Les résultats de l’étude sur les effets macroéconomiques du changement climatiques et enjeux d’adaptation: apports du modèle GEMMES- Tunisie rendu publique, récemment, par l’Institut Tunisien de la Compétitivité et des Études Quantitatives (ITCEQ) suggèrent que les impacts économiques et financiers du changement climatique seraient “significatifs” et “négatifs”, à défaut d’action, a souligné jeudi le secrétaire d’Etat auprès de la ministre de l’Économie et de la Planification, chargé des petites et moyennes entreprises (PME), Samir Abdelhafidh.
Les résultats du modèle GEMMES (General Monetary and Multisectoral Macrodynamics for the Ecologicial Shift) développé en partenariat avec l’Agence française de développement (AFD) ont révélé que les politiques d’adaptation sectorielles nécessitent des coûts d’investissements importants, a-t-il ajouté lors d’une conférence-débat consacrée à cette étude, organisée à l’initiative de l’ITCEQ.
Selon lui, il est impératif aujourd’hui de mettre en place une stratégie d’adaptation intégrée s’articulant autour des différents secteurs économiques, faisant appel à l’innovation, à la recherche, et au développement. L’objectif étant de stimuler la productivité et la croissance à moyen et long terme en vue de favoriser une trajectoire de développement durable pour la Tunisie.
A la lumière des résultats de cette étude, a-t-il dit, il est recommandé de diversifier les leviers de financement d’origine publique, privée et extérieure afin de réaliser les investissements nécessaires en matière d’adaptation au changement climatique.
Les répercussions économiques du changement climatique en Tunisie, un pays à forte dépendance aux importations agroalimentaires sont susceptibles d’aggraver ses déséquilibres internes et externes, faute d’actions énergiques en matière d’atténuation et d’adaptation, a prévenu le secrétaire d’Etat, rappelant que son gouvernement, conscient de ces risques, a hisser la question écologique au premier rang des priorités nationales inscrites dans le plan de développement 2023/2025.
Parmi les objectifs de ce plan, a-t-il soutenu, figurent la préservation et la gestion durable de l’environnement ainsi que des ressources naturelles, outre le renforcement des mesures d’adaptation aux effets négatifs du changement climatique afin d’assurer à long terme la sécurité alimentaire des Tunisiens et améliorer leur cadre de vie.
Evoquant les entreprises notamment, les PME qui restent au cœur des transformations dictées par les effets du changement climatique, Samir Abdelhafidh a fait savoir qu’une stratégie nationale des PME en cours d’étude, en concertation active avec les parties prenantes, s’inscrit dans la nouvelle vision du pays pour le développement durable.
Et d’ajouter que cette stratégie devrait tenir compte du fait que les PME ont besoin d’accompagnement pour les aider non seulement à faire face aux défis de la transition écologique mais aussi pour qu’elles saisissent les opportunités que cette dernière leur offre.
S’exprimant, à cette occasion, le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Agriculture, chargé des ressources hydrauliques, Ridha Gabouj a souligné que le modèle GEMMES est un outil fort pour l’enrichissement des plans nationaux d’adaptation au changement climatique et pour la prise des décisions publiques, à travers l’assimilation des scénarios prospectifs de l’impact de ce phénomène.
” Si on ne se prépare pas comme il faut au changement climatique, la facture va être très lourde à supporter, nous devons réduire notre vulnérabilité face à ce phénomène, afin d’éviter les dommages financiers, environnementaux et humains”, a-t-il insisté.
Selon cette étude sur “les effets macroéconomiques du changement climatiques et enjeux d’adaptation”, la Tunisie, qui a connu au cours de la dernière décennie six années de sécheresse, est considérée comme le 5e pays au monde le plus vulnérable au risque accru de sécheresses et de déficit hydrique.
Avec un taux élevé de prélèvement des ressources en eau douce et une faible capacité des barrages, le secteur de l’eau est le 2e le plus vulnérable après l’agriculture, avec un score de vulnérabilité élevé résultant de la faible capacité d’adaptation de ce secteur au changement climatique, indique la même source.
Les changements climatiques auront d’importantes répercussions sur le secteur agricole tunisien, notamment une forte régression des principaux produits destinés à l’exportation, à savoir les olives (pertes annuelles de production de 2,3% entre 2022 et 2050) et les dattes (avec une baisse moyenne de production de 2% par an), toujours selon l’étude.