s’accorder sur une vision stratégique globale et transversale pour que les activités économiques exercées sur le littoral et la mer soient durables et inclusives. Cette vision doit aussi cerner les activités innovantes à développer pour soutenir l’économie bleue, les instruments et les politiques publiques à déployer ainsi que le mode de gouvernance à mettre en place ».